CALGARY – Même s’il est le meilleur joueur de hockey au monde, qu’il vient de remporter le championnat des marqueurs de la LNH pour une quatrième fois en six ans, qu’il occupe aussi le premier rang depuis le début des séries et que ses rivaux des Flames comptent sur une attaque redoutable, Connor McDavid assurait dur comme fer que la première bataille de l’Alberta en 31 ans serait marquée par des matchs serrés.

« Ça ne veut pas dire qu’on ne pourrait pas se retrouver dans un "Gong Show" comme on l’a vu lors du dernier match de la saison entre les deux équipes alors qu’ils nous ont battus 9-5. Mais je m’attends vraiment à ce que les deux équipes jouent du hockey serré et qu’elles limitent au minimum les occasions de marquer », que McDavid a clamé haut et fort.

Le capitaine des Oilers a lancé cette affirmation autour de 11 h 30. Il venait de retraiter au vestiaire après avoir pris part à l’entraînement matinal de son équipe. Et ma foi : il était convaincant.

Vingt-six secondes après la mise en jeu initiale, l’affirmation de McDavid battait déjà de l’aile alors qu’Elias Lindholm a donné les devants aux Flames en marquant sur le tout premier tir de la partie. Un tir que Mike Smith a été incapable de capter avec sa mitaine.

Vingt-cinq secondes plus tard, la prédiction de McDavid s’est mise à piquer du nez lorsqu’Andrew Mangiapane a déjoué le gardien des Oilers sur le deuxième tir de la rencontre.

Lorsque Smith a été rappelé au banc un peu plus de cinq minutes plus tard après avoir accordé un troisième but sur le dixième tir affronté, trois buts sur quatre occasions de marquer, la prédiction du capitaine des Oilers s’est écrasée sur la patinoire.

Après avoir été victime de vols à répétition perpétrés par le gardien des Stars Jake Oettinger qui ne leur a accordé que 13 buts sur 285 tirs en sept matchs lors de la première ronde, voilà que les Flames recevaient des buts en cadeau de la part de Smith et des Oilers.

Au grand plaisir des quelque 19 000 partisans des Flames entassés dans le vieux Saddledome qui vibrait dangereusement au rythme des célébrations de cette avance de trois buts.

Au grand dam des quelques centaines de partisans des Oilers dont les chandails bleu et orange sautaient aux yeux dans la mer de chandails rouges au fond de laquelle ils étaient en train de plonger.

Lorsque McDavid a fait un petit tour de magie pour inscrire son équipe au pointage, il était clair que le match serré promis par le capitaine des Oilers serait remplacé par le « Gong Show » dont il avait aussi parlé.

Un « Gong Show » qui s’est transformé en véritable chaos pour les Oilers qui se sont retrouvés avec des déficits de 5-1 et de 6-2 sur les bras. Tout ça avant même d’avoir atteint la mi-chemin de la partie.

Le chaos n’a pas épargné les Flames. Que non!

Au lieu de profiter des largesses de Smith en début de partie, au lieu de profiter du fait que leurs adversaires étaient incapables de niveler l’intensité qu’ils avaient déployée dès la mise en jeu initiale, au lieu de profiter d’une victoire facile pour non seulement prendre les devants 1-0 dans la série, mais aussi miner la confiance d’un adversaire à qui bien peu d’observateurs donnaient des chances de gagner, les Flames se sont effondrés.

Comme s’il voulait sympathiser avec ses rivaux Smith et Mikko Koskinen qui lui est venu en relève, Jacob Markstrom s’est fait généreux à son tour.

Très généreux, même.

Il a été carrément mauvais sur les deux buts qui ont permis aux Oilers de se rapprocher à deux buts des Flames.

Devant lui, ses coéquipiers n’ont pas été meilleurs. Ils ont ouvert la porte à une poussée qui a permis à Leon Draisaitl et aux Oilers de revenir à un but des Flames. Pis encore, ils ont été incapables de la refermer en début de troisième, alors que les Oilers ont complété une remontée qui semblait impossible à réaliser.

Les Flames ont évité la catastrophe en répliquant avec trois buts, dont le troisième du match de Matthew Tkachuk marqué dans un filet désert. Trois buts qui ont relancé les célébrations dans les gradins.

Comme tous les partisans des Flames, Brady Tkachuk, le petit frère de l’autre, a animé sa section en festoyant ferme du début à la fin de la rencontre. Bien qu’il ait refusé de lancer sa casquette sur la patinoire pour saluer le tour du chapeau que venait de réaliser son autre fils – on a clairement vu Keith Tkachuk dire qu’il ne voulait pas se débarrasser de sa casquette préférée – papa Tkachuk a pris des tas de photos avec les amateurs qui sont venus à sa rencontre en fin de match. Il faut dire qu’à ce moment, il semblait clair que l’avance de trois buts tiendrait cette fois le coup!

