Pour Jonathan Huberdeau et tous les jeunes joueurs des Panthers qui sont promis à une belle carrière dans la LNH, pour leurs partisans et les amateurs de hockey du sud de la Floride parce que oui, il y en a quelques-uns, j’espère me tromper.

Mais de prime abord, le congédiement cavalier de Gerard Gallant et l’arrivée derrière le banc de son ancien patron Tom Rowe n’inspirent rien de bon. Au contraire, ces deux décisions suscitent doutes et consternations. Elles soulèvent bien plus un vent de pessimisme qu’une brise, aussi légère soit-elle, d’optimisme.

Pour être bien franc, en congédiant Gerard Gallant pour le remplacer par Tom Rowe, les Panthers me donnent l’impression d’avancer par en arrière. C’est peut-être bon à bord d’un autobus pour y entasser le plus de passagers possible. Mais dans la LNH, avancer par en arrière, c’est mauvais. Très mauvais.

Cet avancement par-derrière, les Panthers l’ont amorcé l’an dernier lorsqu’ils ont tassé Dale Tallon dans un rôle administratif pour le remplacer par Rowe à titre de directeur général.

Talon, un vieux de la vieille, un gars qui laissait ses yeux, son flair et son expérience le guider lorsque venait le temps de prendre des décisions de hockey – repêchage, transactions, philosophie de jeu – ne cadrait plus dans la nouvelle philosophie de l’équipe, avait-on expliqué en Floride. Ce changement de garde sérieusement mis en doute lorsqu’il a été effectué était justifié par la facilité de Tom Rowe de jongler avec les statistiques avancées et les nouvelles façons de faire dans le hockey d’aujourd’hui.

Plan machiavélique

Quand on regarde la façon cavalière dont Tom Rowe s’y est pris pour congédier Gerard Gallant après la défaite de 3-2 encaissée par les Panthers en Caroline, pour sauter derrière le banc alors que Gallant affichait malgré tout un dossier gagnant (11-10-1) malgré les blessures qui ont marqué le début de saison un brin décevant de son équipe, il est facile de croire que Rowe s’est simplement servi de son poste de directeur général pour s’offrir un job que personne dans la LNH n’a jamais voulu lui offrir.

Un banc!

Tom Rowe a connu une carrière honnête comme ailier droit dans la Ligue nationale avec ses 85 buts, 185 points en 357 parties disputées avec Washington, Hartford et Detroit. Il s’est ensuite tourné vers le coaching. Comme assistant d’abord dans la Ligue américaine (Lowell) où il a aussi été entraîneur-chef à Lowell, Albany, San Antonio et Portland. Il a aussi passé une saison et demie en Russie à la barre du Lokomotiv de Yaroslavl dont il a orchestré la reprise des activités après la tragédie aérienne qui a décimé le club à l’aube de la saison 2011-2012.

Une décision difficile à expliquer en Floride

Dans la LNH, Rowe a été adjoint de Paul Maurice d’abord et de Kirk Muller après que l’actuel entraîneur-associé de Michel Therrien avec le Canadien eut obtenu sa première chance à titre d’entraîneur-chef avec les Hurricanes.

En congédiant Gallant, Rowe s’offre la possibilité de prouver qu’il a sa place au sein des entraîneurs capables de connaître du succès dans la grande ligue. Dans la vraie ligue.

Peut-être y arrivera-t-il. L’avenir le dira.

Mais qu’il y arrive ou non, Rowe sera toujours celui qui a congédié son coach et l’a laissé sur le bord de la rue avec ses valises alors que l’autobus du club a pris la direction de l’aéroport de Raleigh-Durham. Déjà que ce congédiement est injuste aux yeux de plusieurs, injustifiés aux yeux de plusieurs autres, la manière dont il a été effectué noircira à jamais la réputation – quelle réputation au fait? – de Tom Rowe et l’image des Panthers de la Floride. Une image moribonde que Dale Tallon avait su améliorer depuis son arrivée en Floride en 2010. Une image qui avance maintenant par en arrière. Qui replace les Panthers dans les années noires qui ont suivi ses succès rapides et artificiels à titre de club d’expansion bâti autour de vétérans sans avenir au lieu d’être bâti autour de jeunes qui auraient pu faire progresser leur équipe au rythme de leur progression.

