Au cours de sa carrière de neuf saisons dans la LNH, le défenseur québécois Marc-André Bergeron a vécu des moments extraordinaires mais aussi plusieurs grandes frustrations, surtout ces dernières années. Aujourd’hui âgé de trente-trois ans, il a retrouvé le plaisir de jouer au hockey, à Zurich en Suisse.

« C’est un choix que l’on a fait en famille, mon épouse Isabelle et moi. J’étais fatigué de la bullshit continuelle que l’on te sert dans la Ligue nationale. Au début de ta carrière, tu es prêt à accepter plus de choses et relever certains défis. J’ai trouvé ça difficile l’an passé, mais surtout il y a deux ans. Je connaissais une très bonne saison puis je me suis blessé. À mon retour au jeu, j’ai joué une partie et j’ai ensuite fini la saison sur le banc, sans jamais recevoir d’explications, explique-t-il à l’autre bout du fil. Heureusement, j’avais vraiment de très bons amis à Tampa. Martin St-Louis et Vincent Lecavalier m’ont beaucoup aidé à passer à travers ces moments difficiles », ajoute Bergeron sans jamais oser mentionner le nom de Guy Boucher.

« Y’a pas de doutes, ma femme et moi, on a fait notre deuil de la LNH. J’aime ça jouer au hockey et c’est ça que j’ai retrouvé ici. Imagine, je joue en désavantage numérique, ça fait des années que ça ne m’étais pas arrivé! Comme joueur, tu veux contribuer et te sentir important dans l’équipe. Zurich est une excellente organisation et Marc Crawford apporte à lui seul un aspect très professionnel qui se rapproche de la LNH, point de vue hockey. »

Au-delà de l’aspect professionnel, l‘ancien défenseur du Canadien peut profiter d’une qualité de vie exceptionnelle en Suisse. Lors de notre entretien téléphonique, la petite famille revenait d’un week-end à Paris. Au début de la saison, le couple et ses deux enfants ont passé quelques jours à Milan et ils projettent d’aller visiter Londres lors du prochain congé des Lions. « Notre fille Sofia de six ans est en première année, ils sont onze élèves dans sa classe avec deux professeurs alors que Frédéric, notre fils de quatre ans, est en pré-maternelle dans un groupe de treize jeunes avec deux enseignantes. À la fin de mon contrat dans trois ans, ils vont parfaitement parler français, anglais et allemand, en plus d’avoir vécu dans une autre culture et visité plusieurs pays. C’est le plus cadeau que je pouvais leur faire. »

En vingt-quatre matchs dans la Ligue de Suisse, l’athlète originaire de Trois-Rivières a amassé quatre buts et douze passes pour un total de seize points, des statistiques qui se rapprochent de celles qu’il compilait dans la LNH. En plus, son différentiel de plus douze le place au quatrième rang de la ligue.

Seul aspect négatif, les Bergeron viennent de perdre de bons amis avec le retour au Québec de Guillaume Latendresse et Annie Villeneuve. « On avait joué ensemble à Montréal et ça fait longtemps qu’on se connaît. Nos femmes s’entendent bien aussi mais Guillaume n’avait pas le choix de penser à sa santé. »

Même s’il n’a jamais été repêché par un club de la LNH, le petit défenseur de cinq pieds et neuf pouces peut regarder ce qu’il a accompli avec fierté. Il a décidé de quitter le circuit Bettman malgré le fait qu’un club avait déposé une offre intéressante sur la table alors qu’il ne lui manquait que dix parties pour atteindre le plateau de cinq cents en carrière. Or, malgré une production de 235 points et une apparition en finale de la coupe Stanley en 2006 avec les Oilers, il s’est retiré en gardant un petit goût amer en bouche. « Je suis content de ma carrière. Toutefois, je n’ai jamais réussi à atteindre ce que je voulais. Comme joueur, tu te crées involontairement une étiquette », explique-t-il sans rancune… et dans son cas, cette étiquette était celle d’un spécialiste de l’avantage numérique avec des lacunes en défensive. On pourrait aussi et surtout lui donner l’étiquette de l’athlète qui n’a jamais abandonné et qui a réussi à atteindre son rêve malgré les embûches.