L'affaire des commandites touche les Sénateurs
Hockey mardi, 29 mars 2005. 19:33 jeudi, 12 déc. 2024. 05:39
MONTREAL (PC) - La commandite octroyée au club de hockey les Sénateurs d'Ottawa, pendant deux ans, aura servi à camoufler les coûts d'une loge située au centre Corel, d'Ottawa, où défilaient des ministres et leurs épouses, des amis et collègues de Charles Guité et d'autres.
La loge était en fait payée par les contribuables canadiens, a-t-il été possible d'apprendre mardi à la faveur des travaux de la Commission Gomery.
Un contrat en bonne et due forme a été signé à cet effet entre le gouvernement du Canada et Gosselin Communications pour les années 1997 et 1998, puis avec Les Sénateurs.
La première année, la loge en question partagée avec deux autres locataires a coûté 33 000 $ aux Canadiens, montant auquel il faut ajouter les frais pour le traiteur (27 000 $) et les heures travaillées par un employé de Gosselin Communications pour s'occuper des invitations et de l'animation.
Tous les billets pour les spectacles du Centre Dorel étaient envoyés directement à Charles Guité.
Pour la seconde année, Charles Guité s'est organisé pour avoir la totalité d'une loge, la plus prestigieuse de l'endroit, que les Sénateurs se gardaient habituellement pour recevoir leurs propres invités. La note cette année-là a été de 100 000 $, uniquement pour la loge, a reconnu le témoin de Gilles-André Gosselin, de Gosselin Communications.
En 1998, c'est Mario Parent qui s'occupait des invitations. Une liste d'invités potentiels lui avait été remise par son employeur Gilles-André Gosselin qui la tenait, selon le témoignage de ce dernier, de Charles Guité.
Au témoin Mario Parent qui avait adopté un ton plutôt débonnaire au sujet de la loge, le commissaire Gomery a bien fait sentir qu'il trouvait inconvenant que les Canadiens aient eu à assumer de tels coûts alors que le gouvernement du Canada n'obtenait en retour aucune visibilité particulière, le but déclaré du programme des commandites.
Avant de travailler chez Gosselin Communications, à compter de l'été 1998, Mario Parent travaillait avec Charles Guité au programme des commandites.
Il a raconté s'être rendu une soixantaine de fois à la loge en question lors de joutes de hockey, de spectacles de chanteurs western ou de lutte. Il facturait à chaque fois quelque cinq heures de travail à Gosselin Communications qui refilait la note au gouvernement fédéral à un taux horaire de 150 $.
Le commissaire Gomery a demandé au témoin Parent s'il s'agissait d'un travail relié à une commandite.
M. Parent a répliqué que "c'était du travail. Je devais discuter de mondanités avec les épouses des invités, je devais sourire", a fait valoir l'ex-fonctionnaire qui a bien dû admettre cependant que ses activités n'étaient aucunement reliées à un dossier précis de commandite. Pour sa part, M. Gosselin a avancé qu'il prêtait main-forte à l'occasion. Il s'assurait notamment auprès des invités s'ils voulaient que la mascotte passe un moment dans la loge.
"Où était l'intérêt de cette loge pour les contribuables canadiens?", s'est enquit le commissaire Gomery.
"Je voyais à satisfaire les besoins de mon client (Charles Guité)", a avancé M. Gosselin.
Parmi les ministres qui ont été reçus à la loge du Centre Dorel, on trouve Don Boudrias, Denis Coderre, Alfonso Gagliano. Des employés de Gosselin Communications y faisaient un tour à l'occasion.
La commission a réentendu la fonctionnaire Huguette Tremblay qui a travaillé avec Charles Guité au programme des commandites. Elle a qualifié d'inusité le fait qu'on demande à Gosselin Communications de retenir les services d'Alain Renaud de Groupaction pour la fourniture de chandails, par le bais de la société Art Tellier à laquelle M. Renaud était lié. Mme Tremblay a été informé par son patron Guité que M. Renaud était un lobbyiste du Parti libéral fédéral, a-t-elle dit.
La même fonctionnaire a raconté également que le ministre Gagliano avait demandé à M. Guité de faire en sorte que deux évènements qui lui tenaient à coeur, reliés à la communauté italienne, obtiennent une commandite mais en prenant bien soin de ne pas laisser de traces écrites à ce sujet. Mme Tremblay a vu que les événements en cause ne respectaient pas les règles d'attribution des commandites puisqu'ils avaient lieu à l'extérieur du Canada.
A un moment donné, l'avocate de M. Gagliano s'est opposée à ce que Mme Tremblay rapporte des propos de M. Guité relativement à ces deux évènements en faisant valoir que le témoin était "la personne la moins crédible à venir ici". Le commissaire Gomery a toutefois donné le feu vert au témoin.
La journée avait bien mal commencé pour M. Gosselin. Sa comptable Josée Thibeau-Carrier a témoigné que ni son patron ni son épouse ne remplissaient de feuille de temps et qu'en réalité les heures facturées en leur nom et au nom de d'autres employés dépendaient de la situation dans chaque dossier de commandite.
"Les heures étaient majorées dans certains dossiers pour arriver au montant maximal prévu au contrat", a-t-elle dit.
Malgré ces précautions, il arrivait que la totalité des sommes disponibles dans un dossier ne soit pas épuisées. Comme le montre une lettre transmise à Travaux publics, la comptable a suggéré de transférer ces sommes dans un autre projet.