Mais bon! Tom Rowe aura eu ce qu’il voulait. Et pour mousser ses chances de réussite, il a indiqué ce matin – par le biais du site internet des Panthers – son intention de déléguer ses pouvoirs de d-g à ses adjoints pour prendre le plein contrôle des pouvoirs octroyés au coach.

À Las Vegas ou ailleurs…

Gerard Gallant dans tout ça?

Il devient le candidat numéro un pour se trouver un job dans la LNH. À moins que George McPhee ait déjà promis le job à quelqu’un – ne personne ne pourrait lui en vouloir de maintenant changer d’avis – Gallant représente un candidat de choix pour orchestrer l’entrée en scène de Golden Knights de Las Vegas dans la LNH.

« Un congédiement qui nous a pris par surprise »

Si McPhee s’intéresse à Gallant, il serait mieux de signifier son intérêt rapidement et de passer ensuite des paroles aux actes.

Car si j’étais le d.-g. d’un club qui ne me donne pas satisfaction en ce moment, je tenterais d’en apprendre plus sur Gallant afin de voir si cet entraîneur apprécié de ses joueurs et surtout respecté par ses joueurs pourrait représenter un atout pour mon club.

Le nom de Kevin Cheveldayoff me vient tout de suite en tête.

Paul Maurice est un bon homme de hockey. Il est aussi un bon entraîneur-chef. Il l’a prouvé partout où il est passé. Maurice a tous les outils et les atours pour hisser ses équipes au sein du groupe restreint des bonnes équipes. Mais a-t-il ce qu’il faut pour les hisser au sein du groupe plus restreint encore des clubs champions?

Je n’ai pas la réponse à cette question.

Et personne ne peut dire non plus que Gallant soit capable de réussir là où Maurice ne semble pas en voie d’y arriver.

Mais le fait que Gallant soit maintenant disponible ouvre la porte à ces réflexions. Des réflexions qui conduiront peut-être à une éventuelle embauche ailleurs dans la LNH.

« Je suis très déçu pour Gérard Gallant »

Sur le site internet de son équipe, le propriétaire des Panthers Vincent Viola explique qu’il a donné son aval au changement d’entraîneur-chef parce qu’il veut voir son équipe de retour en séries éliminatoires dès le printemps prochain.

Après la saison de 103 points (47 victoires) de l’an dernier, une saison qui a valu à Gallant de terminer deuxième dans la course au titre d’entraîneur-chef de l’année – Barry Trotz a remporté le trophée Jack Adams – les Panthers ont été éliminés en première ronde. S’il est tout à fait normal de lire que Viola tient à faire oublier cette déception en retournant dès cette année en séries, il est anormal de le voir accepter le lynchage de celui qui a ramené ce club en séries l’an dernier après une absence de trois ans. Celui qui est le 4e coach seulement de l’histoire des Panthers à avoir atteint les séries avec son équipe.

À moins que Rowe avait déjà écrit ce scénario devant Vincent Viola lorsqu’il amorcé sa croisade vers son premier job d’entraîneur-chef dans la LNH en tassant d’abord Dale Tallon pour obtenir son poste de directeur général.

Comme je l’ai écrit tout en haut de ce texte, j’espère que je me trompe et que Rowe saura faire des Panthers un club gagnant et solidifiera la présence du hockey dans le sud de la Floride.

Mais s’il est laid – et je m’en excuse – de prêter des intentions aussi machiavéliques à Tom Rowe, la façon dont il a congédié Gerard Gallant est plus laide encore. Et elle ouvre toute grande la porte aux questions et doutes associée à ce changement de la garde qui semble vraiment, mais alors là vraiment, injuste et injustifié.