Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. C'est exactement ce qui est arrivé au gardien Mathieu Corbeil-Thériault qui a pu goûter à la LNH l'instant de 24 heures avec les Blue Jackets de Columbus.

Choix de quatrième ronde des Jackets en 2010, Corbeil-Thériault a été rappelé par mesure d'urgence pour seconder Steve Mason, mardi soir, en vue du match opposant Dallas à Columbus. Comme le stipule le règlement concernant les « rappels d'urgence », il a dû être retourné à son équipe junior 24 heures plus tard.

Les Jackets se sont tournés vers lui puisque les autres gardiens de l'organisation (Mark Dekanich, Curtis Sanford et Allen York) sont aux prises avec des blessures. Ce scénario rappelle la situation vécue par Olivier Michaud le 30 octobre 2001. Le gardien originaire de Beloeil avait quitté momentanément les Cataractes de Shawinigan pour donner un coup de mains au Canadien.

Tout s'est passé très vite pour Corbeil-Thériault. Quarante-huit heures se sont écoulées entre le moment où il a appris la bonne nouvelle et son retour à Saint John où il porte les couleurs des Sea Dogs. C'est avec plaisir qu'il a bien voulu raconter son récit.

Un appel inattendu

Celui qui a célébré son 20e anniversaire il y a à peine un mois était en période d'études, lundi en début d'après-midi, lorsque le nom de son entraîneur Gerard Gallant est apparu sur son cellulaire. Déjà, Corbeil-Thériault ne voyait pas l'appel d'un bon oeil.

« J'étais un peu inquiet d'entendre ce qu'il avait à me dire. La dernière fois qu'un entraîneur m'avait appelé personnellement, c'était pour me dire que j'avais été échangé. »

La nervosité a rapidement fait place à la joie lorsque Gallant lui a annoncé la bonne nouvelle.

« Je devais préparer mes bagages et mon équipement, car il y avait 90 pour-cent des chances que je parte pour Columbus. Je n'y croyais pas lorsqu'il m'a rappelé deux heures plus tard pour confirmer mon départ. »

En terrain connu

Le temps d'un appel aux parents et à la copine, Corbeil-Thériault prenait sa valise et son équipement des Sea Dogs pour se diriger vers l'aéroport. En raison d'une crevaison, son avion n'est décollé que vers une heure du matin. Après une petite heure de sommeil ainsi que des escales à Toronto et Philadelphie, Corbeil-Thériault est enfin arrivé à Columbus vers 13 heures, mardi.

« Je me sentais un peu comme un zombie. J'étais tellement sous l'effet de l'adrénaline que je restais éveillé. On ne pense pas à la fatigue à ce moment-là. Je suis allé voir le coach (Scott Arniel) en arrivant à l'aréna, avant d'aller me reposer à l'hôtel. »

Corbeil-Thériault ne s'est pas laissé émerveiller par son arrivée au Nationwide Arena, un endroit qu'il connaît bien pour avoir participé à deux camps d'entraînement.

« Je ne me sentais pas étranger dans le vesitaire. Je connaissais la plupart des gars et ils étaient bien contents de me revoir. On a joué au soccer ensemble avant la rencontre. »

Pendant que Mason se concentrait sur son départ, Corbeil-Thériault en a profité pour échanger avec ses nouveaux coéquipiers, plus particulièrement la filiale francophone composée de Derick Brassard, Antoine Vermette, Alexandre Giroux et David Savard.

« Un gars comme Rick Nash est également impressionnant à côtoyer. J'ai aussi bien aimé parler à Derek Dorsett. »


Durant l'échauffement (Photo : Blue Jackets)

Sur la patinoire avec les « vrais »

Durant son court séjour dans la LNH, Corbeil-Thériault s'était donné comme devise : « Profites du moment! ». Ces mots ont pris tous leurs sens lorsqu'il a donné ses premiers coups de patins lors de la période d'échauffement. Soudainement, le gardien était redevenu un gamin aux yeux pétillants, tel un enfant la veille de Noël.

« Mike Ribeiro, Steve Ott, Kari Lehtonen; ce sont tous de très bons joueurs. Je les admirais à la télévision, et là, je me trouvais sur la même glace qu'eux. »

« Je suis allé m'étirer près d'Andrew Raycroft (gardien substitut des Stars) et on a jasé de tout et de rien. Je trouvais ça bien spécial. Les officiels m'ont aussi donné une rondelle du match en souvenir. »

Le gardien de 20 ans n'a pas eu la chance de fouler la glace en situation de match au cours de cette défaite de 3-2 face aux Stars. Bien installé près du banc des siens, il a pu admirer le spectacle et savourer le moment. « Enjoy the show! » comme disent les anglophones. Peu importe le résultat, Corbeil-Thériault l'avait déjà sa victoire intérieure.

« Je regardais l'entraîneur du coin de l'oeil lorsqu'on encaissait un but... au cas où il décide de faire appel à mes services, même si je savais qu'il n'y avait presque pas de chance que ça arrive. »

Après la rencontre, ce fut le temps des adieux pour Corbeil-Thériault, lui qui devait être à l'aéroport à 5 heures le lendemain matin.

« Je dois avoir dormi un total de cinq heures dans les deux derniers jours. Je suis revenu à Saint John vers 14h30, jeudi. »

Retour à la réalité; Halifax vendredi

Corbeil-Thériault a vécu 24 heures très intenses en tant que membre des Blue Jackets, sauf qu'il est maintenant temps pour lui de retrouver ses coéquipiers. Il devrait protéger le filet des Sea Dogs vendredi contre les Mooseheads.

Toujours sans contrat professionnel, Corbeil-Thériault est confiant d'en venir à une entente avec les Jackets d'ici le prochain repêchage.

Il peut au moins se vanter d'avoir participé à un match de saison régulière de la LNH, ce que n'a pu réaliser son coéquipier Jonathan Huberdeau, retranché au dernier moment par les Panthers de la Floride.

« Si j'avais véritablement joué, j'en aurais profité pour le narguer un peu. Seul problème : lui, il a un contrat en poche, je vais donc me garder une petite gêne. »

Le gardien originaire de Montréal n'est que le deuxième joueur provenant des Sea Dogs à prendre part à une rencontre du circuit Bettman, après Yann Sauvé qui appartient aux Canucks.

À sa dernière saison dans la LHJMQ, Corbeil-Thériault espère évidemment que les Sea Dogs répéteront leurs exploits de la dernière saison. Même si l'équipe a perdu plusieurs morceaux qui ont mené à la conquête de la coupe Memorial, le gardien juge que Saint John forme une très bonne équipe, surtout depuis l'ajout du défenseur de 20 ans Charles-Olivier Roussel. Ce dernier connaît très bien Corbeil-Thériault puisque les deux athlètes s'entraînent ensemble lors de la saison estivale.