OTTAWA - Comme s’ils avaient mis quelques minutes avant de réaliser que le numéro 76 des Predators était bel et bien le même qui évoluait avec le Canadien de Montréal jusqu’à tout récemment, les partisans des Sénateurs ont commencé à huer P.K. Subban à compter de sa quatrième présence sur la patinoire.

Ils s’en sont ensuite donnés à cœur joie, huant Subban copieusement. Ils l’ont même un brin ridiculisé lorsqu’il s’est barré les pieds sur la ligne bleue en deuxième période avant de se retrouver les quatre fers en l’air.

Après deux périodes, sans rien casser, Subban jouait un match honnête.

En troisième, P.K. s’est offert deux passes. Ses deux premières après une disette de trois matchs. Ses quatrième et cinquième points à ses 11 dernières rencontres. Subban a refilé une passe précise à James Neal qui a mis le match hors de portée des Sénateurs en donnant les devants 4-1 aux Predators. C’était le huitième but de l’année pour le franc-tireur. Subban a ensuite complété une bombe à Mike Ribeiro qui a marqué (son 2e de l’année) à l’aide d’un puissant et précis tir frappé décoché après quelques enjambées en territoire des Sénateurs.

Après ces deux passes, les huées adressées au défenseur étoile ont cessé. Il faut dire que rendu là, les fans des Sens avaient de bien meilleures raisons d’en vouloir à leurs favoris qui disputaient un match affreux sous leurs yeux, qu’à l’ancien défenseur du Canadien qu’ils aiment détester depuis le coup de bâton asséné à Mark Stone lors du dernier duel en séries entre le Canadien et les Sens. Un coup de bâton qui avait laissé l’as marqueur avec une microfracture à une main.

Non seulement les huées adressées à Subban ont cessé en fin de rencontre, mais on a même entendu quelques « PK! PK! PK! » lancés ici et là dans les gradins.

Ça vous donne une idée.

Remarquez que si la tendance se maintient, les fans des Sénateurs auront de nouvelles raisons de le huer. Car en plus des deux passes obtenues jeudi, P.K. a récolté deux points, dont le but de la victoire, dans un gain de 3-1 des Preds aux dépens des Sens le 8 novembre dernier.

Si P.K. a rebondi en troisième période du match d’hier, on peut en dire autant de son équipe. Battus 6-2, à Toronto, mardi, les Predators ont joué du bien meilleur hockey pour signer leur deuxième victoire seulement cette saison sur la route.

« Il commençait à être temps qu’on joue mieux sur la route. On a généré plus d’attaque ce soir, mais nous avons aussi été pas mal plus solides en défense. On a joué un match solide », a analysé Mike Ribeiro qui a ajouté une passe au but marqué en fin de rencontre.

Une performance qui lui a valu la première étoile. Une première étoile un brin généreuse, mais une première étoile quand même!

Des Sénateurs misérables

Je suis bien d’accord avec Ribeiro pour dire que les Predators ont disputé un bon match.

Mais je suis davantage d’accord avec l’entraîneur-chef des Sens Guy Boucher qui a convenu que son équipe venait de disputer un match difficile. J’ajouterais affreux, voire misérable.

ContentId(3.1206964):LNH : Quelle passe de P.K. Subban!
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« Je vous disais ce matin – après l’entraînement de son équipe – que notre match à Nashville la semaine dernière était notre pire depuis le début de l’année. Je vais me corriger pour dire que c’est celui de ce soir qui est notre pire. Je ne sais pas pourquoi, mais on semble allergiques à cette formation », a martelé Boucher.

Très actif derrière son banc du début à la fin de la rencontre, Guy Boucher a travaillé davantage que la majorité de ses joueurs hier soir.

Lents, peu ou pas impliqués, poreux en défensive, pas assez incisifs en attaque, les Sénateurs n’ont rien fait pour se donner une chance de gagner.

Dès les premiers instants de la rencontre, ils ont laissé leur gardien Mike Condon à la merci des Predators. Après deux très solides performances lors de ses deux premières sorties avec Ottawa – deux victoires et un petit but accordé en deux rencontres – Condon n’a pu résister hier.

Il a réalisé quelques très solides arrêts en première période. Il a aussi accordé un vilain but en fin de deuxième. Un but qui a fait mal, car il repoussait son équipe à deux buts (1-3) de ses rivaux.

ContentId(3.1206966):LNH : Subban, Ribeiro, bingo!
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Mais avec 17 tirs accordés en première période et 17 autres en période médiane, ses coéquipiers n’ont rien fait pour l’appuyer. Rien de rien. Par moments, ça ressemblait en tous points aux performances – ou contre-performances je devrais écrire – des joueurs du Canadien lorsqu’ils ont réalisé que leur saison était fichue l’an dernier.

Ça vous donne une idée…

De tous les patineurs faciles à pointer du doigt dans le revers des Sens, le capitaine Erik Karlsson doit porter le bonnet d’âne. Son revirement impardonnable sur le premier but des Preds a donné le ton au match. En ton qui sonnait affreusement faux.

Dans la défaite, les Sénateurs pourront se réjouir du fait que Derick Brassard a secoué sa guigne en marquant un premier but depuis le seul enfilé par le Gatinois jusqu’ici cette saison. Un but qui remontait au premier match du calendrier régulier.

Brassard a ajouté cinq autres tirs. Ce qui est fort positif. Le vétéran devra toutefois trouver une façon de convertir ces occasions – il en a bousillé une en or au dernier tiers – en but.

Car si l’attaque des Sens demeure aussi anémique qu’elle l’est depuis 11 parties – ils ont enfilé deux buts ou moins en temps réglementaire et en prolongation lors de cette séquence -- elle forcera Guy Boucher à imposer un système défensif rigide pour améliorer ses chances de victoire.

Rien pour mousser la popularité des Sénateurs aux guichets.

Fonctionnaires privés de salaire

Encore hier soir, les bancs vides se comptaient par centaines au Centre Canadian Tire. En dépit leur fiche victorieuse depuis le début de la campagne (10-6-1), le spectacle offert par les Sénateurs n’aide pas la vente de billets.

ContentId(3.1206992):LNH : Subban et les Preds dominent à Ottawa
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C’est clair!

Il est toutefois impératif de tenir compte du fait que des dizaines de milliers de fonctionnaires sont privés de salaire, certains depuis le milieu de l’été dernier, en raison des ratés du système informatique responsable de la gestion des payes. Bien que les sommes dues leur seront un jour retournées et que les intérêts versés sur les prêts que plusieurs ont dû effectuer, les fonctionnaires n’ont plus beaucoup d’argent comptant à leur disposition. Certains n’en ont plus du tout ce qui les contraint à étirer au maximum la limite de leurs marges de crédit simplement pour s’offrir des biens de première nécessité.

Avant de s’offrir des jeux, il faut d’abord avoir du pain.

Et avec la qualité du jeu offert par les Sénateurs face aux Predators jeudi soir, les partisans ont bien raison d’éviter d’étirer des limites de crédit avec lesquelles ils flirtent déjà dangereusement.