L'attaquant du Lightning de Tampa Bay Mathieu Joseph vient de célébrer la conquête de la Coupe Stanley pour une deuxième fois en moins d’un an.

Contrairement à 2020, l'ancien des Gaulois de St-Hyacinthe a pu partager ce moment à son retour au Québec pour la première fois en deux ans, notamment dans la ville qu'il a représentée au niveau midget AAA.

« J'ai pas vraiment de mot en ce moment. Je vois du monde que ça fait longtemps que je n'ai pas vu. Des coachs, des profs qui étaient à l'école ici, des amis de longue date. C'est pas mal indescriptible honnêtement », a déclaré Joseph à RDS.

Contrairement à la bulle à Toronto où il n'a pas joué, Joseph a été employé lors de six matchs éliminatoires cet été, dont quatre en finale contre le Canadien de Montréal.

Déjà deux fois champion à l'âge de 24 ans, pas évident de retomber de son nuage.

« J'ai de la misère à y croire honnêtement. Je ne pense pas que je réalise encore. Il n'y a pas longtemps, à 10-15 ans, je rêvais d'une journée comme ça. Si je peux voir ce monde ici, et un peu aider la communauté qui m'a aidé à me rendre où je suis, c'est un plaisir pour moi. »

« Quand tu as du support autour de toi, et que tu es passionné par quelque chose, que tu as un rêve, si tu veux le réaliser, de un, il ne faut jamais abandonner. Des fois quand tes parents te le disent, tu n'y crois peut-être pas autant que quelqu'un qui t'as inspiré. Je pense que l'éthique de travail et l'engagement, c'est énormément important. »

Bref, c’était une journée marquante pour Mathieu et la famille Joseph, qui fait bien sûr saliver son jeune frère Pierre-Olivier, qui joue dans l'organisation des Penguins de Pittsburgh.

« Juste de le voir avec la Coupe Stanley, ça me donne des frissons », dit Pierre-Olivier. « Ça me donne le goût d'être là et de compétitionner pour avoir ce beau trophée-là. »

« Je connais mon frère, il n’y a aucune jalousie, on est vraiment proche », précise Mathieu. « La seule affaire qu'il fait, c'est qu'il ne touche pas à la coupe! Il ne veut pas y toucher. »

Avec les départs de Blake Coleman vers Calgary, de Tyler Johnson vers Chicago et de Yanni Gourde vers Seattle, l’occasion est belle pour Mathieu Joseph d’obtenir un poste régulier avec le Lightning, qui visera une troisième coupe Stanley consécutive.

Un modèle pour les jeunes

Joseph s'est également déplacé à Montréal-Nord, dimanche matin.

La centaine de personnes qui avaient reçu une invitation étaient là, bien avant l'heure prévue de l'ouverture des portes de l'événement. Une file, composée des joueurs de l'organisation du hockey mineur de Montréal-Nord et de leurs parents, serpentait l'aréna Fleury dimanche matin dans l'attente du joueur et du précieux trophée.

« En tant que personne de couleur aussi, je veux leur montrer que tu peux te rendre loin avec la persévérance », a commenté l'athlète qui a encouragé les jeunes à trouver leur passion et à « se faire confiance à 100 % ».

La mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, a invité l'attaquant à venir signer le livre d'or de l'arrondissement et à présenter la coupe Stanley.

Mme Black ne cache pas que la pandémie a occasionné son lot de défis pour les jeunes du quartier, notamment sur le plan de la motivation scolaire.

« Aujourd'hui, c'est un moment privilégié pour leur envoyer un message. Pour leur dire qu'on croit en eux et qu'on veut qu'ils réussissent. Mathieu Joseph l'incarne parfaitement avec son discours de persévérance. C'est un honneur pour nous de le recevoir », a-t-elle expliqué aux journalistes.

Le co-fondateur de l'organisme Hoodstock, Will Prosper, qui a récemment annoncé qu'il se lance dans la course à la mairie d'arrondissement de Montréal-Nord pour le parti Projet Montréal, était également présent.

Il voit en Mathieu Joseph un symbole de réussite pour les jeunes et dit même se reconnaître dans l'athlète professionnel, ayant lui-même beaucoup joué au hockey.

« Moi, c'était un des rêves que j'avais aussi quand j'étais plus jeune, dans ce même aréna, de vouloir gagner une coupe Stanley. Je suis content de voir qu'il y en a qui sont très persévérants et qui arrivent assez loin dans leurs accomplissements. »

« Je pense aussi à Luguentz Dort, à Chris Boucher. Il y a deux ans quand [les Raptors] ont gagné justement, j'étais là aussi avec Chris, a mentionné celui qui se souvient du jour où le joueur de basket-ball basketteur professionnel était venu présenter le trophée de la NBA aux jeunes de la communauté. De voir qu'il y a autant de talent qui sort d'un endroit comme Montréal-Nord, c'est une très grande fierté. »

Mme Black constate aussi le potentiel des jeunes sportifs de son arrondissement qui se sont classés deuxièmes aux plus récents Jeux de Montréal et se montre fière d'être témoin de la résilience dont ses concitoyens font preuve en toutes circonstances.

« Ceux qui habitent Montréal-Nord savent pertinemment qu'il se passe plein de belles choses ici. Bien entendu, on a nos défis. On ne le nie pas. Mais, en même temps, il y a une communauté tissée serrée ici, très solidaire. On le voit avec la grand-mère [de Mathieu] qui était là, le père et toute la famille présente. Ce matin était à l'image de Montréal-Nord. »

La doyenne de la famille et grand-maman du joueur vedette, Agnès Charles, a réussi l'exploit de captiver un auditoire qui n'en avait a priori que pour la fameuse coupe Stanley. L'ancienne enseignante à l'école secondaire Calixa-Lavallée a lu un vibrant hommage à son petit-fils avant que celui-ci ne soit assailli par les demandes de photos et d'autographes.

Âgé de 24 ans, Mathieu Joseph est né à Laval et a grandi à Montréal-Nord jusqu'au début de son adolescence, avant de déménager sur la Rive-Sud de Montréal où il a évolué au sein de plusieurs formations.