C’était la fête à Washington samedi. Vingt ans après la première, et jusque-là dernière, présence des Capitals en finale de la coupe Stanley, les amateurs de hockey de la capitale fédérale avaient pris le centre-ville d’assaut pour célébrer le retour de leur équipe en grande finale.

Rues fermées. Rues bondées de partisans drapés de rouge portant ici des chandails d’Alex Ovechkin bien sûr, beaucoup de chandails d’Ovi, de Brayden Holtby là et d’Evgeny Kuznetsov là-bas.

On a même vu un chandail d’une autre époque, un chandail dont le numéro 15 était coiffé du nom de Réginald Savage. Oui, oui, le Réginald Savage qui a joué son hockey junior à Victo dans la LHJMQ, que les Caps ont repêché en première ronde en 1988 et qui a disputé un grand total de 17 matchs en deux saisons à Washington au début des années 1990. Comme quoi les fans des Caps ont une bonne mémoire et/ou qu’ils sont fidèles à leur club et leurs favoris.

La fête était belle. La foule aussi. De beaux sourires, beaucoup d’éclats de rire et de satisfaction. Après les trop nombreuses déceptions des dernières années, les partisans qui commençaient peut-être à ne plus y croire, ou à moins y croire, rattrapaient le temps perdu et les saisons gâchées par des printemps trop courts.

Il manquait le clinquant de Vegas. Il manquait aussi le soleil du désert du Nevada alors que les nuages enveloppaient la capitale américaine. Mais l’atmosphère, la passion du hockey, la passion de la finale de la coupe Stanley étaient la même.

Les averses qui se sont succédé en après-midi et en début de soirée n’ont pu éteindre cette passion emprisonnée depuis trop longtemps ou de faire taire les amateurs qui chantaient avec Sting et son nouveau partenaire de scène Shaggy sur une scène aménagée à quelques coins de rue du Capital One Arena.

À l’intérieur du Capital One Arena la passion était la même.

Bon! Les Caps ont peut-être frappé un brin dans le beurre en faisant appel à l’animateur de Wheel of Fortune Pat Sajak pour répliquer à la performance de Michael Buffer en guise de présentateur des formations partantes des deux équipes. On va se le dire, Sajak et ses distributions de voyelles et de consonnes ne pouvaient faire le poids contre le «Let’s get ready to Ruuuuummmmble» de Michael Buffer. Surtout qu’il n’était pas accompagné de Vanna White. Mais bon, l’effort des Caps mérite d’être souligné.

L’arrêt de Fleury, le but d’Ovi

Le match venait à peine de commencer que Marc-André Fleury s’est signalé. Contre qui? Eh oui! Contre Alexander Ovechkin qu’il a volé avec un bel arrêt de la mitaine.

ContentId(3.1278337):LNH : Fleury se dresse rapidement devant Ovechkin (hockey)
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Cet arrêt a rappelé le septième match du duel Pittsburgh-Washington en deuxième ronde des séries. Ce soir-là, Fleury avait aussi volé Ovechkin en effectuant un arrêt avec la portion étroite du manche de son bâton. Cet arrêt avait guidé les Penguins vers une victoire de 2-0 en plus de les propulser vers leur deuxième coupe Stanley consécutive. Ou un revers de 2-0 des Caps et une autre élimination rapide selon votre préférence.

Le scénario a été différent cette année. Totalement!

Loin de s’effacer après avoir été frustré sur son premier tir de la rencontre, Ovechkin a maintenu la cadence. Non! Il l’a accélérée. Après une période, Ovi avait tout fait sauf marquer : trois tirs cadrés, deux bloqués par des adversaires, trois hors cible, deux mises en échec et deux tirs bloqués. Tout ça en une période alors que bien des joueurs, et de très bons à part ça, n’affichent pas ce genre de statistiques après avoir disputé une bonne partie.

En début de période médiane, les Caps ont ouvert toute grande la machine. Ils ont pris d’assaut le territoire des Golden Knights, ils ont forcé Fleury à effectuer un, deux, trois, peut-être même quatre arrêts, avant qu’Ovechkin ne plonge – aux sens propre et figuré – sur un retour et marque le premier but du match avec un tir du revers.

« Considérant tout ce que cette ville a vécu comme déception au fil des dernières années, considérant qu’Ovi est finalement en grande finale pour la première fois de sa carrière, c’est à mes yeux un juste retour des choses que l’honneur du premier but marqué en finale ici à Washington lui soit revenu », a indiqué l’entraîneur-chef Barry Trotz.

ContentId(3.1278342):LNH : Ovechkin marque en plongeant! (hockey)
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Ce but, mais surtout la performance offerte par Ovechkin, a donné le ton au match. Kuznetsov en a ajouté un autre une dizaine de minutes plus tard et les Caps ont pris les devants 2-0.

Meilleurs, beaucoup meilleurs, que les Golden Knights, les Caps auraient pu ajouter un, deux, voire trois buts de plus et filer vers une victoire bien plus facile. Mais Marc-André a multiplié les arrêts devant sa cage pour garder son équipe dans le coup. Ou au moins, donner l’impression qu’elle était dans le coup.

En troisième, une gaffe monumentale de Braden Holtby qui a effectué une passe dans l’enclave à Pierre-Édouard Bellemare a permis à Tomas Nosek d’inscrire les Knights au pointage.

C’était alors 2-1 mais personne ou à peu près ne croyait vraiment aux chances de Vegas de revenir dans le match et de renverser la vapeur. La domination des Caps était trop évidente.

Des Knights dépassés, voire éclipsés

Jonathan Marchessault a bien tenté de tenir promesse en disputant un bien meilleur match que mercredi à Vegas. Mais il a été le seul de son camp à vraiment s’imposer. On a peu vu William Karlsson et pas vu du tout Reilley Smith. De fait, l’absence de Smith commence à être inquiétante pour les partisans des Knights.

