MONTRÉAL – Personne n’a été surpris quand l’agence qui représente Alexis Lafrenière a annoncé que l’attaquant de 18 ans ne se présenterait pas au camp d’entraînement de l’Océanic de Rimouski, son équipe junior lors des trois dernières années, pendant que la Ligue nationale prendrait une partie de l’automne pour compléter sa saison 2019-2020. 

D’une perspective d’affaires, la décision s’imposait. Mais Lafrenière n’est ni un comptable, ni un gestionnaire et au moment où la plupart des joueurs de son âge ont déjà rejoint leur club junior, l’attente qu’il s’impose avant de retrouver un cadre compétitif lui donne quelques démangeaisons. 

« C’est sûr que ça me manque, a répondu jeudi, lors d’une conférence vidéo organisée par la LNH, celui qui est considéré comme le favori pour être sélectionné au tout premier rang du repêchage qui aura lieu les 6 et 7 octobre. Je suis un gars qui aime vraiment jouer des matchs et ‘compétitionner’. Mais ici je m’entraîne beaucoup. On est sur la glace, on est dans le gym. On est quand même assez de joueurs, alors on fait des matchs quelques fois par semaine. À ce niveau-là, je me tiens vraiment occupé et je pense que je continue de m’améliorer en tant que joueur. »

À moins que les Rangers de New York n’échangent le premier choix qu’ils ont remporté lors de la deuxième phase d’une loterie tenue le 10 août ou qu’ils causent l’une des plus grandes surprises de l’histoire de l’encan et s’éloignent du consensus entourant Lafrenière, le Québécois prendra dans quelques semaines la direction de la Grosse Pomme pour y amorcer sa carrière professionnelle. 

Lafrenière, qui pourrait devenir le premier attaquant québécois sélectionné au premier rang du repêchage de la LNH depuis Vincent Lecavalier en 1998, ne prend rien pour acquis, mais admet qu’il se verrait bien avec le mythique logo des Blue Shirts sur la poitrine. 

« C’est sûr que c’est excitant. C’est vraiment une équipe reconnue, une équipe qui a beaucoup d’histoire et c’est une très bonne équipe, alors si c’est pour être les Rangers, ça serait vraiment un très grand honneur pour moi. La ville, l’équipe, c’est vraiment une belle combinaison. Il n’y a rien de confirmé, mais ça serait quelque chose de très spécial pour moi. »

La crise sanitaire qui frappe la planète a privé Lafrenière du processus normal auquel se soumettent habituellement les meilleurs espoirs d’une cuvée. La semaine d’évaluation qui est normalement organisée à Buffalo et où les jeunes athlètes peuvent rencontrer de potentiels employeurs a été annulée. Les invitations pour des visites subséquentes dans les marchés intéressés n’ont pu être envoyées. 

Lafrenière a donc été limité à des contacts virtuels avec les équipes qui ont la chance de le courtiser. 

« J’ai eu une rencontre avec [les Rangers] sur Zoom. Pas mal toute l’organisation y a participé, le directeur général, l’entraîneur, des membres de l’organisation. C’est sûr que ça a été spécial pour moi de pouvoir leur parler. C’était au lendemain [de la loterie], quand l’attention s’était calmée un peu je pense. Ça a été le fun de pouvoir discuter avec eux. Je les ai rencontrés une fois et ça a été vraiment le fun. Ils m’ont vraiment laissé une bonne impression. »

Pour les mêmes raisons, Lafrenière a aussi dû se faire à l’idée qu’il ne sera jamais appelé à l’estrade pour enfiler le maillot et la casquette de sa nouvelle équipe. Il vivra plutôt le repêchage au domicile familial à St-Eustache. 

« C’est un peu une déception, c’est sûr, je mentirais de dire que ça n'en est pas une. Mais je vais pouvoir profiter du moment aussi et ça va être quand même plaisant. On ne sait pas quelle sera la situation avec la COVID, mais je vais être avec ma famille et je vais probablement inviter quelques amis. On va en profiter, c’est sûr. C’est un moment qui passe une fois dans une vie. » 

Jeudi, la LNH a annoncé les détails des protocoles qui seront mis en place pour la période de flottement qui séparera la conclusion de la finale de la coupe Stanley et le lancement de la saison suivante. Les équipes pourront accueillir des joueurs dans leurs installations à partir du 15 octobre, mais aucune date n’a encore été fixée pour le début des camps d’entraînement et de la prochaine campagne. 

Dans cette période d’incertitude, Lafrenière n’a pas mis une croix sur une troisième participation au Championnat du monde de hockey junior, qui se déroulera dans un environnement protégé – communément appelé une bulle – dans la ville d’Edmonton. 

« C’est sûr que c’est une option possible. On va en parler avec l’équipe qui va me repêcher, avec mon groupe d’agence aussi. Ça va être une décision qu’on va prendre éventuellement. On va voir ce qui va arriver, mais c’est sûr que ça reste une option. »

Lafrenière joue de prudence en vue du repêchage
Capsule repêchage LNH : Alexis Lafrenière