Viendra un soir, cette saison, où Evgeni Nabokov n'obtiendra pas le départ devant le filet des Sharks de San Jose. Pour l'instant, ce n'est pas encore arrivé.

Le gardien russe a amorcé chacun des 30 matchs de son équipe cette saison, récoltant en cours de route un total de 17 victoires, un sommet dans la LNH, et conservant une toute petite moyenne de 2,00, bon pour le deuxième rang dans la ligue.

"Nabber a été incroyable cette année, a souligné le directeur général des Sharks, Doug Wilson, vendredi. Il y a lui et Joe (Thornton). Je n'ai jamais vu Joe jouer mieux qu'en ce moment, et c'est la même chose pour Nabber."

Grâce à Thornton et Nabokov, les Sharks connaissent enfin de bons moments après un début de campagne en dents de scie. La formation de San Jose a remporté six de ses sept plus récents matchs pour se retrouver avec un dossier de 17-9-4.

Les performances de Thornton ne surprendront personne. Mais la superbe saison de Nabokov est passée plutôt inaperçue jusqu'ici. Pascal Leclaire a fait les manchettes en début de campagne à Columbus à cause de ses blanchissages, Henrik Lundqivst a fait l'objet de louanges à cause de ses prouesses avec les Rangers de New York, tandis que Roberto Luongo continue de faire tourner les têtes à Vancouver chez les Canucks.

Reste que c'est Nabokov qui trône au sommet du circuit au chapitre des victoires.

"Je ne veux pas juste parler de moi-même, a déclaré Nabokov lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne, vendredi. Tu peux seulement être aussi bon que tes coéquipiers. Quand tes coéquipiers t'aident, ce qui est certainement le cas en ce moment, ça devient beaucoup plus facile de faire son travail. Nous tirons beaucoup de fierté de notre solidité en défensive."

Grant Fuhr a sans doute commencé à suivre de près ce qui se passe à San Jose. Le membre du Panthéon du hockey détient le record pour le plus grand nombre de départs par un gardien en une saison, soit 79. Il avait établi cette marque avec les Blues de St. Louis en 1995-96.

"J'ai disputé pas mal de matchs en début de carrière, mais c'est évident que le rythme s'est accéléré un peu cette année, notamment au niveau des matchs d'affilée, a lancé Nabokov en riant. Je savoure chaque seconde."

Sa marque personnelle est de 67 matchs, qu'il a établie en 2001-02, et il devrait facilement la surpasser. Mais les Sharks ne s'inquiètent pas de voir leur gardien s'essouffler.

"Les meilleurs gardiens veulent jouer beaucoup, a déclaré Wilson. Tes meilleurs joueurs veulent jouer. Il est fort et il est en excellente forme."

C'est le jour et la nuit comparé à ce qui s'est passé ces deux dernières saisons. En privé, Nabokov était devenu frustré de devoir partager la tâche avec Vesa Toskala - bien que les deux s'entendaient très bien - mais la situation a été désamorcée quand Wilson a envoyé le Finlandais aux Maple Leafs de Toronto en juin dernier. Maintenant, ils sont tous les deux occupés à souhait.

"C'était une de ces situations qu'on ne contrôle pas, a dit Nabokov du ménage à deux. C'est dérangeant, mais mon attitude, c'était qu'il fallait demeurer patient et continuer de travailler fort dans l'espoir que ça finisse par rapporter. C'est ce qu'on m'avait dit quand j'étais jeune. Mon père était lui aussi un gardien et c'est ce qu'il m'avait dit.

"Il faut dire que c'est facile de rester patient quand tu fais partie d'une bonne organisation, où les gens croient en toi."

Selon Wilson, le fait que Nabokov n'ait jamais exprimé publiquement son mécontentement démontre à quel point il est un joueur d'équipe.

"Il ne se plaint jamais, a souligné le d.g. Il agit en véritable professionnel et il est l'un des meneurs de cette équipe."

Nabokov n'ose pas prédire combien de matchs il va disputer avant qu'il ne doive céder sa place au réserviste Dimitri Patzold.

"Je me sens bien, a dit Nabokov, qui a dû composer avec un malaise à l'aine il y a deux ans. Je ne veux pas regarder trop loin devant. Je ne pense qu'au prochain match. C'est dur de dire combien de matchs je vais disputer. C'est à l'entraîneur de décider."