Le Canadien parle, St-Louis agit
Canadiens lundi, 12 mai 2014. 10:29 jeudi, 12 déc. 2024. 09:44Samedi soir à Boston, pendant que ça festoyait fort dans le vestiaire des Bruins où tous les joueurs défilaient pour répondre aux questions des journalistes – ils défilent en aussi grand nombre dans la défaite cela dit – c’était la désolation dans celui du Canadien.
La défaite faisait mal. Mal au sens propre alors que les joueurs du Tricolore venaient de se faire frapper rondement et souvent pendant 60 minutes qui semblaient bien plus longues qu’elles ne l’avaient été. Mal aussi au sens figuré parce que le Canadien se retrouvait soudainement devant l’élimination.
Comme c’est malheureusement trop souvent le cas dans le vestiaire du Tricolore après un revers surtout cuisant – et même parfois après des victoires – ce sont toujours les mêmes qui sont venus expliquer que tout n’était pas fini. Du moins pas encore. Qu’il y avait toujours de l’espoir.
Gorges était là. P.K. Subban aussi. Bien sûr. Carey Price est venu répondre à quelques questions et je crois avoir vu le capitaine Gionta au milieu d’une meute de journalistes. Les autres ne sont pas venus…
« Nous avons encore envie de jouer au hockey pour un bon moment. Nous sommes loin d’être prêts pour les vacances. Personne dans ce vestiaire ne va abandonner. Nous croyons en nos chances et nous n’avons qu’à prendre les moyens pour qu’elles tournent en notre faveur. Nous avons simplement à bien jouer au hockey. À jouer comme nous sommes capables de le faire », a mentionné Gorges.
Le leader du Canadien a raison : c’est vrai que son équipe peut battre les Bruins. C’est vrai que ce soir, de retour devant ses partisans et Ginette Reno, le Canadien pourrait niveler les chances. Qui sait ? Il pourrait même ensuite se sauver avec la série lors d’un éventuel match décisif qui serait présenté mercredi au Garden.
Mais pour ça, il faudra que Gorges et ses coéquipiers cessent de se contenter de belles paroles et qu’ils décident d’enfin passer aux actes.
Je ne parle pas spécifiquement de Gorges ici. Non! Défenseur au talent limité, Gorges donne tout ce qu’il a à chacune des présences qu’il effectue. Il donnera son corps à la science pour bloquer un tir ici, encaisser une mise en échec là, pour protéger Carey Price là bas.
Alors non, je ne parle pas de Gorges. Je ne parle de pas non plus de Brandon Prust à qui on a décidé de faire une place au sein de l’alignement pour brasser la soupe alors qu’il n’est pas même capable de tenir solidement la cuillère pour le faire. Je ne parle pas de Douglas Murray parce que l’état-major du Canadien croit qu’il est vraiment capable de jouer au hockey alors qu’il ne peut que frapper et bloquer des tirs. Je ne parle pas Brendan Gallagher qui est l’attaquant le plus combatif du Canadien match après match malgré son jeune âge et sa petite taille. Pas plus que je ne parle des autres joueurs de soutien. Des joueurs qui n’ont rien à soutenir en ce moment alors que les gros joueurs du Canadien, ceux par qui le succès doit arriver, se font bien petits depuis le début de séries.
Exception faite de P.K. Subban et Carey Price à qui il serait malhonnête d’en demander plus qu’ils n’en donnent maintenant, que donnent Max Pacioretty et David Desharnais si ce ne sont que des maux de tête? Que donne Thomas Vanek si ce n’est que des doutes plus grands encore qu’il serait grandement risqué de lui offrir un contrat de 50 millions $ pour sept ans comme il le réclame? Que donne Rene Bourque qui, après avoir surpris bien du monde lui le premier en profitant des largesses d’Anders Lindback et du Lightning de Tampa Bay, est redevenu face aux Bruins de Boston et un vrai gardien numéro un – malgré les cadeaux offerts par Tuukka Rask – le courant d’air que tous dénonçaient avec vigueur il y a quelques semaines encore. Que donne Lars Eller qui est incapable de maintenir un niveau de constance dans ses performances.
Que donne Andrei Markov? J’ai beau avoir des préjugés favorables à l’endroit du défenseur russe que je considère toujours le général à la ligne bleue, mais sans mal jouer, il n’en donne pas assez pour justifier ce statut de haut gradé. Je veux bien croire qu’Alexei Emelin le place dans de pas drôles de situation en jouant avec la rondelle comme s’il s’agissait d’une grenade dégoupillée, mais quand même : Markov est meilleur que ça. Du moins il devrait l’être.
En fait, Markov et tous les autres joueurs dont j’ai défilé les noms plus haut doivent être meilleurs. Car s’ils se contentent ce soir de jouer comme ils l’ont fait samedi, voire depuis le début de la série, le Canadien sera en vacances autour de 22 h 30.
Je sais! Ce ne sera pas un déshonneur. Perdre en deuxième ronde, en six matchs, contre l’équipe qui a récolté le plus de points dans la LNH en saison régulière, ce n’est pas la fin du monde.
