MONTRÉAL – Les récentes démarches du Canadien pour trouver un successeur à Marc Bergevin ont mis en lumière une pléiade de candidats de qualité dont le nom continuera assurément de circuler dans les prochaines années. Ce n’est probablement qu’une question de temps avant que Mathieu Darche, Daniel Brière et Roberto Luongo, notamment, se voient confier les clés d’un club de la Ligue nationale.

Mais pour trouver le prochain Québécois qui accèdera à un poste de directeur général dans le circuit Bettman, peut-être faudrait-il détourner le regard de ces populaires anciens joueurs et jeter plutôt un œil sur ce qui se passe du côté du Texas.

Natif d’Ormstown en Montérégie, Scott White s’est monté une feuille de route impressionnante depuis la fin de sa modeste carrière de joueur au milieu des années 1990. Il a été entraîneur dans les rangs universitaires américains et s’est initié à la gestion de personnel dans la ECHL avant d’être sollicité par les Stars de Dallas pour superviser leur principal club-école dans la Ligue américaine. Il écoule présentement sa 16e saison au sein de l’organisation.

Depuis qu’il a été promu au poste de directeur général des Stars du Texas en 2009, l’équipe a remporté une fois la coupe Calder et a atteint la finale à deux autres reprises. White, qui porte en plus le titre d’adjoint au DG Jim Nill à Dallas, a aussi eu son mot à dire dans la construction du groupe qui a atteint la finale de la coupe Stanley en 2020.

La simple lecture de la liste de ses tâches est un entraînement cardiovasculaire. En tant que principal gestionnaire du club-école des Stars, White a la responsabilité d’identifier et de mettre sous contrat les bons joueurs de profondeur pour en compléter l’effectif. Il estime assister à une cinquantaine de matchs de la Ligue américaine à chaque année en plus d’être à l’écoute pour 65 à 70 matchs du grand club. En plus de tout ça, il est impliqué dans le département du recrutement professionnel des Stars.

« Durant toute ma carrière, j’ai porté plusieurs chapeaux et c’est ce qui m’a préparé pour toutes ces choses qui font partie de mon mandat aujourd’hui, lance l’homme de 53 ans à RDS. Je suis la NCAA et je me tiens à jour sur l’évolution de nos espoirs dans les différents circuits juniors. Je garde un œil très attentif sur Mavrik Bourque, par exemple. Je ne dis pas que je suis sur place pour plusieurs de ses matchs, mais je sais ce qui se passe dans sa vie. Je touche à tout et je suis impliqué dans plusieurs décisions importantes. Je me considère comme un homme extrêmement chanceux. »

Même s’il glisse dans la conversation suffisamment d’expressions françaises pour qu’on soit convaincu qu’il maîtrise la langue officielle de sa province natale, White s’est dit plus à l’aise pour nous accorder une entrevue en anglais. Jeune, il a fait sa sixième année dans la langue de Molière avant d’entrer à l’école secondaire anglophone Chateauguay Valley Regional. Il a joué son hockey mineur à Valleyfield et s’est déplacé à Verdun à l’adolescence pour joindre l’équipe Midget AAA des Lions du Lac St-Louis.

Suivant les traces de son ami Randy McKay, qui allait plus tard porter les couleurs des Devils du New Jersey et du Canadien, White a accepté une bourse d’études à l’Université Michigan Tech, où il s’est enrôlé dès l’âge de 17 ans. Après sa première saison en NCAA, il a été un choix de sixième ronde des Nordiques de Québec. Mais comme joueur, la LNH n’a jamais été plus qu’un rêve.

« Les Sénateurs d’Ottawa m’ont fait signer un contrat quand ils sont arrivés dans la Ligue comme équipe d’expansion. J’ai passé deux années dans l’organisation. La première année, j’ai été rappelé pendant une journée et demie à la date limite des échanges, mais on ne m’a pas fait jouer. Ça s’est résumé à ça pour moi. »

Récemment marié et père d’une petite fille, White commençait à se demander si le hockey avait plus à lui offrir lorsque son alma mater l’a contacté pour lui offrir un poste d’entraîneur. Ça allait devenir la première ligne sur un CV aujourd’hui bien garni. Bien plus que les X et les O, la NCAA l’a endurci aux nombreuses heures passées sur la route pour tenter d’attirer des jeunes prospects sur le campus.

Quelques années plus tard, il s’est retrouvé aux commandes de l’Inferno de Columbia, un club de ECHL où il a notamment dirigé Alex Burrows. Dans les doubles fonctions d’entraîneur-chef et de directeur général, il a mené l’équipe à trois championnats de division et une présence en finale en quatre ans tout en développant son profil de gestionnaire. L’affiliation de son employeur aux Canucks de Vancouver lui a permis de se familiariser, de loin, avec les façons de faire de la LNH.

« Pendant un certain temps, j’ai progressé au rythme des occasions qui se sont présentées à moi sans trop savoir où je voulais que ça me mène. C’est parfois comme ça dans la vie. Mais dès que j’ai réalisé que j’avais un certain talent dans cette deuxième carrière et que cette confiance s’est ancrée en moi, mes objectifs sont devenus clairs. J’ai connu certains succès, les Stars m’ont remarqué et depuis ce temps, ils m’ont donné toutes les possibilités de croître au sein de l’organisation. »

Jusqu’à tout récemment, quatre équipes de la LNH se cherchaient un directeur général. Le Canadien, les Canucks et les Ducks d’Anaheim ont trouvé leur homme. Les Blackhawks de Chicago passent ces jours-ci des candidats en entrevue. Scott White refuse de nous dire s’il a fait partie de l’un ou l’autre de ces processus d’embauche.

Et si l’ouverture attendue n’était qu’à l’autre bout du couloir? Jim Nill a signé une prolongation de contrat de cinq ans en 2016. Il aura 65 ans lorsque le pacte arrivera à échéance à la fin de la saison 2022-2023. A-t-il l’intention de rester au-delà de cette date butoir?

« Je vais probablement éviter quelque peu cette question, répond poliment Scott White. J’apprends encore quelque chose de nouveau à chaque jour avec cet emploi. Si ce n’était pas le cas, j’aurais l’impression de ne pas avancer. Mais je sens que je suis un peu mieux préparé chaque jour à occuper la chaise d’un DG dans cette ligue. Ces chaises ne se libèrent pas souvent, tu sais. Si et quand cette occasion se présente, je serai prêt. »