Observateurs sous observation
LNH mardi, 8 déc. 2015. 18:44 samedi, 14 déc. 2024. 02:57PEBBLE BEACH - Premier directeur du département mis sur pied par la LNH pour assurer la sécurité de ses joueurs, Brendan Shanahan s’est toujours dit très préoccupé par les commotions cérébrales et leurs conséquences néfastes.
Aujourd’hui président des Maple Leafs de Toronto, Shanahan l’est toujours autant. Mais il ne croit pas que les observateurs mandatés par les équipes ou la LNH pour déceler les signes de commotion du haut de la galerie de presse doivent être médecins ou avoir une quelconque expérience dans le domaine médical. «Ce qui importe le plus, c’est la formation que reçoivent ces observateurs. Ils doivent d’abord et avant tout être vigilants et bien connaître les différents facteurs à relever pour prendre la décision de sortir un joueur de l’action afin qu’il soit envoyé en salle de repos. Ils doivent aussi bien connaître le hockey afin de bien comprendre les circonstances susceptibles de mettre en cause la sécurité des joueurs», a expliqué Shanahan en quittant la salle où les 30 gouverneurs se sont réunis au cours des deux derniers jours.
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Commissaire adjoint de la LNH, Bill Daly abondait dans le même sens. «C’est le protocole qui prime et non l’identité des personnes qui le suivent. Et notre protocole fonctionne.»
Lors du point de presse qui a clos la réunion des gouverneurs, Garry Bettman a assuré que les 30 propriétaires étaient très heureux des améliorations reliées à la sécurité des joueurs. Améliorations qu’il attribue entre autres choses au protocole instauré par la Ligue et à l’embauche des observateurs.
Le commissaire a toutefois admis que des améliorations seront apportées. «Ce programme est en constante évolution. Nous effectuons de la prévention en informant les joueurs, de la répression avec les sanctions disciplinaires – Stéphane Quintal a imposé une suspension de moins qu’à pareille date l’an dernier – et nous procédons à des interventions par le biais des observateurs. Nous colligeons toutes les informations amassées par les observateurs, qu’ils soient mandatés par les équipes ou la Ligue, afin de déterminer quelle façon de faire est la plus efficace.»
Il semble clair qu’une fois la première saison terminée, la Ligue assumera l’entière responsabilité de l’embauche des observateurs. Une responsabilité partagée cette année avec les équipes qui désirent imposer leur candidat. Ce changement de cas serait grandement souhaitable. Non seulement il assurerait une application plus uniforme du protocole, mais il permettrait surtout d’assurer la neutralité des observateurs qui ont des décisions importantes et lourdes de conséquences à prendre lorsque vient le temps d’envoyer un joueur vedette en salle de repos.
Une autre poursuite
La question des commotions et du protocole mis de l’avant par la Ligue a occupé, mardi, une bonne portion des discussions. Elles se sont toutefois déroulées dans l’ombre du dépôt d’une poursuite judiciaire intentée par les membres de la famille de l’ancien joueur Steve Montador qui s’est enlevé la vie en février dernier.
Dans leur poursuite, les membres de la famille de Montador soulignent qu’il s’est battu à 69 reprises au cours de sa carrière et que ces bagarres ont contribué aux quelque 15 commotions cérébrales diagnostiquées et à plusieurs autres qui ne l’ont jamais été au cours de sa carrière. Selon la famille Montador, les milliers de coups à la tête encaissés pendant sa carrière de 10 ans dans la LNH ont contribué aux commotions, à leurs conséquences néfastes et aux problèmes cérébraux et de comportements dont l’ancien joueur a été victime.
Cette poursuite s’ajoute à celle déposée par les membres de la famille de Derek Boogaard, un ancien dur à cuire mort en mai 2011 des suites d’une surconsommation de drogue, et aussi au recours collectif intenté par plus de cent anciens joueurs qui imputent à la LNH et à son laxisme face aux commotions les dépressions et autres problèmes cognitifs avec lesquels ils doivent aujourd’hui composer.
La LNH n’a pas encore déposé de défense dans le dossier Montador. Lors de son point de presse, Garry Bettman a indiqué qu’il était au fait de la poursuite, mais qu’il n’avait aucune intention de plaider sa cause en public.
J’ai ensuite demandé au commissaire pourquoi la LNH suspendait des joueurs pour des coups d’épaule, de coude ou de bâton portés à la tête de leur adversaire, mais qu’elle tolérait toujours les coups de poing qui peuvent avoir des conséquences tout aussi néfastes. Garry Bettman s’est montré agacé et a répondu : «Des pénalités sont imposées pour les bagarres et des suspensions ont déjà été imposées pour des coups de poing sournois. Cela dit, le nombre de bagarres n’a jamais été aussi bas – 111 bagarres en date du 7 décembre selon le site spécialisé HockeyFights.com – qu’il ne l’est cette année. Je ne crois pas qu’on puisse faire de lien entre les deux genres d’infractions. Nos règlements prévoient des sanctions pour les bagarres et si nous voulons changer quelque chose, il faudrait réécrire les règles.»
Compensations abolies
Si les deux journées de discussions entre la LNH et ses 30 propriétaires n’ont rien donné de concluant dans le dossier de l’expansion, Gary Bettman a aboli les compensations accordées aux équipes qui voient un membre de leur état-major être embauché par une formation adverse.
«Ce système ne fonctionnait pas bien et je trouvais que l’ancienne règle était beaucoup plus simple et plus efficace. Une équipe doit donner son accord pour qu’une autre formation puisse négocier et embaucher un coach, un adjoint ou un directeur général. Dès qu’un club accorde ce droit, il doit accepter les conséquences et je ne vois pas la nécessité de donner en plus des compensations», a mentionné Gary Bettman.
Entré en vigueur le premier janvier dernier, à la suite de pressions exercées par les directeurs généraux qui étaient las de perdre des entraîneurs et des hommes de hockey qu’ils avaient développés au sein de leurs filiales, le système de compensations sera aboli le premier janvier prochain. Mais les compensations obtenues au cours des derniers mois devront malgré tout être versées. Les Canucks de Vancouver recevront donc un choix de deuxième ronde de la part des Blue Jackets de Columbus en marge de l’embauche de John Tortorella. Quant aux Maple Leafs de Toronto, ils devront céder des choix de troisième ronde aux Red Wings de Detroit – embauche de Mike Babcock – et aux Devils du New Jersey pour compenser la perte de Lou Lamoriello.
«J’étais très au fait des compensations que nous avions à verser pour effectuer ces embauches et je les verserai, car Mike et Lou nous apportent des résultats positifs immédiats alors que les choix demeurent des joueurs à développer. Si c’était à refaire, je prendrais les mêmes décisions sans hésiter qu’il y ait des compensations à verser ou non», a convenu le président de Maple Leafs Brendan Shanahan.