Kristopher Letang avait l'air tellement amoché qu'on craignait que sa saison soit terminée. Et on ne donnait pas plus cher de la peau de son équipe.

Deux jours plus tard, le jeune défenseur avait l'air au sommet de sa forme et ceux qui avaient commencé à creuser la tombe des Penguins de Pittsburgh devraient peut-être penser à mettre leur pelle de côté jusqu'à nouvel ordre.

Les Penguins ont été récompensés pour leur acharnement quand le jeune quart-arrière a déjoué Simeon Varlamov à 11:23 de la première période de prolongation, récoltant une première victoire dans la série qui les oppose aux Capitals de Washington en l'emportant 3-2.

Les Capitals, qui ne méritaient pas la victoire, mènent néanmoins la série 2-1. Le quatrième match aura lieu vendredi.

Contre une équipe qui s'est lancée sur lui dès la dixième minute du match, Varlamov a été tellement dominant qu'on aurait pu lui passer les menottes aux poignets à sa sortie de l'Igloo si Washington en était ressorti victorieux. Mais après une mise en jeu remportée par Sidney Crosby en territoire des Capitals, Letang a décoché un plomb qui a dévié sur un défenseur adverse devant le filet avant de tromper la vigilance du cerbère russe, qui a dû s'avouer vaincu sur le 42e tir qu'il a reçu.

Le défenseur québécois, qui avait semblé se blesser sérieusement à l'épaule à la fin du deuxième match de la série, a terminé la rencontre avec deux points, un différentiel de plus-2 et six tirs au but.

"C'est le but le plus important de ma carrière sans hésitation, a-t-il déclaré. C'est même mon premier en séries", a-t-il ajouté alors qu'il recevait les félicitations de Mario Lemieux, radieux après la victoire de son équipe.

Letang a indiqué que des traitements et du repos lui ont permis de participer au match.

"Je me sentais assez fort juste avant le début du match", a-t-il indiqué.

Critiqué pour son manque d'implication et de productivité lors des deux premiers matchs à Washington, Evgeni Malkin a décidé que personne ne lui ferait la barbe devant ses partisans. Pour la première fois de la série, Geno a éclipsé Alexander Ovechkin avec une grande performance : un but sur neuf lancers au filet en près de 30 minutes passées sur la patinoire.

Sidney Crosby a lui aussi été utilisé à outrance par son entraîneur Dan Bylsma, et le Kid a répondu à l'appel. Il a profité de ses 28 minutes de temps de glace pour amasser deux passes.

Ruslan Fedotenko, qui, avec Maxime Talbot, s'était vu donner la mission d'inspirer Malkin, a lui-même pris les choses en main avec le premier but des siens.

Ovechkin n'a pas mal paru pour autant, participant aux deux buts des siens. Il a marqué le premier et a préparé celui de Nicklas Backstrom, qui a créé l'égalité 2-2 avec deux minutes à faire à la troisième période.

Si son vis-à-vis a été sans cesse tenu en éveil, Marc-André Fleury a été beaucoup moins occupé devant le filet des Penguins. Malchanceux sur les deux buts des Capitals, il a néanmoins réalisé les 21 arrêts dont son club avait besoin pour l'emporter.

Une bombe à retardement

Les Penguins visaient un début de match explosif. C'est plutôt à une implosion que les 17 000 spectateurs réunis au Mellon Arena ont eu l'impression d'assister dans les premiers instants de la rencontre.

Spectaculaire par l'étendue de ses qualités athlétiques depuis le début de la série, c'est avec un brin de chance - comme s'il en avait besoin - qu'Ovechkin a donné les devants aux Capitals dès la deuxième minute du match. La fusée russe a profité d'un mauvais bond sur la bande qui a laissé Fleur bêtement hors-position pour inscrire son huitième filet des séries, son cinquième en sept périodes.

Backstrom a failli doubler l'avance des Caps à mi-chemin dans la période, mais il a été incapable de glisser la rondelle derrière la ligne rouge après avoir contourné en vitesse le filet de Fleury.

Les Penguins ont obtenu leurs premières bonnes chances de marquer lors d'un jeu de puissance peu de temps après. Chris Kunitz s'est fait voler le but égalisateur par Milan Jurcina, qui s'est servi de son long bâton pour faire dévier une rondelle qui s'en allait assurément terminer sa course dans le filet.

Pittsburgh a terminé la période en force, mais Varlamov s'est assuré que son équipe entre au vestiaire avec l'avance. La sensation du présent tournoi printanier a frustré Malkin sur une échappée avec deux minutes à faire, puis a bien couvert ses angles pour empêcher Crosby de compléter avec succès une montée à l'emporte-pièce.

À force d'essayer...

Impénétrable devant les gros canons des Penguins, c'est sur une attaque de deux employés de soutien que Varlamov a montré son premier signe de faiblesse, à mi-chemin dans la rencontre.

Après avoir remporté sa bataille le long de la rampe contre Tomas Fleischmann, Talbot a initié une sortie de zone en refilant le disque à Fedotenko puis a détalé à ses côtés. Arrivé en territoire ennemi, Fedotenko a tenté une passe en direction du Québécois, passe qui a été interceptée par Jurcina. La rondelle est toutefois revenue sur le bâton de Fedotenko, qui n'a pas perdu de temps pour la rediriger derrière Varlamov.

Les Penguins se sont dès lors montrés en plein contrôle de la rencontre et dominaient 23-12 au chapitre des tirs au but au son de la deuxième sirène.

Varlamov a continué à se donner en spectacle au troisième tiers. Après avoir gaffé sur une remise qui a été interceptée par Pascal Dupuis, le portier recrue a fermé la porte à Crosby avant de plonger à sa gauche pour voler Dupuis.

Un peu plus tard, Varlamov en a remis en frustrant Fedotenko sur une échappée.

Malkin a finalement réussi à percer la muraille de son compatriote avec cinq minutes à faire au cadran alors que les Penguins profitaient d'un avantage numérique, mais c'est dans des circonstances similaires que Backstrom a ramené les deux équipes à la case départ. Posté derrière la ligne rouge, le Suédois s'est habilement servi de Fleury pour faire ricocher la rondelle dans le filet.

Avant d'être déjoué par Letang, Varlamov était encore l'homme à battre en prolongation. Fedotenko, Malkin et Crosby, toujours les mêmes, ont tour à tour tenté leur chance, mais sans succès.