M. Gosselin qui a assuré ne pas être le type de dirigeant à vouloir tout voir et tout savoir complétera son témoignage mercredi.
La loge était en fait payée par les contribuables canadiens, a-t-il été possible d'apprendre mardi à la faveur des travaux de la Commission Gomery.
Un contrat en bonne et due forme a été signé à cet effet entre le gouvernement du Canada et Gosselin Communications pour les années 1997 et 1998, puis avec Les Sénateurs.
La première année, la loge en question partagée avec deux autres locataires a coûté 33 000 $ aux Canadiens, montant auquel il faut ajouter les frais pour le traiteur (27 000 $) et les heures travaillées par un employé de Gosselin Communications pour s'occuper des invitations et de l'animation.
Tous les billets pour les spectacles du Centre Dorel étaient envoyés directement à Charles Guité.
Pour la seconde année, Charles Guité s'est organisé pour avoir la totalité d'une loge, la plus prestigieuse de l'endroit, que les Sénateurs se gardaient habituellement pour recevoir leurs propres invités. La note cette année-là a été de 100 000 $, uniquement pour la loge, a reconnu le témoin de Gilles-André Gosselin, de Gosselin Communications.
En 1998, c'est Mario Parent qui s'occupait des invitations. Une liste d'invités potentiels lui avait été remise par son employeur Gilles-André Gosselin qui la tenait, selon le témoignage de ce dernier, de Charles Guité.
Au témoin Mario Parent qui avait adopté un ton plutôt débonnaire au sujet de la loge, le commissaire Gomery a bien fait sentir qu'il trouvait inconvenant que les Canadiens aient eu à assumer de tels coûts alors que le gouvernement du Canada n'obtenait en retour aucune visibilité particulière, le but déclaré du programme des commandites.
Avant de travailler chez Gosselin Communications, à compter de l'été 1998, Mario Parent travaillait avec Charles Guité au programme des commandites.
Il a raconté s'être rendu une soixantaine de fois à la loge en question lors de joutes de hockey, de spectacles de chanteurs western ou de lutte. Il facturait à chaque fois quelque cinq heures de travail à Gosselin Communications qui refilait la note au gouvernement fédéral à un taux horaire de 150 $.
Le commissaire Gomery a demandé au témoin Parent s'il s'agissait d'un travail relié à une commandite.
M. Parent a répliqué que "c'était du travail. Je devais discuter de mondanités avec les épouses des invités, je devais sourire", a fait valoir l'ex-fonctionnaire qui a bien dû admettre cependant que ses activités n'étaient aucunement reliées à un dossier précis de commandite. Pour sa part, M. Gosselin a avancé qu'il prêtait main-forte à l'occasion. Il s'assurait notamment auprès des invités s'ils voulaient que la mascotte passe un moment dans la loge.
"Où était l'intérêt de cette loge pour les contribuables canadiens?", s'est enquit le commissaire Gomery.
"Je voyais à satisfaire les besoins de mon client (Charles Guité)", a avancé M. Gosselin.
Parmi les ministres qui ont été reçus à la loge du Centre Dorel, on trouve Don Boudrias, Denis Coderre, Alfonso Gagliano. Des employés de Gosselin Communications y faisaient un tour à l'occasion.
La commission a réentendu la fonctionnaire Huguette Tremblay qui a travaillé avec Charles Guité au programme des commandites. Elle a qualifié d'inusité le fait qu'on demande à Gosselin Communications de retenir les services d'Alain Renaud de Groupaction pour la fourniture de chandails, par le bais de la société Art Tellier à laquelle M. Renaud était lié. Mme Tremblay a été informé par son patron Guité que M. Renaud était un lobbyiste du Parti libéral fédéral, a-t-elle dit.
La même fonctionnaire a raconté également que le ministre Gagliano avait demandé à M. Guité de faire en sorte que deux évènements qui lui tenaient à coeur, reliés à la communauté italienne, obtiennent une commandite mais en prenant bien soin de ne pas laisser de traces écrites à ce sujet. Mme Tremblay a vu que les événements en cause ne respectaient pas les règles d'attribution des commandites puisqu'ils avaient lieu à l'extérieur du Canada.
A un moment donné, l'avocate de M. Gagliano s'est opposée à ce que Mme Tremblay rapporte des propos de M. Guité relativement à ces deux évènements en faisant valoir que le témoin était "la personne la moins crédible à venir ici". Le commissaire Gomery a toutefois donné le feu vert au témoin.
La journée avait bien mal commencé pour M. Gosselin. Sa comptable Josée Thibeau-Carrier a témoigné que ni son patron ni son épouse ne remplissaient de feuille de temps et qu'en réalité les heures facturées en leur nom et au nom de d'autres employés dépendaient de la situation dans chaque dossier de commandite.
"Les heures étaient majorées dans certains dossiers pour arriver au montant maximal prévu au contrat", a-t-elle dit.
Malgré ces précautions, il arrivait que la totalité des sommes disponibles dans un dossier ne soit pas épuisées. Comme le montre une lettre transmise à Travaux publics, la comptable a suggéré de transférer ces sommes dans un autre projet.
M. Gosselin qui a assuré ne pas être le type de dirigeant à vouloir tout voir et tout savoir complétera son témoignage mercredi.