DENVER – Acculés au pied du mur, largement négligés, les joueurs du Lightning ont prouvé qu’ils étaient bien trop tôt pour les compter comme battus.

 

« On me demande souvent d’expliquer mes propos quand je décris mes joueurs comme des "vrais", comme des joueurs des grandes occasions. Le match qu’ils viennent de disputer l’explique bien mieux que tous les mots que je pourrais vous lancer », a expliqué un Jon Cooper visiblement fier après la victoire de 3-2 de son équipe.

 

Une victoire arrachée en dépit l’absence de Brayden Point, une blessure évidente minant le centre Anthony Cirelli qui n’a pas disputé une seule mise en jeu et le fait que Nikita Kucherov ne semble pas en mesure de jouer à la hauteur de son immense talent. Cela dit, ça ne l’a pas empêché de marquer.

 

« Les guerriers seront toujours des guerriers », a claironné Patrick Maroon.

 

Le gros ailier qui fait sa marque au sein du quatrième trio des « Bolts » et qui a passé le cinquième match à « déranger » a lancé cette réponse avec un large sourire aux lèvres après qu’on lui eut demandé s’il croyait vraiment aux chances du Lightning d’éviter l’élimination avant le match de vendredi soir.

 

« Nous faisions face à un énorme défi et nous faisons encore face à un énorme défi. Mais c’est plaisant d’avoir un tel défi à relever. Il ne faut pas s’écraser devant. Il faut simplement croire en ses chances et jouer du gros hockey. Nous avons bien joué ce soir, c’est vrai, mais il faudra maintenant jouer mieux encore », a-t-il ajouté.

 

Patrick Maroon est en quête d’une quatrième conquête consécutive de la coupe Stanley : il en a gagné une avec les Blues de St Louis et l’a soulevée lors des deux dernières années avec le Lightning.

 

« Plusieurs raisons expliquent pourquoi ces joueurs ont enfilé des bagues de la coupe Stanley lors des deux dernières saisons. Ils viennent de les démontrer ce soir. Nous faisions face à l’élimination ce soir. La coupe était dans l’amphithéâtre. En plus de profiter d’une avance dans la série, nos adversaires se retrouvaient dans un environnement favorable. Mais nous avons su faire fi de tout ça », a mentionné Jon Cooper.

 

« Nous avons bien amorcé le match, nous avons marqué le premier but, nous avons bien défendu notre territoire, nous avons marqué en avantage numérique, nous avons écoulé des pénalités et nous avons obtenu des arrêts importants, dans des moments très importants de la part de notre gardien », a ajouté l’entraîneur-chef du Lightning à qui on avait demandé d’analyser la victoire cruciale de son équipe.

 

« De nombreux commentaires laissaient croire que nous étions au bout du rouleau. Que nous n’avions plus d’énergie! On a encore beaucoup de très bon hockey à offrir », a lancé Corey Perry en guise de rappel à l’ordre après la victoire.

 

« Sneaky P » s’impose encore

 

C’est Ondrej Palat qui a dénoué l’impasse en fin de troisième.

 

Le Tchèque a complété un très bel échange orchestré par le Lightning en zone ennemie en décochant un tir de l’enclave qui n’a pas donné de chance à Darcy Kuemper.

 

C’était son 11e but des séries. Un but qui égale un sommet personnel. C’était son 20e point. Un point qui améliore son record personnel. C’était aussi son troisième but gagnant des présentes séries.

 

Mais il y a mieux : des 48 buts qu’il revendique en séries, Palat en compte 12 qui ont confirmé des victoires du Lightning.

 

De tous les joueurs actifs de la LNH, Joe Pavelski (14) et Evgeni Malkin (13) sont les seuls à devancer Palat à ce chapitre. Pavelski et Malkin ont toutefois 168 et 177 matchs de séries à leur actif alors que l’homme des grandes occasions du Lightning disputait son 137e match éliminatoire vendredi à Denver.

 

Lorsqu’on a demandé à Steven Stamkos quels étaient les secrets qui faisaient de Palat un joueur autant en mesure de se démarquer dans les grands moments, le capitaine du Lightning a esquissé un large sourire avant de répondre : « on ne l’appelle pas "Sneaky P" pour rien. Mais comme il est juste là, vous devriez peut-être lui poser la question », a ajouté Stamkos qui s’est présenté en salle de conférence de presse en compagnie du héros de la soirée pour le Lightning.

 

Quand on regarde les exploits de Palat en séries, on peine à croire que le Tchèque a été boudé par toutes les équipes de la LNH à sa première année d’admissibilité au repêchage. Non seulement a-t-il été balayé du revers de la main à sa première année, mais il a été réclamé au 208e rang seulement l’année suivante (2011) par le Lightning.

 

Dix ans plus tard, seulement 11 des 214 joueurs repêchés en 2011 ont disputé plus de matchs de saisons régulières dans la LNH que Palat : Ryan Nugent-Hopkins, le premier de classe de cette cuvée, Gabriel Landeskog (2e), Jonathan Huberdeau (3e), Adam Larsson (4e), Mika Zibanejad (6e), Mark Scheifele (7e), Sean Couturier (8e), Dougie Hamilton (9e), Jonas Brodin (10e), J.T. Miller (15e) et Brandon Saad (43e). C’est tout!

 

Palat dispute aussi sa quatrième finale de la coupe Stanley en carrière et pourrait la soulever pour une troisième fois. Pas mal pour un gars sélectionné dans la plus grande des indifférences.

