MONTRÉAL – Dans l’anesthésie générale qui a engourdi le vestiaire des Golden Knights de Vegas après l’annonce du congédiement de Gerard Gallant, Jonathan Marchessault est peut-être celui qui a ressenti le plus gros buzz.

 

Les deux hommes sont unis par un lien particulier. C’est sous les ordres de Gallant que le Québécois s’est taillé un poste avec les Panthers de la Floride et a disputé sa première vraie saison complète dans la Ligue nationale, en 2016-2017. C’est aussi grâce à ses recommandations si les Golden Knights l’ont sélectionné au repêchage d’expansion l’année suivante.  

 

« Rien de mauvais à dire sur Gerard »

Vendredi après-midi, pendant que les caméras étaient braquées sur Max Pacioretty dans le vestiaire des visiteurs du Centre Bell, Marchessault a commenté avec sa franchise habituelle les bouleversements qui ont secoué son équipe au cours des derniers jours.

 

« Je pensais que s’il y en avait un qui était safe dans toute la ligue, c’était lui. Finalement, ce n’était pas lui. Je pense qu’il y a 30 autres équipes qui devraient essayer d’aller le chercher aujourd’hui », a commenté l’orgueil de Cap-Rouge, visiblement encore un peu assommé, après le premier entraînement dirigé par Peter DeBoer.

 

À 29 ans, Marchessault ne mérite peut-être pas encore le qualificatif de vétéran, mais il n’est plus le jeune blanc-bec qu’il a déjà été. Il a vu neiger, assez pour comprendre que la Ligue nationale est un univers particulier où les conventions sont souvent laissées à l’entrée du vestiaire. Il était d’ailleurs avec les Panthers le 27 novembre 2016 quand, après une défaite en Caroline, Gallant avait été démis de ses fonctions et avait été photographié en train de partir pour l’aéroport en taxi. Il croyait alors avoir tout vu.

 

« C’était bizarre la première fois en Floride, mais c’est encore plus bizarre là », s’est-il officiellement ravisé depuis.

 

Les Knights ont amorcé l’année 2020 en tête du classement de la division Pacifique et Gallant avait reçu son invitation pour être derrière le banc au match des étoiles à la fin janvier. Mais Vegas a perdu quatre matchs de suite et s’est provisoirement retrouvé à la traîne dans la très compétitive Association Ouest. Le directeur général Kelly McCrimmon a jugé qu’il était de son ressort de stopper cette glissade.

 

« À moment donné, quatre de suite, c’est pas le bouton de panique non plus, s’est opposé Marchessault en prenant soin de peser ses mots. Pour moi, personnellement, c’est une décision qui était douteuse, qui était surprenante pour tout le monde. Mais ça fait partie de notre monde. »

 

La veille de leur entraînement à Montréal, les Golden Knights ont fait un premier pas dans la bonne direction en battant les Sénateurs à Ottawa. Les deux points ainsi amassés leur ont permis de revenir parmi les équipes repêchées dans l’Ouest.

 

« On est inconstant dans l’ensemble, mais ce n’était pas si grave que ça, défendait Marchessault. On a beaucoup de gamers dans notre vestiaire et on n’a pas peur d’avoir du succès en séries. On sait que si on rentre dans les séries, on va faire des dommages et on va faire un bout de chemin. On a l’équipe pour ça. »

D’ennemi à allié

Si les derniers jours ont été confus pour les joueurs des Golden Knights, ils l’ont été tout autant pour leur nouvel entraîneur. En avril dernier, DeBoer s’était engagé dans une acerbe guerre de mots avec Gallant alors que leurs équipes respectives se livraient une bataille sans merci en séries éliminatoires. DeBoer avait reproché à Gallant d’adresser la parole à ses joueurs, Gallant avait répliqué en le traitant de « clown ».

L’un se retrouve maintenant successeur de l’autre, 35 jours après avoir été lui-même envoyé au chômage.

« Le premier jour était assurément un peu étrange, a admis DeBoer après avoir retiré ses patins. Enfiler cet uniforme et m’adresser aux joueurs, avec l’historique qui existe entre nous, vous savez? Mais maintenant qu’on a tous un match derrière la cravate, j’apprends à connaître les gars au-delà du numéro derrière leur maillot et pour moi, tout ce qui s’est passé avant n’a plus d’importance. »

Les Golden Knights ont tenu un entraînement assez étoffé à la veille de leur affrontement contre le Canadien. C’est genre de séance qu’on voit moins souvent à ce stade de la saison, mais DeBoer souhaite profiter de chaque minute à sa disposition pour familiariser ses hommes à ses principes. Le contexte dans lequel il débarque – les Knights disputeront samedi le troisième d’une séquence de huit matchs sur la route entrecoupée par la présentation du match des étoiles – lui donnera la latitude nécessaire pour le faire, croit-il.

« Il ne manque pas grand-chose. Ces gars-là forment une bonne équipe depuis un bon moment et je crois qu’il leur faut juste laisser passer la tempête et tenter de trouver un peu de constance. Je peux peut-être apporter quelques ajustements ici et là, mais je crois que ce groupe a assez de caractère pour trouver un moyen de s’en sortir. »

« Ça a l’air d’un gars très réfléchi, un gars qui pense la game, a trouvé Marchessault, sans mauvaise foi malgré la déception. C’est sûr qu’il n’arrive pas ici pour tout changer. C’est juste une question de mettre un peu les points sur les « i », il y a des petits ajustements qu’il voulait qu’on fasse. C’est ça qu’on a pratiqué aujourd’hui. »