ContentId(3.1278368):LNH : Washington met la pression sur Vegas (hockey)
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Le trio de David Perron qui évolue avec Erik Haula et James Neal a été pulvérisé par les Caps samedi. Le différentiel combiné de moins-9 des trois compagnons de trio donne une très bonne indication de leur performance. Le défenseur Nate Schmidt a été ordinaire alors que son jeune coéquipier Shea Theodore a été rien de moins que mauvais. Affreusement. Il a multiplié les erreurs, mais il s’est surtout fait prendre, deux fois plutôt qu’une, de vitesse par des joueurs des Caps qui sont venus récupérer des rondelles dégagées sous ses yeux, entraînant du coup des pénalités écopées par ses coéquipiers pris à contrepieds par son manque de vigueur.

Quand Devante Smith-Pelly a marqué le but qui redonnait les devants 3-1 aux Caps, on pouvait déclarer sans se tromper que le match était fini.

La grande question maintenant est de savoir si la finale est finie. Si les Caps jouent lundi comme ils l’ont fait samedi et qu’ils maintiennent ce rythme, ils seront difficiles à battre. Très difficiles à battre.

Et si les Knights jouent lundi comme ils l’ont fait samedi ils seront en arrière 3-1 dans la série lorsqu’ils retourneront à Las Vegas pour le cinquième match de la finale et il est loin d’être certains que la finale se prolongera au-delà cette cinquième partie.

Je sais, il est très tôt pour faire ce genre de déclaration. Surtout que les Knights trouveront une source de motivation avec ce genre de commentaire. «On a vécu de l’adversité toute l’année en faisant mentir tous ceux qui ne croyaient pas en nous. Avec les deux défaites qu’on vient d’encaisser, ceux qui ne croyaient pas en nous vont recommencer à douter et ça nous motivera», a d’ailleurs souligné David Perron.

On verra ce que l’avenir réserve à ceux qui doutent des Knights comme à ceux qui croient toujours en eux.

Mais samedi, les Golden Knights ont joué comme un club d’expansion qui doit aux performances de son gardien ses chances de victoires alors que les Capitals ont joué comme un gros club de hockey qui hausse son niveau de jeu à l’approche du but ultime qu’il a dans la mire.

C’est une grosse différence.

« Je ne crois pas au transfert de momentum d’une partie à une autre. Nous avons disputé un match solide ce soir. Après un premier match a jeté aux ordures, on joue notre genre de hockey. Demain (dimanche), on va recharger les batteries, on va remettre les compteurs à zéro et on va se préparer à jouer un match aussi solide encore lundi », a simplement défilé l’entraîneur-chef Barry Trotz lorsqu’un collègue lui a demandé si son équipe était en progression alors que le club adverse semblait en perte de vitesse.

Ovechkin en mission

En plus de sembler meilleurs, plus affamés, plus convaincants, les Capitals profitent du fait qu’Alexander Ovechkin est en mission pour s’offrir une première coupe Stanley et la partager avec ses partisans à Washington.

Après sa première période d’anthologie, Ovi a continué à donner le ton. Il a bien sûr célébré son but comme s’il s’agissait du premier qu’il venait de marquer dans la LNH. Mais sur le banc, il a célébré encore davantage le but marqué par Kuznetsov plus tard en période médiane. Il a aussi célébré le but de Smith-Pelly comme il avait célébré l’arrêt magistral de Braden Holtby en toute fin de deuxième partie.

« Son enthousiasme est contagieux. C’est plaisant de la voie aller comme ça. On sent la passion des séries éliminatoires dans son jeu et sa manière de célébrer sur la glace comme sur le banc. C’est beau à voir », a souligné Nicklas Backstrom qui partage les hauts et les bas des Capitals avec Ovechkin depuis qu’il l’a rejoint à Washington en début de carrière.

« Ces explosions d’émotions sont automatiques à ce moment-ci de la saison. Comment peux-tu rester insensible après un but comme celui de Kuznetsov ce soir ou l’arrêt de Braden mercredi? Ce sont de grands moments pour moi et pour notre équipe et je tiens à la partager avec mes coéquipiers. Mais bon! Nous avons deux victoires à notre fiche. Il reste beaucoup de travail devant nous pour atteindre notre objectif. On va laisser les émotions tomber un peu et reprendre lundi là où nous avons laissé ce soir », a lancé le capitaine des Caps.

Un capitaine qui écrira une page d’histoire s’il ajoute un but d’ici la fin de la finale alors qu’il a, samedi, rejoint John Druce au premier rang des meilleurs marqueurs des Caps en séries avec 14 filets. Mais un capitaine qui s’assurera de bloquer des tirs si c’est nécessaire, de donner et de recevoir des mises en échec si c’est nécessaire, de plonger pour sortir une rondelle de la zone. « À ce point des séries, tu dois faire tout ce qui est nécessaire de faire pour aider l’équipe à gagner », a conclu Ovechkin.

« Alex met la table pour le reste de l’équipe. Que ce soit avec ses buts, avec son intensité, avec l’aspect physique qu’il apporte, Ovi porte une attention spéciale à tous les détails qui moussent les chances de victoire de notre coté. Je l’ai dit plusieurs fois cette année en saison comme en séries. Ovi donne l’exemple et les autres suivent », a conclu Barry Trotz.

Avec un tel exemple à suivre, il est normal de croire que les Caps sont plus près que jamais de célébrer la première conquête de la coupe Stanley de leur histoire. Surtout si les Golden Knights leur ouvrent la porte en disputant d’autres matchs comme celui de samedi.