ANAHEIM, Calif. - Jiri Sekac prétend qu’il est toujours heureux d’avoir préféré le Canadien à la dizaine d’autres clubs qui le sollicitait pour faire le saut dans la LNH l’été dernier. À l’aube de son premier duel face à son ancien club, Jiri Sekac semble toutefois plus heureux encore de se retrouver à Anaheim.

Casquette orange des Angels sur la tête, en bermuda, petit chandail sur le dos et petites espadrilles tendances aux pieds, Sekac a esquissé un large sourire lorsqu’il a quitté le Honda Center en compagnie de son nouveau coéquipier et compatriote Tomas Fleischmann.« C’est mieux que la neige », m’a lancé l’ancien du Canadien en quittant le domicile des Ducks après l’entraînement matinal.

Il n’y a pas que le soleil, les palmiers et la température qui sourient à Sekac depuis qu’il est passé du Canadien aux Ducks. Il y a le système de jeu de son nouveau club. Un système qui lui va beaucoup mieux que celui du Canadien.

« Le Canadien est un club avant tout défensif. Michel Therrien insiste beaucoup sur ce plan. Je ne suis pas un joueur défensif. Je suis un joueur qui doit pouvoir se porter à l’attaque pour obtenir des résultats. En ce sens, je ne crois pas avoir eu la chance de me faire valoir à Montréal. On m’a souvent changé de trio, c’est vrai, ce qui n’est jamais facile. Mais c’est surtout le fait que je me sois rarement retrouvé dans des situations offensives qui ne m’a pas aidé. Je demeure malgré tout heureux d’avoir goûté aux joies de jouer au hockey à Montréal, avec le Canadien. Je ne regrette pas ma décision. Et bien que mes relations avec l’entraîneur étaient difficiles parce que je ne suis pas un gros joueur défensif, je suis content d’être passé par Montréal », assurait Jiri Sekac devant les journalistes qui l’encerclaient dans le vestiaire.

Après quatre matchs avec les Ducks, Sekac est toujours en quête de son premier but malgré huit tirs cadrés, dont quatre dans la victoire de 4-1 de sa nouvelle équipe à Glendale mardi. Il affiche toutefois deux passes et un différentiel positif de plus-2.

« Je ne le connais pas beaucoup, mais il m’impressionne depuis son arrivée avec sa vitesse. Il semble travaillant et on verra quel sera son impact au sein de notre équipe. Mais ce qui est clair, c’est que nous avions plusieurs gros joueurs physiques et qu’il fallait se donner plus de vitesse un peu. On l’a fait en obtenant Sekac et Tomas Fleischmann également », assurait le vétéran défenseur québécois François Beauchemin.

Mis au courant des déclarations de son ancien joueur, Michel Therrien a sagement esquivé la question reliée à ses sentiments en marge des propos de Sekac.

Il n’avait rien à gagner à le faire.

Surtout que s’il est vrai que Sekac a surtout été cantonné dans un rôle défensif en dépit des signes évidents d’efficacité offensive qu’il déployait depuis son arrivée à Montréal, il aurait pu, et dû, trouver une façon de produire un peu plus qu’il ne l’a fait. C’est d’ailleurs ce qu’a fait David Desharnais lorsque Michel Therrien l’a relégué sur le flanc gauche du troisième trio. Bien que désarçonné par cette décision, Desharnais a maintenu son implication dans le jeu. Il a obtenu des résultats et dès que l’état-major a conclu qu’il était encore trop tôt pour confier le centre du premier trio à Alex Galchenyuk, Desharnais a pu réintégrer sa position et maintenir sa production.

Després encore sous le choc

Si Jiri Sekac était souriant et visiblement heureux de se retrouver en Californie, le défenseur québécois Simon Després semblait encore sous le choc de la transaction qui l’a fait passer des Penguins aux Ducks.

« Je ne m'en attendais pas »

« J’ai été complètement pris de court. Je ne comprends toujours pas vraiment. Ça faisait quatre ans que j’étais à Pittsburgh et pour la première fois mon nom n’était associé à aucune rumeur. J’avais finalement fait ma place. On m’utilisait dans toutes les situations. Je jouais souvent contre les meilleurs de l’autre bord. Je jouais en attaque à cinq, en désavantage aussi. J’ai trouvé ça dur. C’est la première fois de ma carrière que je suis échangé et je n’ai pas eu le temps de saluer mes chums et mes coéquipiers », indiquait Després au lendemain de son tout premier match avec sa nouvelle équipe.

