Blake Wheeler a récemment reçu un message texte de son père.

 

Dans ce message, James Wheeler a raconté à son fils ce que c'était que de grandir à Detroit à la fin des années 1960, alors que les États-Unis étaient aux prises avec des émeutes raciales et de profondes divisions au sein de sa société.

« Ma génération n'a pas compris, a écrit James Wheeler. Espérons que la tienne comprendra. »

C'est pourquoi Blake Wheeler ne compte plus se taire. Le capitaine des Jets de Winnipeg regrette de ne pas avoir pris la parole plus tôt.

Il veut maintenant utiliser son statut d'athlète professionnel blanc pour s'attaquer au racisme et aux inégalités sociales.

Après avoir publié une lettre sur son fil Twitter pendant la fin de semaine suivant la mort de George Floyd et les manifestations qui ont suivi à travers les États-Unis, le capitaine des Jets de Winnipeg a affirmé mardi lors d'une vidéoconférence qu'on « ne peut plus se taire désormais ».

Wheeler a affirmé que la mort de Floyd la semaine dernière, ainsi que celle d'Ahmaud Arbery plus tôt cette année, l'ont convaincu de prendre la parole et d'aborder le sujet du racisme.

« Je n'ai pas fait un suffisamment bon travail par le passé, a dit Wheeler, qui a grandi en banlieue de Minneapolis. Je ressens ça depuis très longtemps et je ne vais pas prétendre que c'est facile de le faire. Ce n'est pas un sujet facile à aborder. »

Mais il va en parler: sur les réseaux sociaux, aux journalistes, même à sa jeune famille.

Wheeler et sa conjointe, Sam, ont trois enfants. Les deux plus jeunes ne comprendront pas ce qui se passe, mais Louie, 7 ans, oui.

« Ils ont vu George Floyd mourir à la télévision, a souligné Wheeler. Louie nous a demandé pourquoi le policier restait sur son cou. J'ai dû expliquer à un garçon de 7 ans qui croit que la police est là pour nous protéger que ce n'est pas toujours le cas. C'est une conversation très difficile. »

Wheeler se sent aussi coupable. Il a regardé avec le reste du monde du sport en 2016 quand le quart des 49ers de San Francisco Colin Kaepernick a commencé à mettre un genou au sol pendant l'hymne national afin de protester contre la brutalité policière et les injustices raciales.

« Nous devons être aussi impliqués que cet athlète noir, a dit Wheeler. Ça ne peut pas être que leur combat.

« Je regarde dans le miroir avant de me tourner vers tout le monde. J'aurais dû m'impliquer avant. J'aurais aimé ne pas avoir mis aussi longtemps avant de poser un geste concret. J'imagine que je ne peux que tenter d'être meilleur à partir de maintenant. »

Plusieurs joueurs de la LNH ont publié des messages similaires sur les réseaux sociaux au cours des derniers jours, dont Evander Kane, qui est noir, Jonathan Toews, Auston Matthews, Tyler Seguin et Steven Stamkos.

La LNH, l'Association des joueurs de la LNH, l'association des entraîneurs de la LNH, la majorité des équipes, Hockey Canada et USA Hockey ont aussi publié des messages condamnant le racisme.

Au hockey, le racisme a été soulignée par Akim Aliu et sa relation avec l'ex-entraîneur des Flames de Calgary Bill Peters il y a une dizaine d'années, dans les ligues mineures. Wheeler, qui a joué avec Kane et Dustin Byfuglien chez les Jets, dit n'avoir jamais été témoin de racisme dans la LNH. Mais il se souvient d'un épisode concernant un coéquipier au hockey mineur.

« Des choses se sont produites au moment d'échanger des poignées de main avec l'équipe adverse. De voir à quel point ça lui a fait mal m'a profondément marqué. »

Le policier Derek Chauvin, qui est âgé de 44 ans, et trois autres agents de Minneapolis ont été congédiés à la suite du décès de Floyd. Chauvin a été accusé de meurtre non prémédité et d'homicide.

Deux hommes blanc ont été arrêtés le mois dernier en lien avec le décès par balles d'Arbery, un homme noir qui faisait du jogging en Georgie. La police de Louisville s'est aussi retrouvée sous les projecteurs à la suite de la mort de Breonna Taylor à son domicile, en mars.

Malgré les manifestations des derniers jours et les affrontements parfois violents avec les autorités, Wheeler est fier de la façon dont Minneapolis-St. Paul a réagi, autant dans la façon de s'insurger contre le racisme et la brutalité policière que de la façon dont la communauté s'est serré les coudes pour reconstruire après le passage de casseurs.

Par-dessus tout, Wheeler garde espoir.

« Malgré l'anxiété et la peur, je suis optimiste et j'ai espoir en l'avenir. Je suis confiant que ma génération et celle de mes enfants sauront changer la situation afin que nous ayons droit à des jours meilleurs. »