STRASBOURG (AFP) - Le Canadien Steven Reinprecht profite cette saison du lock-out dans la LNH pour découvrir le Championnat de France où il fait le bonheur des Scorpions de Mulhouse (est).

"Je m'amuse bien ici, assure Reinprecht, très content d'un tel dépaysement. Ce Championnat n'est pas aussi reconnu que les autres en Europe, mais ça joue mieux que je ne l'avais imaginé."

L'attaquant canadien, 28 ans et plus de 300 matches de LNH à son actif, a cumulé 36 points en 17 rencontres depuis son arrivée. Son choix peut néanmoins sembler étonnant pour un joueur de son calibre.

Champion du monde avec le Canada, vainqueur de la Coupe Stanley en 2001 avec l'Avalanche du Colorado, Reinprecht et son salaire annuel à Calgary de 1,9 million de dollars aurait pu répondre à l'appel des riches clubs russes durant la grève en LNH.

Mais de retour après une opération à une épaule en fin de saison dernière, le Canadien a choisi la sagesse et la France pour reprendre la compétition et retrouver des sensations. Sa femme Sarah, qui a fait ses études à Paris, n'est pas non plus étrangère à la venue de ce patineur hors pair en France.

Cerise sur le gâteau

Accessible, gentil, disponible, le Canadien fait l'unanimité. Preuve de son adaptabilité, il habite un petit appartement trois pièces et roule dans une modeste Peugeot 206 mise à sa disposition par le club. "Il n'a pas du tout la grosse tête, confirme Paul Heyberger, le président du club. Et ici, contrairement au Canada, il peut aller tranquillement au restaurant sans être ennuyé."

"Avoir un joueur comme lui c'est la cerise sur le gâteau, reprend M. Heyberger. "Il est très humble, un super pro", confirme l'entraîneur du club, le Suédois Christer Eriksson.

L'arrivée de Reinprecht a bouleversé pas mal de choses. Pour la première fois de son histoire, le club alsacien a par exemple dû refuser des spectateurs lors du match face à Tours le 8 janvier. Avec près de 2000 supporteurs, la patinoire de l'Illberg était comble !

Cette ville industrielle du sud de l'Alsace (est de la France) voit également son rayonnement accru du seul fait de la présence du hockeyeur canadien. Ainsi, le journal américain USA Today a-t-il consacré en décembre un long reportage à la nouvelle vie de Reinprecht à Mulhouse.

Le hockey français est à des années-lumière de la prestigieuse NHL mais la vedette canadienne fait preuve d'un flegme étonnant. Entre un match annulé à cause de la défaillance du système de réfrigération dans une patinoire et des dizaines d'heures de trajets à bus pour les déplacements (souvent effectués en jet privé aux Etats-Unis), Reinprecht reste calme et patient: "Ici je prends le temps de vivre", relativise-t-il.