La réflexion de Ian Lapperière n’a pas été très longue lorsque Paul Holmgren l’a rejoint pour lui offrir un poste d’adjoint avec les Flyers. « Ça m’a pris un quart de seconde pour dire oui, lance sérieusement Laperrière à l’autre bout du fil. Il y a trois ans, je m’étais assis avec Paul Holmgren pour parler de mes objectifs de carrière et il savait que le coaching m’intéressait. Travailler au développement des jeunes et leur enseigner me semblait le meilleur moyen de me préparer pour éventuellement graduer dans un rôle semblable. »

Intense et passionné quand il jouait, Laperrière n’a pris personne par surprise quand il a décidé de travailler sur le terrain lorsqu’il a accroché ses patins. Depuis trois ans, il se promenait aux quatre coins du Canada et des États-Unis pour épier les espoirs de l’organisation des Flyers. « Je me sentais à mon mieux l’été quand j’embarquais sur la patinoire avec eux. J’aime enseigner mais ça m’a beaucoup aidé à connaître cette nouvelle génération. Il faut que l’approche soit différente aujourd’hui. C’est fini l’époque où les entraîneurs dirigeaient en faisant peur aux joueurs. Aujourd’hui, tu dois trouver le moyen d’appuyer sur les bons boutons. »

Dans son nouveau rôle d’adjoint à Craig Berube, Laperrière va principalement s’occuper du désavantage numérique, et pendant les matchs, il cherchera à corriger les petits détails qui pourraient échapper à l’entraîneur-chef. « Hier soir, je pensais à plein de choses et je me disais qu’il ne fallait surtout pas que je change. Paul Holmgren m’a dit la même chose ce matin. Je ne serais jamais devenu entraîneur à l’époque où il fallait jouer les méchants pour intimider les joueurs. J’ai joué avec Giroux, Hartnell, Timonen, Coburn et Emery et ils vont voir le même gars que j’étais avant. Je ne crois pas à ça, changer tout d’un coup. Je vais être exigeant mais très honnête et ils le savent très bien », explique l’ancien attaquant. Et ceux qui le connaissent le moindrement, savent très bien qu‘il n‘acceptera jamais les demi-mesures et les excuses.

L’an passé, lors du lock-out, par un frisquet samedi après-midi d’automne, en compagnie de mon collègue caméraman Christian Champagne, j’avais étiré un café en compagnie de Laperrière dans la petite municipalité de Glens Falls où évolue le club-école des Flyers, les Phantoms d’Adirondack. Pendant deux heures nous avions parlé de nos vies, de nos travails, de nos amis communs. Je me souviens parfaitement que cette vie de solitude commençait à lui peser. Le week-end dernier, il était à Kelowna en Colombie-Britannique pour épier deux espoirs de l’organisation. Il est revenu à Philadelphie hier en passant par Seattle, où il s’est farci une longue escale de quatre heures. « Je suis un gars de gang! Et c’est important aussi pour moi d’être dans le feu de l’action, je suis content d’être derrière le banc, pas un assistant qui reste sur la passerelle pendant les parties. Je n’ai presque pas dormi de la nuit tellement j’étais stressé. J’aime beaucoup notre club. Nous avons fait de bons ajustements cet été. Les gars s’apprécient en dehors de la glace et maintenant, le défi c’est qu’ils amènent ça sur la patinoire. »

Et un job d’entraîneur-chef un jour? « Je vais y aller un jour à la fois. Je n’ai que 39 ans. Quand j’étais joueur, je me suis inspiré de plusieurs de mes coéquipiers. Je vais faire la même chose comme entraîneur-adjoint. Je vais regarder dans mes souvenirs pour piger dans ce que j’ai vu de meilleur et pour aussi savoir ce que je dois éviter de faire! »