MONTRÉAL - Mike Keenan dit s'être assagi avec le temps, mais il ne peut se défaire de la réputation de dur qu'il traîne depuis presque un quart de siècle. Difficile de croire, au contact du vice-doyen des entraîneurs de la LNH après Jacques Lemaire, qu'il soit un tyran.

Contrairement à l'ancien pilote du Lightning de Tampa Bay, John Tortorella, l'entraîneur des Flames de Calgary est de commerce agréable avec les journalistes, en plus d'être un bon vendeur. Mardi, il a même baragouiné quelques mots en français au terme de l'entrevue qu'il leur a accordée.

D'entrée de jeu, Keenan a assuré qu'il y a jamais eu de mésentente avec Alex Tanguay. Pourtant, c'est un secret de polichinelle que l'ailier gauche a accepté de passer au Canadien, en juin dernier, parce que les relations avec Keenan étaient embrouillées.

"Alex jouait autant sinon davantage avec nous, la saison dernière, qu'avec le Canadien, a-t-il avancé. Il était sur le premier trio et je l'utilisais sur la deuxième unité en supériorité numérique. Il jouait de plus en infériorité, ce qui n'est pas le cas à Montréal.

"Il était frustré de son manque de production à l'attaque, mais il obtenait la chance de se faire valoir et de jouer un rôle important dans l'équipe."

Keenan s'est dit heureux de constater que Tanguay connaît du succès chez le Tricolore.

"Il a connu un bon début de saison et ça ne me surprend pas. C'est un joueur orgueilleux et expérimenté, il a gagné la coupe Stanley au Colorado. Son expérience est assurément un atout pour le Canadien."

Il a aussi eu de bons mots à l'endroit de son homologue Guy Carbonneau, qu'il a dirigé à la barre des Blues de St. Louis en 1994-95.

"Le dernier match que j'ai regardé à la télé (Devils-Canadien, samedi), Brent Sutter et Guy Carbonneau étaient derrière les bancs. Je les ai dirigés tous les deux. Faites l'exercice et vous constaterez que j'ai dirigé la moitié des entraîneurs actuels, sinon davantage. Je ne sais pas trop comment interprétrer ça. Peut-être suis-je en poste depuis trop longtemps?", a-t-il ajouté, en esquissant un sourire.

Sérieusement, l'entraîneur âgé de 59 ans espère avoir exercé une influence positive sur tous ces entraîneurs.

"Brent et Guy s'intéressaient à tout comme joueurs. Je me rappelle que Guy validait souvent des informations ou des directives que je refilais aux joueurs. Il était excellent pour communiquer avec ses coéquipiers. Je ne suis pas surpris des succès qu'il connaît comme entraîneur."

À écouter Carbo toutefois, il n'a pas conservé le meilleur souvenir de "Iron Mike", qui soutient être un entraîneur plus posé qu'à ses débuts derrière le banc des Flyers de Philadelphie, en 1984-85, à l'âge de 34 ans.

"Je n'ai pas modifié ma philosophie, mais la méthodologie est différente, a expliqué Keenan. Votre approche et la réponse que vous obtenez des joueurs sont fort différentes, dépendamment que vous êtes plus jeune ou plus vieux qu'eux. A mes débuts, j'étais plus jeune que certains joueurs. Je devais avoir une conduite différente. Aujourd'hui, je pourrais être leur père. Je suis plus patient, je dirais."

Cela dit, il ne regrette rien des méthodes jugées dures qu'il a utilisées à l'époque.

"J'ai quand même atteint la finale de la coupe Stanley quatre fois au cours de mes neuf premières années. J'ai dû faire quelque chose de bien."

La nouvelle génération d'athlètes, dit-il, est moins forte sur le plan psychologique que ne l'était la précédente génération. Mais les jeunes sont plus fort physiquement et ils ont soif d'apprendre.

"La mentalité des joueurs est différente en raison de la structure des salaires qui n'est pas comparable, a-t-il conclu. À mon arrivée à Philadelphie, la masse salariale des Flyers était de 2 millions $ US et Mark Howe était le plus haut salarié à 200 000 $."