Sauf que cette équipe c’est les Bruins de Boston. C’est l’ennemi qu’on déteste et contre qui, historiquement, le désir de vaincre, la haine et la fierté ont aidé le Canadien à faire contrepoids à la logique. Une logique que le Canadien a d’ailleurs mise à l’épreuve alors que Carey Price a volé le premier match. Que lui et ses coéquipiers étaient à un cheveu de prendre les devants 2-0. Sans oublier que le Canadien s’est aussi offert une avance de 2-1 dans la série.
Une avance qu’il a gaspillée.
Battre les Bruins deux fois de suite, dont l’une au Garden, c’est possible. Mais ça n’arrivera pas si les leader offensif de cette équipe, des leaders qui s’amusaient et qu’on encensait avec raison quand les choses allaient bien et que c’était facile, restent cachés maintenant que c’est difficile et que ça fait mal. S’ils restent cachés en demandant à Carey Price et P.K. Subban de faire seuls le travail, d’essuyer les coups et d’assumer la presse.
Si Pacioretty et les autres leaders restent tapis dans l’ombre encore ce soir, ils dresseront un portrait global de leur personnalité en tant que joueur de hockey. Une fois ainsi démystifiés, ils permettront à Marc Bergevin d’avoir un portrait plus clair des joueurs sur lesquels il pourra vraiment compter dans ça quête de faire du Canadien de Montréal non seulement un bon club de saison régulière, mais un club champion.
Pour qu’un bon, un très bon, ou un excellent club de hockey devienne et demeure un club champion, il faut que tes meilleurs éléments assument leur rôle en tout temps. Regardez les Blackhawks de Chicago aller. Regardez le Toews, Hossa, Kane, Keith et autres Seabrook aller et vous comprendrez exactement ce que je veux dire.
Hommage à St-Louis
Quelques mots ici pour rendre hommage à Martin St-Louis à son père, sa famille proche, et son autre famille des Rangers de New York.
J’ai 51 ans. J’ai l’immense chance, bonheur et plaisir de toujours pouvoir compter sur la présence de mes parents. Je ne peux donc qu’imaginer la peine et la douleur qui me traverseront le corps lorsqu’ils décideront de s’offrir le long congé après toute une vie passée à nous guider mes sœurs et moi.
De voir Martin St-Louis en uniforme lors des deux derniers matchs des Rangers en dépit du décès soudain de sa mère ne m’a pas vraiment surpris. Il a consacré sa vie au hockey. Sa mère et son père qui l’ont suivi dans tous les arénas de Laval d’abord, de la région métropolitaine ensuite, du Québec, des Etats-Unis et du monde au fil des ans ont aussi consacré des grands pans de leur vie à celle de leur fils. À sa carrière. Sa mère lui a donc certainement donné le feu vert dont il avait besoin de rejoindre ses coéquipiers.
Pourquoi rendre hommage à St-Louis alors?
Parce que cet homme que je ne connais pas beaucoup, mais que j’ai toujours apprécié, a démontré une émotion qu’on ne lui connaissait pas vraiment lors des deux derniers matchs.
Considéré comme un gars froid, distant, très exigeant avec lui même et ses coéquipiers qui des fois en ont plein le bas du dos de ces exigences, St-Louis s’est présenté sous un autre jour. On l’a senti humain. Vulnérable. Ses remerciements hier après la victoire des Rangers pour niveler les chances 3-3 dans la série n’étaient pas de la frime. Du moins c’est ce que j’ai ressenti.
Et vous savez quoi?
Ses coéquipiers ont dû sentir la même chose. Car depuis que la tragique nouvelle a secoué St-Louis et les Rangers, les Blue Shirts n’ont pas perdu un match.
Bon! Certains diront qu’il n’y a pas de rapport. Que c’est un simple concours de circonstances.
Je réponds non!
Les Rangers étaient acculés au pied du mur. Contre les Penguins qui semblaient trop fort pour eux, d’autant que les Rangers étaient loin de se défoncer à l’ouvrage depuis le début de la série et qu’ils ne cassaient rien en attaque, il aurait été facile de « tirer la plogue ».
C’était impossible d’abandonner le soir du retour de St-Louis pour son premier match suite au décès de sa mère. Les Rangers auraient pu perdre oui. Mais ils ont travaillé comme des chiens lors du cinquième match simplement pour ne pas avoir l’air fou aux yeux de leur coéquipier. Je vous dirais même que les Penguins ont joué un brin ou deux à l’économie de l’autre côté en raison des circonstances particulières de ce match pour Martin St-Louis.
Et ça s’est poursuivi dimanche. Pas question de vous faire brailler avec une fausse histoire de fête des Mères, mais je vous assure que parfois, des petits détails comme celui-là, peuvent générer de grosse conséquences positives au sein d’un club. Ils peuvent motiver le groupe. Le resserrer. En faire une meilleure équipe.
Et voilà que les Rangers sont à un gain de sortir les Penguins qui menaient 3-1.
Personnellement, je rentre ça dans les impondérables, ces petits facteurs qui semblent insignifiants quand vient le temps de faire une projection sur une série ou d’en analyser une autre qui vient de prendre fin.
Le temps nous le dira. Mais ce qui est clair, c’est que les Rangers et St-Louis lui-même n’allaient nulle part dans cette série et les voilà à une victoire de la finale de l’Est.
Ce n’est pas rien.
Mes sympathies les plus sincères à Martin St-Louis, son père et le reste de la famille…