Ironiquement, Després se retrouve à Anaheim en remplacement de Ben Lovejoy que les Penguins sont venus rechercher. « C’est pour me faire une place à la ligne bleue que les Penguins l’avaient échangé aux Ducks. Là on fait le voyage inverse. »

Dans l’entourage des Penguins, on explique que Simon Després offrait du hockey de qualité. Mais en l’absence du jeune Olli Maatta, les Penguins voulaient obtenir plus d’expérience à l’aube des séries. De l’expérience que Lovejoy a, alors que Després la développe.

Défensive renouvelée

Mardi en Arizona et encore mercredi face au Canadien, Simon Després a joué en compagnie de Cam Fowler, l’un des excellents jeunes défenseurs des Ducks.

Des Ducks qui ont profité de la date limite des transactions pour modifier un brin l’image de leur attaque et deux brins leur défensive.

En plus d’obtenir Simon Després en retour de Ben Lovejoy, les Ducks ont acquis le vétéran James Wisniewski et le défenseur Korbinian Holzer des Maple Leafs de Toronto en retour du vétéran Eric Brewer.

Wisniewski (Pied) et Holzer sont blessés. Tout comme l’excellent Sami Vatanen. D’ici à deux semaines, ils devraient tous revenir au jeu. Ce qui donnera un sérieux casse-tête à l’entraîneur-chef Bruce Boudreau.

« C’est ma job de m’arranger pour dresser le meilleur alignement possible et de maintenir le bon esprit au sein du vestiaire malgré tous les changements apportés au cours des dernières semaines », a indiqué le coach en chef des Ducks.

Pour le moment, le vétéran François Beauchemin évolue avec le jeune Hampus Lindholm. Després est avec Fowler alors que Clayton Stoner et Josh Manson complètent le troisième duo.

Une fois Vatanen, Wisniewski et Holzner en mesure de jouer, Després pourrait devoir se battre pour obtenir du temps d’utilisation. Une situation délicate pour le jeune joueur, mais intéressante pour son entraîneur-chef.

« Seront-ils tous en santé en même temps? », s’est aussi permis de faire remarquer Bruce Boudreau à la fin de son point de presse.

D’autant que Boudreau a assuré que Després, comme tous ses jeunes arrières, est toujours au stage du développement. « Il faut qu’un jeune défenseur dispute 300 matchs dans la LNH avant de bien maîtriser sa position. Beaucoup plus avant qu’il ne puisse vraiment s’imposer ou devenir une vedette. Ce n’est donc pas un problème d’avoir un surplus de jeunes défenseurs de talent comme ce pourrait être le cas. »

Si les Ducks ont solidifié leur défensive, le directeur général Bob Murray a offert une corde de plus à l’arc offensif de son équipe avec les acquisitions de Sekac et Fleischmann et la vitesse qu’ils apportent. Est-ce en raison de l’importance accrue que la vitesse semble vouloir prendre autour de la LNH en matière de qualité primordiale chez les joueurs?

« C’est cyclique ce qu’on recherche autour de la Ligue. Quand un gros club gagne la coupe, les autres clubs se disent qu’ils doivent se grossir. Quand un club rapide gagne, tout le monde recherche de la vitesse. À mes yeux, c’est l’équilibre qui prime. Dans l’Ouest, les clubs sont plus gros. Dans l’Est c’est beaucoup plus rapide. Nous formons un gros club qui a du talent offensif. Je suis content de pouvoir compter sur des gars plus rapides en Sekac et Fleischmann surtout que j’ai eu Tomas à Washington et que je sais ce qu’il peut me donner en attaque », a ajouté Boudreau qui profite de l’occasion pour multiplier les essais dans sa quête de maximiser l’offensive de son équipe.

« On va jongler avec notre personnel disponible et attendre les retours des attaquants blessés - Matt Belesky et Tim Jackman - avant de trouver nos meilleures combinaisons. Mais ces absences et les transactions récentes donneront l’occasion à plusieurs joueurs d’évoluer avec Ryan (Getzlaf) et Corey (Perry) et d’obtenir des résultats. Ce que je demande aux joueurs qui se retrouvent avec eux est de demeurer fidèles au joueur qu’ils sont. Trop souvent, on voit un gars changer son style simplement pour s’ajuster à des gars de premier trio. Je répète à chaque fois aux gars que j’envoie avec Ryan et Corey qu’ils sont tous les deux tellement bons, qu’il leur sera beaucoup facile de s’ajuster à leur nouveau coéquipier que l’inverse.»

Le match Canadien-Ducks débute à 22 h.