Les deux équipes et leurs partisans doivent-ils pleurer après un aussi mauvais match de hockey? Doivent-ils en rire? Doivent-ils simplement se consoler avec le fait que chez les Flames ont a malgré tout gagné; alors que sans le camp des Oilers ont peu plaider avoir affiché du caractère pour revenir dans la partie et éviter une dégelée dont on peinait à imaginer l’ampleur?

Toutes ces réponses sont bonnes. Surtout que, par moments, les deux camps ont connu des séquences heureuses... ou moins malheureuses.

« C’est comme si nous avions disputé six parties dans le cadre d’un seul match », a admis Darryl Sutter qui n’avait pas retrouvé son sourire lorsqu’il a répondu aux questions des journalistes après la victoire.

« On prend la victoire et on fout le camp, mais il faudra être bien meilleurs que nous l’avons été si on veut sortir gagnant de cette série. J’étais convaincu que notre gardien réagirait bien une fois l’égalité créée, car il a bien réagi devant l’adversité toute l’année. J’étais convaincu que l’équipe réagirait bien après avoir perdu de si grosses avances, parce que nos joueurs réagissent bien devant l’adversité depuis le début des séries et qu’ils l’ont fait toute l’année aussi », que le coach des Flames a lancé.

« On vient de jouer notre pire match des séries, peut-être même notre pire partie de l’année. On est chanceux d’avoir gagné », que Tkachuk a enchaîné.

« Quand tu prends deux fois des avances de quatre buts, tu dois t’assurer de mettre le match hors de portée pour l’autre club. On est loin d’avoir fait ça ce soir en les laissant revenir. Nous nous sommes bien repris une fois le score égal, mais malgré la victoire, nous devons tous nous regarder dans le miroir afin de prendre les moyens nécessaires pour être meilleurs vendredi », que Blake Coleman, auteur de deux buts en début de période médiane, a poursuivi.

« Nous n’étions clairement pas prêts en début de match. Nous avons commis des erreurs coûteuses, mais la bonne nouvelle c’est qu’il y aura moyen de corriger ces erreurs et de revenir en force lors du prochain match », que Draisaitl a plaidé après la défaite.

En passant, malgré le but qu’il a marqué, Draisaitl est clairement amoindri par une blessure (au bas du corps) qui l’empêche de patiner avec force et vitesse.

« Ce n’est qu’un premier match », a ajouté l’entraîneur-chef des Oilers Jay Woodcroft.

Bien qu’elles soient toutes bonnes et justifiées, ces réponses n’auront aucune valeur si elles ne sont pas suivies par des actions qui se traduiront par de meilleures performances des deux équipes et des gardiens qu’elles enverront devant la cage.

Il serait ironique qu’après avoir été aussi généreux qu’ils l’ont été lors du premier match, que Smith et Markstrom – on s’attend bien sûr à ce que les deux gardiens soient de retour vendredi – se livrent un duel sensationnel qui se soldera par une victoire de 1-0...

Entre les lignes

– Fort d’une performance d’un but et trois passes, McDavid a accentué son avance au premier rang des marqueurs en séries avec ses cinq buts et 13 mentions d’aide...

– Le capitaine des Oilers a maintenant récolté au moins un point à ses quatre dernières rencontres. Il a aussi connu une soirée faste de plus d’un point récolté dans un septième des huit matchs de séries qu’il a disputés jusqu’ici...

– Avec trois buts accordés sur 10 tirs affrontés, Smith a terminé le match de mercredi avec une efficacité de 70 %. Rien à voir avec son efficacité de 93,8 % maintenue en première ronde...

– Victime de six buts sur 28 tirs, Markstrom n’avait accordé que 11 buts sur 192 tirs aux Stars en première ronde...

– Avec 32 arrêts sur les 37 tirs qu’il a affrontés, Koskinen a été le meilleur, ou le moins pire, de trois gardiens utilisés avec une efficacité de 86,5 %...

– En raison des sept buts enfilés par les deux équipes en période médiane, la plus longue séquence sans but du deuxième tiers n’a duré que 5 min 25 s...

– La plus longue séquence sans but du premier match de la série a duré 12 min 19 s soit le temps qui s’est écoulé entre le but de McDavid, le premier des Oilers, et la fin du premier tiers...

– Le défenseur Christopher Tanev manquait à l’appel au sein de la brigade défensive des Flames dans un deuxième match consécutif mercredi...