QUÉBEC – Marc-Édouard Vlasic n’a pas la langue dans sa poche et c’est tant mieux ainsi. L’excellent défenseur des Sharks de San Jose ne s’est jamais gêné pour critiquer ouvertement la LNH et il n’a pas hésité à le faire de nouveau à l’approche d’un vote important de ses pairs.
 
Ce vote permettra aux joueurs de déterminer s’ils souhaitent rouvrir la convention collective actuelle avant son échéance. Les joueurs doivent aviser la LNH de leur intention au mois de septembre ce qui laisse présager des discussions animées entre les athlètes des 31 formations. S'ils vont de l'avant avec ce scénario, un autre conflit pourrait survenir avant la saison 2020-2021.
 
Vlasic reconnaît la chance qu’il détient dans la vie, mais il déteste profondément un aspect de la convention collective et il s’agit du principal nœud entre les deux clans. C’est la fameuse clause de l’escrow, ce dépôt en fiducie que chaque joueur verse à partir de son contrat pour assurer que les propriétaires puissent toucher la moitié des revenus du circuit Bettman.
 
Ce mécanisme pue carrément au nez de Vlasic. Le défenseur québécois ne parvient pas à s’expliquer pourquoi ce sont les joueurs qui doivent écoper en versant un pourcentage significatif de 15% dans cette formule. Ça le dérange d'autant plus que ce sont les joueurs qui ont effectué les plus gros sacrifices au moment de ratifier le contrat de travail actuel en cédant un pourcentage de leurs revenus.
 
À ses yeux, c’est une évidence que la LNH devrait effectuer un meilleur travail pour « vendre » le hockey et hausser les revenus. Un tel scénario allégerait la pression sur le salaire des joueurs en comparaison à ceux des plus grandes ligues professionnelles en Amérique du Nord. Si Gary Bettman et ses lieutenants avaient été en mesure d’y parvenir, la hausse du plafond salarial aurait été plus significative (81,5 millions après des prévisions autour de 83 millions) pour le calendrier 2019-2020.  
 
L’athlète de 32 ans se laisse tout de même du temps pour réfléchir à son vote. Il comprend que les priorités varient pour bien des joueurs de la LNH. Désormais privilégié d’avoir paraphé un contrat d’envergure, il sait que d’autres patineurs doivent composer avec une précarité qui les incitent à vouloir jouer au lieu de sacrifier des matchs pour arracher des gains aux propriétaires.
 

Mais ça ne veut pas dire que Vlasic est extrême dans ses positions. À titre d’exemple, il comprend que de jeunes joueurs, comme Charlie McAvoy, soient plus limités dans leurs options contractuelles.
 
« Il va avoir son argent éventuellement, il va finir par avoir un gros contrat de sept ou huit ans. Mais, quand il va signer son gros contrat, il va tout de suite en donner 15% à la Ligue. Les directeurs généraux s’en foutent, ce ne sont pas eux qui paient l’escrow », a ajouté Vlasic quand on a cherché à découvrir d’autres irritants.
 
Le gaucher des Sharks a d’ailleurs confirmé que le remboursement de ce dépôt en fiducie survient après un long délai qui tourne autour de trois ans. Rien pour aider les joueurs à accepter ce concept.
 
Vlasic a exprimé ce point de vue rempli de franchise dans le cadre du tournoi Pro-Am Gagné-Bergeron auquel il se fait un plaisir de participer. Il est bien placé pour connaître l’importance de l’implication sociale puisqu’il se dévoue aussi à amasser des fonds pour l’organisme Patro Laval.
 
Rappelons que, par le passé, Vlasic a déversé son fiel sur les dirigeants de la LNH par rapport à leur décision de se retirer des Jeux olympiques.
 
Chiasson est fier de sa persévérance

Alex Chiasson aurait voulu connaître une carrière aussi florissante que celle de Vlasic, mais il a plutôt eu à composer avec plusieurs embûches. Les choses vont nettement mieux pour lui dernièrement, mais on ne l’imagine guère vouloir sacrifier une saison pour des négociations entre l’Association des joueurs et la LNH.
 
C’est qu’il vient enfin de signer un contrat à la hauteur de ses attentes (deux ans selon un salaire annuel de 2,15 millions) avec les Oilers.
 
Alex Chiasson« C’est sûr que ç’a n’a pas toujours été facile pour moi dans les dernières années. S’il y a bien quelqu’un qui a cru en ses moyens, c’est bien moi. Je suis le meilleur exemple de ça dans la LNH. Je ne suis pas toujours tombé à la bonne place au bon moment », a admis Chiasson avec conviction.  
 
« Cette saison, j’ai su faire ma niche et faire preuve de caractère. J’ai obtenu un sommet pour les buts (22) et les points (38), on se fixe tous des objectifs et j’ai toujours souhaité atteindre 20 buts. C’était donc primordial pour moi de retourner à Edmonton », a-t-il enchaîné.
 
Gagnant de la coupe Stanley avec les Capitals de Washington, Chiasson a senti que cette étape a représenté un tournant dans sa carrière. Il veut continuer de le prouver.
 
« Cet été, je travaille beaucoup pour être en mesure de reproduire une saison semblable au niveau des statistiques, c’est important pour moi. Je crois aussi être rendu à une étape dans ma carrière durant laquelle je peux assumer plus de leadership dans le groupe », a noté Chiasson qui remarque le respect que les jeunes lui accordent.
 
Ce ne seront assurément pas les Oilers qui vont s’en plaindre. Avec les changements au sein de la direction (dont l’arrivée de Ken Holland comme directeur général et celle de Dave Tippett comme entraîneur-chef), la formation albertaine ne veut plus continuer de décevoir.
 
« On a du travail à faire comme équipe évidemment. On n’est pas au même niveau que certaines organisations dans la LNH. On doit mieux se débrouiller avec la qualité de nos joueurs », a conclu celui qui également a appartenu aux Stars, aux Sénateurs, aux Flames et aux Capitals.