À mon travail et dans la vie en général, ce qui me fascine le plus, ce sont surtout les histoires humaines. C’est pour cette raison que j’adore lire et entendre le doc Guimond. Le pointage final n’a pas beaucoup d’importance pour lui. Il s’attarde à ce que l’athlète à dû traverser pour se rendre au fil d’arrivée, peu importe le résultat à la fin des courses.

Si je vous parle de ça aujourd.hui, c’est que je viens de terminer un livre fascinant qui relate la vie du dur-à-cuire Bob Probert : «Tough Guy, my life on the edge » qui a été publié en anglais, il y a moins d’un mois. L’ancienne vedette des Red Wings et des Blackhawks est décédée le 5 juillet dernier alors qu’elle venait tout juste de compléter le récit de sa vie et Kristie McLellan Day (celle qui a aussi écrit la biographie de Theoren Fleury) a complété l’œuvre posthume.



Au fil des ans, tous les bagarreurs que j’ai connus (à l’exception de Jim Cummins qui détestait les francophones) ont toujours été parmi les joueurs les plus agréables à côtoyer. Quand je suis arrivé sur le beat, celui qui jouait le rôle de justicier se nommait Todd Ewen et depuis, une dizaine d’autres se sont succédés, jusqu’au départ de George Laraque l’an passé. À Montréal, comme dans bien d’autres villes de la LNH, il n’y a maintenant plus de bagarreur et ce rôle est en voie de disparition. Comme tous les redresseurs de tord de sa génération, Bob Probert n’a pas fait exception et pratiquement tous ceux qui l’ont côtoyé sont demeurés amis avec lui. Probert se battait, frappait et comptait des buts. Il a même déjà été sélectionné pour participer au match des étoiles de la LNH, en 1988. Cinquième joueur le plus pénalisé de l’histoire de la LNH (3,300 minutes), il était drôlement talentueux pour un justicier. Mais s’il faisait la loi au bout des poings, Bob Probert a passé sa carrière à perdre ses combats contre ses démons intérieurs. Dépendant à la cocaïne, à l’alcool et même aux pilules, il a défrayé les manchettes tout au long de sa carrière.

Dans «Tough guy», Probert raconte toutes ses arrestations et ses nuits en prison, toutes ses visites en cure de désintoxication et toutes ses rechutes. Homme de famille qui a toujours été appuyé par son épouse Dani et ses quatre enfants, il livre le récit de sa courte vie comme il l’a vécu; sans dentelles, sans prendre de détour et de façon plutôt crue par moment. Il va bien au-delà des combats avec Tie Domi, Marty McSorley, Wendell Clark et tous les autres. Les légendes urbaines qui entourent les sorties des frères Kostitsyn ne sont pas grand choses à côté des véritables cuites qui se succédaient dans la vie de Probert, qui protégeait les autres autour de lui mais qui était incapable de se défendre lui-même face à ces dépendances. Bref, c’est un livre que je vous recommande fortement.



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(Une parenthèse sur Jim Cummins puisque j’en parlais un peu plus haut. Certains de ses coéquipiers du Canadien nous avaient expliqué qu’il n’aimait pas les «Français» et j’avais tout simplement décidé de l’ignorer. Quand je travaillais, Jim Cummins n’existait pas! Mon ami Paul Buisson lui était pas mal plus insulté par l’attitude raciste du bagarreur et dans chaque ville où l’on se rendait, Paul prenait presque toujours le temps de jaser avec le matamore de l’équipe adverse. Et il y avait pas mal de Québécois qui faisaient ce job, il y a une dizaine d’années. On n’a qu`a penser à Donald Brashear, Patrick Côté, Stéphane Quintal, Chris Simon, ou Georges Laraque…Et Paul, mettait de l’huile sur le feu en leur disant que dans le vestiaire du Canadien, Cummins se vantait devant tout le monde qu’il allait faire la loi sur la patinoire car y’avait personne à sa hauteur de l’autre bord (ce qui n’était pas vrai une seconde).

À chaque fois, la réaction était identique. «Ah ouais, y’a dit ça Cummins. Regarde ben ça mon Paul à soir, tu vas voir que je vais lui arranger la face.» Et avant qu’on quitte, Paul lançait toujours encore un peu plus d’huile en ajoutant une phrase dans le genre «Mais fais attention, il déteste les Québécois» avec un beau gros sourire. Et quand le match commençait, du haut de la passerelle, Paul et moi ont riait en voyant les gars courir après Cummins comme des enragés! La fois la plus drôle, c’était à Nashville. Patrick Côté était tellement insulté qu’après le match, alors qu’on attendait dans le corridor, il était venu en rajouter près du vestiaire du Tricolore en criant que c’était une honte que Montréal donne le numéro de Ken Dryden (29) à un gars comme ça! Et le gros Paul avait les larmes aux yeux tellement il riait!)