La réussite du repêchage virtuel de la Ligue nationale de football et l'incertitude entourant la reprise du hockey cette saison ont mené à un scénario où la séance de sélection annuelle de la LNH pourrait avoir lieu avant la présentation de la finale de la Coupe Stanley.

Après avoir reporté, dans la foulée de la pandémie de coronavirus, le repêchage qui devait avoir lieu les 26 et 27 juin au Centre Bell, la LNH envisagerait de le présenter plus tôt en juin pendant que la saison serait suspendue indéfiniment.

Les opinions sont partagées parmi les dirigeants d'équipes, variant de la frustration à une acceptation à contrecoeur.

« Nous allons devoir essayer de nous préparer comme si ça va arriver », a déclaré le directeur général des Maple Leafs de Toronto, Kyle Dubas.

« Peu importe la manière, ça ne sera pas normal et nous sommes à l'aise avec la décision qui sera prise, peu importe ce qu'elle sera. »

Contrairement à la NFL, qui a tenu sa séance de sélection au milieu de son entre-saison comme c'est toujours le cas, la LNH serait confrontée à des situations inhabituelles en organisant son repêchage avant que la saison ne soit complétée.

Par exemple, les équipes ne pourraient pas échanger de joueurs; on ferait face à un manque de netteté au sujet du plafond salarial en vue de la prochaine saison; l'ordre du repêchage pourrait être déterminé avant que toutes les parties aient été jouées.

Ça ramènerait le hockey à l'avant-scène pendant deux jours. Ça provoquerait aussi beaucoup de maux de tête pour les gens concernés.

« Il n'y a pas un directeur général à qui j'ai parlé qui aime ça, et je parle à presque chacun d'entre eux », a affirmé l'agent Allan Walsh, jeudi.

Une semaine après que la ligue eut envoyé un avis pour faire part de la suggestion, le commissaire adjoint Bill Daly a déclaré vendredi qu'aucune décision n'a été prise au sujet du moment où aura lieu le repêchage. Les directeurs généraux ont demandé un avis préalable d'un mois avant la tenue de la séance de sélection.

« Je me dis 'Pourquoi feriez-vous ça? Pourquoi avez-vous besoin de faire ça?' », a déclaré le directeur général des Red Wings de Detroit, Steve Yzerman, à une station de télévision locale.

« Je n'ai pas entendu une bonne raison pour laquelle nous devrions le tenir avant la fin de la saison si, en effet, nous terminons la saison pendant l'été. »

En fait, les Red Wings pourraient retirer des dividendes d'une loterie modifiée qui leur donnerait de meilleures chances d'obtenir le premier choix, qui sera probablement Alexis Lafrenière. Toutefois, il a relevé de nombreux inconnus, notamment qui participe ou non aux séries éliminatoires et de quelle manière l'ordre du repêchage sera déterminé.

Il y a aussi la question du plafond salarial en 2020-2021, qui avait été projeté à 84 millions $US mais qui pourrait s'établir au chiffre actuel de 81,5 millions $ US ou moins.

« À part le fait de choisir des joueurs pendant sept rondes, le repêchage répond à plusieurs besoins pour les directeurs généraux car ça leur donne les outils pour bâtir leur formation pour l'année suivante », a fait remarquer Walsh.

« Les équipes qui s'approchent du plafond salarial – comme Toronto, Tampa Bay – vont devoir se départir d'au moins un gros contrat pour que ça fonctionne. Et le moment pour le faire, c'est au repêchage. Mais vous ne pouvez pas le faire selon un scénario de première ou deuxième semaine de juin lorsque vous ne savez pas si la saison va être annulée ou si nous allons réellement revenir et jouer. »

Daly a également fait savoir que la LNH n'avait pas encore décidé du moment où elle permettra aux joueurs de retourner aux complexes d'entraînement des équipes pour des sessions réservées à de petits groupes, ce qui serait la première étape vers un retour.

La ligue continue de travailler à l'interne et en collaboration avec l'Association des joueurs de la LNH sur divers scénarios, incluant une relance dans trois ou quatre arénas de la LNH sans la présence de spectateurs et le report du début de la prochaine saison au mois de décembre.

Avec tout ça en tête, le directeur général des Kings de Los Angeles, Rob Blake, dit que son équipe est très à l'aise avec la tenue d'un repêchage en juin ou plus tard. Plusieurs de ses collègues voient les choses du même oeil.

« La chose dont nous sommes certains, c'est qu'il n'y aura pas de statu quo. Donc, que ce soit avant en juin ou plus tard, il faudra faire les ajustements nécessaires. »