Par Éric Leblanc - En écrasant les Capitals de Washington au compte de 6 à 2 lors du septième match mercredi, les Penguins de Pittsburgh ont démontré qu'ils étaient prêts pour le défi des Hurricanes de la Caroline, la dernière étape qui les sépare d'une deuxième présence consécutive en finale de la coupe Stanley.

Si Marc-André Fleury ne s'était pas caché pour dire qu'il aurait préféré affronter les Bruins de Boston, son coéquipier Kristopher Letang n'avait pas un adversaire particulier dans sa mire.

«Je n'ai pas de préférence», a soutenu Letang qui a l'habitude de regarder les autres parties de la LNH au même restaurant avec son bon ami Philippe Boucher. «Quand tu atteins la finale d'Association, c'est que tu possèdes une bonne équipe. On sait que notre prochain adversaire sera un grand défi.»

Parlant de défi, les Penguins en ont surmonté un de taille lorsqu'ils ont effacé un déficit de 0-2 pour vaincre les Capitals en sept rencontres. Malgré cette grande satisfaction, la bande à Sidney Crosby n'a pas célébré outre mesure la victoire de cette série au spectacle exceptionnel.

«Comparativement à l'an passé, notre équipe est beaucoup plus terre-à-terre. L'an passé, nous avons vécu la finale de la coupe Stanley alors que nous avons seulement gagné deux rondes», raconte Letang en démontrant la maturité acquise par son équipe l'année dernière.

Cette bataille épique entre les Penguins et les Capitals a aussi permis à Crosby de remporter son premier duel éliminatoire contre Alexander Ovechkin; une rivalité dont les joueurs des Penguins entendent souvent parler.

«J'ai toujours eu mon opinion sur ce sujet; Sidney est le meilleur joueur de la LNH et je n'ai jamais hésité à le dire. Je pense qu'il accomplit les détails qu'on ne remarque pas toujours tandis que Ovechkin est perçu comme un joueur qui compte des buts et effectue des jeux flamboyants», prétend celui qui a été un rouage important dans cette série.

Luc Bourdon occupe une place spéciale dans ses pensées

Il y a près d'un an jour pour jour, le 29 mai 2008, Letang avait le malheur de perdre son bon ami Luc Bourdon, des Canucks de Vancouver, qui est décédé lors d'un accident de moto.

À ce moment, les Penguins étaient au cœur de la finale de la coupe Stanley face aux Red Wings de Detroit et ce deuil l'avait forcé à rater les derniers matchs de cet affrontement.

Un an plus tard, Letang vit des moments excitants dans sa carrière professionnelle et il est utilisé plus de 20 minutes par match tout en étant un pilier de l'avantage numérique. Ces succès et la frénésie des séries n'empêchent pas Letang de garder à Bourdon une place de choix dans ses pensées.

«Pour être honnête, je pense à lui tous les jours de ma vie et il est toujours dans mes pensées», confie Letang d'une voix posée. «Je suis quelqu'un qui aime beaucoup passer des moments en solitaire. Ça me motive et me rassure de penser à lui lors de mon rituel avant les matchs.»

«C'est certain que je vis parfois des moments plus difficiles quand je pense à cet événement, mais j'essaie de transformer cette tristesse en énergie positive en sachant qu'il est près de moi», ajoute-t-il avec sagesse.

La confiance de son entraîneur

À l'image des Crosby, Evgeni Malkin et Jordan Staal, Letang s'est établi comme un élément essentiel des Penguins malgré son jeune âge. Le défenseur de 22 ans a d'ailleurs récolté trois buts et trois aides en sept parties face aux Capitals.

Ce rendement a incité son entraîneur Dan Bylsma à lui accorder davantage de responsabilités lorsque le quart-arrière Sergei Gonchar est tombé au combat lors de la quatrième rencontre.

«Bien sûr, je suis content de mes résultats et de ce que j'ai accompli, mais j'apprécie surtout que l'entraîneur m'ait accordé sa confiance. Il m'a fait encore plus confiance quand Sergei s'est blessé et j'ai affronté les deux premiers trios.

«Je suis reconnu pour mon jeu offensif et il a quand même vu que je pouvais contribuer défensivement. C'est flatteur de la manière dont il m'a utilisé et j'étais encore plus confiant», précise-t-il.

Letang a donné raison à son entraîneur et il a marqué le but qui a assommé les Capitals lors du septième match. Le défenseur droitier a chassé le jeune gardien Simeon Varlamov quand il a procuré une avance de 4-0 à son équipe tôt en deuxième période.

«Avec un recul de 3-0, tu peux toujours avoir une chance de revenir dans une partie. Les choses peuvent changer rapidement avec un jeu de puissance par exemple, mais à 4-0 les espoirs deviennent rares», raconte l'ancien des Foreurs de Val-d'Or.

Ce résultat largement en faveur a surpris tous les observateurs et même les joueurs. «Personne n'aurait pu prédire un tel pointage, mais on pouvait lire dans le regard de tous les joueurs de notre équipe qu'ils étaient prêts à offrir une grande performance avant la partie», souligne Letang à qui les journées de congé seront bénéfiques pour soigner son bras gauche qui a été blessé lors du deuxième match.

Si l'issue du match ultime était impossible à prédire, les amateurs ont pu savourer un spectacle d'une grande qualité pendant cette série.

«C'est vrai que c'était très intense, mais nous avons vécu la finale de la coupe Stanley l'an passé. Cette série impliquait probablement les trois meilleurs joueurs de la LNH et les deux équipes misent sur un grand potentiel en attaque ce qui a donné un bon spectacle pour les partisans», conclut Letang avec justesse.