Il n'y a pas qu'à Montréal qu'on parle du gardien des Flyers Michael Leighton, à Philadelphie aussi son nom se retrouve sur toutes les lèvres. Plusieurs chroniqueurs américains ont consacré leur plume au cerbère orange, du nombre, Phil Sheridan du "Philadelphia Inquirer".

Michael Leighton volait l'attention des principaux médias en raison de son histoire un peu folle, mais c'est maintenant des matchs que le gardien s'est mis à voler.

Leighton célèbre aujourd'hui son 29e anniversaire. Il peut aussi célébrer ses deux jeux blancs consécutifs, un exploit réalisé pour la dernière fois par un gardien des Flyers nommé Bernard Parent.

Ce jeu blanc était toutefois infiniment plus impressionnant que le premier puisque, cette fois, le jeune homme a été la seule raison empêchant les Flyers de se retrouver rapidement en déficit d'au moins un but.

« Il a répondu à la commande, a confessé Chris Pronger. Ça rend la tâche beaucoup plus facile et tu parais beaucoup mieux quand ton gardien fait les arrêts. »

Il faut donc maintenant ajouter Lights Out Leighton à la longue liste de raisons qui pourraient rendre le périple des Flyers vers la Coupe bien réel. Il est, à l'image de Brad « Lights Out » Lidge chez les Phillies, la dernière ligne de défense d'une équipe qui semble avoir tout ce qu'il faut pour accéder aux grands honneurs.

Aucune formule mathématique ne pourrait calculer l'improbabilité de ce qui est en train de se produire. Après avoir alloué trois buts dans les 15 premières minutes du septième match face aux Bruins il y a cinq jours à peine, les Flyers ont marqué 13 buts et alloué aucun.

« C'est vraiment bien d'avoir obtenu le jeu blanc, mais la victoire est encore bien plus satisfaisante, a avoué Leighton. On aurait gagné 3 à 1 et j'aurais été très heureux aussi. »

La défense en tant qu'unité est très importante, mais parfois le hockey se résume à un franc-tireur et à un gardien. Leighton s'est retrouvé dans cette situation à plusieurs reprises mardi soir… et il a été parfait.

« Michael Leighton a sauvé notre match en première période, a concédé l'entraîneur-chef Peter Laviolette après la rencontre. Nous avons accordé beaucoup trop de chances de marquer. Nous n'étions pas bien préparés ni mentalement ni physiquement et nous avons été dominés. Notre gardien a fait plus que sa part et nous avons trouvé le fond du filet grâce à l'avantage numérique. »

Lors des deux premières rondes, Michael Cammalleri a été le buteur le plus prolifique de la LNH. Pas Sid ou Ovie, pas Patrick Kane et encore moins Joe Thornton. Cammalleri a marqué 12 buts en 14 matchs permettant au Canadien de créer la surprise en éliminant coup sur coup les Capitals et les Penguins.

Hier soir, pendant un avantage numérique au premier vingt, Cammalleri a obtenu trois chances incroyables de marquer. Le franc-tireur du Canadien était situé juste devant Leighton, l'endroit exact où celui-ci a causé la majorité des dégâts qui lui sont attribuables. L'homme masqué s'est dressé tel un mur à trois reprises et en a rajouté à la deuxième période lorsque l'attaquant du Canadien s'est présenté seul devant lui après avoir causé un revirement.

« Michael était notre meilleur joueur sur la glace ce soir », a simplement dit le franco-ontarien Claude Giroux.

Giroux parle ici d'un gars qui a porté sept uniformes différents dans la ligue sans jamais vraiment obtenir une chance de s'imposer comme numéro un. Dans un circuit qui recherche des gardiens comme les quarts-arrières le sont dans la NFL, ça veut tout dire. Puis, un de ces jours, vous n'êtes plus un de ces jeunes prometteurs et vous réalisez que vous n'avez jamais vraiment atteint le sommet.

Cela démontre également à quel point, parmi tous ceux qui ne se sont jamais taillé un poste dans la ligue, au moins une poignée d'entre eux sont capables de faire plus que ce qui leur a été permis de faire au cours de leur carrière. Puis, viens le moment où ils abandonnent ou celui où ils sont devenus trop vieux et décident de passer à d'autres choses.

Leighton était rendu à ce point dans sa carrière. Libéré par les Hurricanes de la Caroline en décembre, il jonglait avec l'idée de signer un contrat avec une équipe professionnelle russe. Le gardien a une femme et deux jeunes enfants et se retrouver dans cette situation aurait été difficile pour tout le monde. C'est alors que Ray Emery s'est blessé sérieusement et que les Flyers ont réclamé la nouvelle coqueluche des Flyers au ballottage.

Personne ne pouvait se douter qu'il s'agissait là du mouvement de personnel le plus important de la saison. Quand Brian Boucher s'est blessé contre Boston, le désastre semblait inévitable, mais Leighton s'est levé et permis aux Flyers de combler un déficit de 0-3.

« Leights a repris exactement là où Boosh en était », a dit Pronger.

Leighton ne sera assurément pas parfait tous les soirs. Alors que la série se déplace à Montréal, les Flyers peuvent s'attendre à affronter une équipe vraiment désespérée qui n'a cessé de causer la surprise jusqu'ici en séries.

En plus, ce n'est pas comme si une avance de 2-0 garantissait quoi que ce soit et les séries 2010 se sont chargées de nous le rappeler.

« Les deux équipes qui s'affrontent présentement savent pertinemment qu'une avance peut être effacée assez rapidement, a laissé glisser Daniel Brière. Nous avons comblé un retard et Montréal l'a fait de son côté aussi. La pire chose que nous pourrions faire est de s'asseoir sur nos lauriers et nous n'avons pas l'intention de le faire. »

L'improbable retour des Flyers face aux Bruins a trouvé sa source dans le fait que les joueurs croyaient dur comme fer qu'ils avaient mieux joué que leurs adversaires au cours des premiers matchs. Ils étaient convaincus que s'ils continuaient de travailler fort, les résultats suivraient. Ils avaient raison.

Le Canadien a donc toutes les raisons du monde de croire la même chose après sa performance du second match. Toutefois, il y a une différence et cette différence s'appelle Lights Out Leighton.

Les Flyers savaient qu'ils pouvaient marquer contre Tuukka Rask et ils savent qu'ils peuvent percer Jaroslav Halak.

Toutefois, jusqu'ici, le Canadien n'a pas été capable de trouver le fond du filet contre Leighton, pas même une seule petite fois. Comme le dit si bien la LNH : l'histoire s'écrira.

Selon un texte de Phil Sheridan paru dans le Philadelphia Inquirer.