SECTION SPÉCIALE GUY CARBONNEAU

Mike Modano a bien essayé, mais il n’y avait souvent rien à faire. Même à l’entraînement, Guy Carbonneau n’allait pas lui laisser la moindre chance. Pas question de perdre une mise en jeu, peu importe le contexte.

« [C’était comme ça] chaque jour, un vieil entêté! », s’est remémoré avec amusement Modano, en entrevue à l’émission On jase, à l’aube de l’intronisation de son ex-coéquipier des Stars de Dallas au Temple de la renommée du hockey.

« Il détestait perdre des mises en jeu à l’entraînement. Il détestait perdre, point. [...] C’était ça Carbo; un pur compétiteur. »

C’était surtout ce dont avaient besoin les Stars pour s’approcher d’un titre lorsqu’ils ont fait l’acquisition de Carbonneau des Blues de St Louis au début de la campagne 1995-1996.

« On pensait être de bons leaders jusqu’à ce que Guy s’amène dans le vestiaire. On a vite réalisé qu’il était à un autre niveau, que ce soit dans sa préparation ou sa façon de se comporter sur la patinoire et à l’extérieur de celle-ci. Il détestait perdre, il détestait se faire battre et il détestait accorder un but. Il voulait tout simplement être le meilleur joueur chaque fois qu’il était sur la patinoire. Son arrivée nous a permis de réaliser que nous n’étions pas encore une équipe exceptionnelle. »

C’est finalement ce qu’ils sont devenus en 1999 en raflant les grands honneurs, notamment grâce à la contribution de Carbo et d’autres anciens Canadiens – Craig Ludwig, Mike Keane et Brian Skrudland – avec qui il a remporté la coupe Stanley.

« Ces gars avaient déjà baigné dans un environnement gagnant et savaient ce que ça prenait pour gagner la coupe Stanley; le dévouement et les sacrifices. On savait que nous étions proches, mais il nous manquait quelque chose. Quand on a vu comment ces gars-là se comportaient au quotidien, leur niveau de jeu et leur capacité à jouer blessés, ça nous a ouvert les yeux », a relaté Modano.

Carbo, le beau-père

Or, qui dit expérience dit nécessairement âge, ce qui a occasionné une situation cocasse dans le vestiaire des Stars, alors que Carbo y est devenu le beau-père de son jeune coéquipier Brenden Morrow.

« Dès que ça c’est su que Brendan fréquentait Anne-Marie (la fille de Carbonneau), on s’est mis à taquiner Carbo. Il avait le visage rouge et semblait bouillir de l’intérieur sans trop savoir quoi dire.

« Mais je crois que Brenden haïssait ça encore plus parce que pendant que Carbo était l’objet de ces taquineries, il ne pouvait qu’observer tout en tentant de se cacher. Les gars étaient sans pitié. Il n’y avait pas un jour qui passait où ils ne rappelaient pas à Carbo que sa fille fréquentait un de ses coéquipiers. »

Carbo, l’intronisé

Modano se réjouit par ailleurs de voir son ex-coéquipier récipiendaire de trois trophées Selke le rejoindre au Temple.

« Ses statistiques dans le junior sont incroyables, mais il a dû modifier son style de jeu pour atteindre la LNH et c’est ce qu’il a fait. Il est parvenu à s’épanouir dans ce rôle », a noté Modano, qui en plus de Carbonneau, verra son autre ancien coéquipier Sergei Zubov le rejoindre au Temple.

« Auparavant c’était surtout une question de longévité, de chiffres, de matchs joués, d’honneurs individuels et de coupes Stanley gagnées. Dorénavant, ce sont les joueurs qui ont eu un impact sur le sport et pas seulement les joueurs offensifs avec d’impressionnantes statistiques. C’est bien qu’on reconnaisse aujourd’hui que ces joueurs étaient tout aussi importants que les marqueurs de but. On ne pouvait pas gagner sans ce type de joueurs. »

En 18 saisons dans la LNH avec le Canadien, les Blues et les Stars, Carbonneau a disputé 1318 matchs de saison régulière, amassant 260 buts et 403 passes. En 231 rencontres éliminatoires, l’homme maintenant âgé de 59 ans a récolté 38 buts, 55 passes et soulevé la coupe Stanley à trois reprises.