ST.LOUIS - On peut reprocher ce qu’on voudra à Brad Treliving et aux Flames de Calgary en marge de leur décision de congédier Bob Hartley. Mais on ne pourra jamais reprocher au directeur général des Flames sa franchise.

« Bob est un bon entraîneur-chef, mais il a amené notre équipe aussi loin qu’il pouvait l’amener », que Treliving a lancé quand on lui a demandé de justifier sa décision.

Le DG des Flames a été plus loin encore en indiquant qu’une fois les doutes installés quant aux chances de succès à long terme de Hartley derrière le banc de son équipe, il se devait de prendre une décision, aussi difficile soit-elle. « Je ne crois pas à la théorie selon laquelle tu donnes la chance à un gars de revenir l’an prochain avec une petite marge de manœuvre. S’il est ton homme, tu le gardes. S’il ne l’est plus, tu procèdes à un changement. »

J’adore cette philosophie. Elle élimine les doutes que ce soit dans la tête des joueurs, des journalistes ou des partisans. Elle élimine surtout les rumeurs de congédiement qui se mettront à bouillonner dès qu’un coach qui a une ou deux prises à son actif perdra deux, trois ou quatre matchs de suite la saison prochaine.

Si vous croyez que je fais ici référence à ce qui attend Michel Therrien avec le Canadien l’automne prochain, vous avez entièrement raison.

Michel Therrien a des qualités indéniables comme entraîneur-chef dans la LNH. La perte de Carey Price a mis en évidence quelques-uns de ses défauts également. Remarquez que cette blessure aurait réservé le même sort à tous les autres entraîneurs-chefs de la LNH. Même les très bons. Même les meilleurs. Car on ne se remet pas de la perte d’un joueur aussi important que Carey Price, surtout lorsqu’il est ton rempart devant le filet, sans encaisser quelques contrecoups.

Mais parce que le Canadien a plongé au classement, parce que les doutes sur Therrien pèsent beaucoup plus lourd maintenant que ses qualités, c’est un coach en sursis qui reviendra derrière le banc du Canadien l’an prochain. Avec les conséquences que cela entraînera. Et une fois la troisième prise arrivée, si elle arrive, le Canadien se retrouvera avec un coach à remplacer alors que les candidats seront sous contrat ailleurs.

C’est cette situation que Brad Treliving et les Flames ont tenu à éviter en prenant la décision qu’ils ont prise de congédier Bob Hartley.

Si Marc Bergevin n’avait pas donné le vote de confiance inconditionnel qu’il a offert – avec l’accord du propriétaire Geoff Molson – à Michel Therrien au lendemain de la fin de saison atroce du Canadien, le directeur général du Tricolore pourrait jongler depuis ce matin avec la possibilité de remplacer Michel Therrien par Bob Hartley.

Oui il pourrait toujours le faire. Au grand plaisir des très nombreux partisans du Canadien qui ont difficilement encaissé le vote de confiance à l’égard de Michel Therrien. Mais cette volte-face minerait sa crédibilité.

À moins que Marc Bergevin ne soit prêt à revenir sur sa parole, il devra se contenter de regarder Bob Hartley se retrouver au sein d’une autre équipe que la sienne. Car oui, je crois que Bob Hartley se trouvera vite de l’emploi.

Selon des informations solides, le Wild du Minnesota a demandé et obtenu des Ducks d’Anaheim la permission de parler à Bruce Boudreau qui vient aussi d’être congédié. Boudreau pourrait sans doute intéresser les Flames également. Voire les Sénateurs d’Ottawa.

Mais maintenant que Bob Hartley est disponible, je vois difficilement comment les Sénateurs pourraient décider de lui tourner le dos. Le congédiement de Bob Hartley est une bénédiction pour les Sens. Non seulement Hartley est un bon coach, il est de la place. Il est bilingue. Il est populaire. Il a aussi beaucoup d’expérience dans la LNH et en prime, il a une conquête de la coupe Stanley à son actif.

Après avoir donné Ben Bishop au Lightning de Tampa Bay en retour de Cory Conacher, après avoir donné Jason Spezza aux Stars de Dallas en retour d’Alex Chiasson, les Sénateurs devraient ouvrir les bras et dire merci aux Flames de Calgary de leur donner ainsi l’opportunité de régler leur quête d’un bon entraîneur-chef.

Pourquoi Bob Hartley réussirait à Ottawa après avoir échoué à Calgary cette année?

Bonne question. La réponse est simple :

Bob Hartley et les Flames ont échoué l’an dernier. C’est un fait. Ils ont encaissé une perte de 20 points au classement. Une glissade qui les a exclus des séries. Une glissade moins pire que la débarque de 28 points du Canadien, mais une méchante débarque quand même.

Mais avant d’échouer, Bob Hartley a obtenu du succès. Beaucoup. Du succès à Calgary, du succès à Atlanta, du succès au Colorado, du succès en Europe, du succès dans la Ligue américaine. Il a d’ailleurs trois championnats à son actif pour le prouver.

Bob Hartley a fait progresser toutes les équipes qu’on lui a confiées. Après un certain temps, son message a cessé de passer. Comme ces méthodes ont cessé d’être acceptées.

Mais attention, c’est vrai pour tous les coachs de la LNH : les gentils comme Bruce Boudreau, les vilains comme Randy Carlyle. Les bons comme les méchants ont des dates de péremption. Ils seront bons pendant un certain temps. Après, ils seront remplacés. C’est comme ça.

Le temps de Bob Hartley avec les Flames était passé. C’est du moins l’impression de Brad Treliving, de son patron Brian Burke et des autres bonzes des Flames de Calgary.

Une fois à la barre des Sénateurs, Bob Hartley hériterait d’une nouvelle date de péremption. Et avec le genre de club à sa disposition, je suis convaincu qu’il aurait la possibilité de faire progresser cette équipe qui est mieux nantie en fait d’attaquants et de défenseurs que le Canadien de Montréal.

Cette progression ramènerait les Sénateurs en séries et ferait peut-être même des Sens un club à prendre au sérieux pour se rendre loin une fois en séries. Non! Je ne parle pas ici d’une coupe Stanley. Je parle simplement d’un club à prendre vraiment au sérieux.

Les Sénateurs d’Ottawa avaient une longue liste de candidats dans leur quête de trouver un successeur à Dave Cameron. Loin de moi l’intention de diminuer la qualité des candidats, de Bruce Boudreau à Mike Yeo en passant par Marc Crawford ou même Guy Boucher qui serait un excellent candidat à Ottawa et pas simplement parce qu’il parle français.

Mais maintenant que Bob Hartley est disponible, il me semble que les Sénateurs doivent remercier tous les autres candidats et vite embaucher le gagnant du Jack Adams l’an dernier avant qu’une autre équipe l’embauche avant eux.

Surtout si cette équipe devait être le Canadien…