 

Est-ce que ces succès éloquents lui permettent de se moquer des recruteurs qui l’ont tous regardé de haut il y a dix ans? Ou est-ce que le temps, ses succès personnels et ceux de son équipe lui ont permis de passer l’éponge au fil des ans?

 

« Quand je suis arrivé dans la LNH, mon but était de simplement de m’y faire une place. Ça marche bien jusqu’ici », s’est-il contenté de répondre. J’ai toutefois cru percevoir dans son regard de puissants éclairs de satisfaction.

 

Jon Cooper explose de commentaires positifs lorsqu’il est questionné sur les qualités d’Ondrej Palat. Il l’a fait encore lorsqu’on a allumé la mèche après la victoire que Palat a offerte à son équipe.

 

« Il est arrivé à Norfolk – jadis le club-école du Lightning dans la Ligue américaine – à ma deuxième année là-bas. Il devait retourner dans les rangs juniors – avec les Voltigeurs de Drummondville dans la LHJMQ – mais il nous avait tellement impressionnés qu’on voulait le garder avec nous. Il ne parlait pas anglais. Ou à peine. Il était silencieux. Gêné. Il manquait de confiance. Mais ce que vous voyez sur la glace aujourd’hui, c’est ce que nous voyions sur la glace dans le temps », que Cooper a défilé.

 

Il était loin d’avoir fini!

 

« Ondrej a gagné la coupe Calder. Il a gagné la coupe Stanley. Il a toujours évolué avec des joueurs vedettes au sein de trios importants. Mais ce sont toujours ses compagnons de trio qui obtenaient toute l’attention. Mais quand vous parlez avec les gars qui ont la chance de jouer avec lui, c’est de Palat qu’ils veulent parler. Tous les ans, en séries, je parle de lui. Il travaille sans relâche. Il gagne ses batailles. Il est bon avec la rondelle, bon dans toutes les facettes du jeu. Il rend ses coéquipiers meilleurs. Il rend notre équipe meilleure. Je ne pourrai jamais dire assez de bonnes choses sur ce jeune que je côtoie depuis son arrivée au sein de l’organisation. Je suis tellement heureux qu’il obtienne enfin l’attention qu’il mérite », a ajouté l’entraîneur-chef du Lightning qui avait pourtant spécifié, avant de commencer sa réponse, qu’il tenterait de ne pas trop s’éterniser sur le compte de son vétéran…

 

Vers une grande finale

 

Après des matchs difficiles en lever de rideau de la série finale – des revers de 4-3 en prolongation et de 7-0 – le Lightning a profité de son retour en territoire ennemi pour disputer son meilleur match de la série.

 

« Quand tu fais face à l’élimination, tu n’as plus le choix de te concentrer sur le moment présent. Nous ne l’étions peut-être pas lors des deux premiers matchs ici. Nous venons d’allonger notre saison, mais il faudra l’allonger encore », a lancé le capitaine Steven Stamkos.

 

Il n’y a pas que le Lightning qui a disputé un fort match. Après un départ un peu plus hésitant qu’à son habitude, l’Avalanche a comblé deux fois des reculs d’un but au grand plaisir de leurs partisans qui ont passé de grands pans de la rencontre debout à réclamer encore et encore le retour de la coupe Stanley.

 

ContentId(3.1408804):LNH : Lightning 3 - Avalanche 2 (Coupe Stanley)
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De fait, les deux équipes ont offert aux amateurs de hockey de Denver, de Tampa et du reste de la planète hockey la meilleure rencontre, et de loin, de la finale.

 

Une finale qui est en voie de devenir une grande finale.

 

« Cette série était destinée à être longue. Elle devait minimalement se rendre en six rencontres et même se prolonger jusqu’à la limite des sept parties tellement les deux adversaires forment de très bons clubs de hockey. Les deux équipes remettent maintenant le cap sur Tampa, comme vous tous d’ailleurs, alors on se donne rendez-vous pour le match six », que Jon Cooper a conclu avant de quitter la salle d’entrevue.

 

Vasilevskiy éclipse encore Kuemper

 

Andreï Vasilevskiy a mal paru sur le premier but des « Avs ». Il a semblé complètement surpris par la trajectoire de la rondelle sur un tir de Cale Makar. Incapable de contrôler le rebond, il a offert un but à Valeri Nichushkin qui connaît une très grosse finale avec ses quatre buts et six points récoltés en cinq matchs.

 

Vasilevskiy a aussi joué de malchance lorsque la rondelle, après un autre retour accordé sur un tir de Cale Makar, a frappé la jambe de son défenseur Erik Ciernak avant de se retrouver au fond de son filet.

 

Le gardien des « Bolts » a malgré tout bloqué 35 des 37 tirs de l’Avalanche. Il a une fois encore été plus solide que son vis-à-vis Darcy Kuemper qui a été victime de trois buts sur 29 tirs. Le gardien de l’Avalanche a d’ailleurs offert un cadeau au défenseur Jan Rutta qui l’a déjoué avec un tir frappé de loin sans avoir la vue obstruée.

 

« J’aurais bien sûr préféré que Darcy effectue l’arrêt sur ce tir, mais dans l’ensemble je considère qu’il a disputé un match correct », a commenté son entraîneur-chef Jared Bednar

 

Pénalités coûteuses

 

Bien qu’ils aient disputé un fort match, les joueurs de l’Avalanche n’ont pas aidé leur cause en offrant quatre attaques massives au Lightning. Bien qu’ils n’avaient marqué qu’une fois en 14 occasions lors des quatre premiers matchs, les « Bolts » ont pris les devants 2-1, en période médiane, alors que Nikita Kucherov a marqué alors que les équipes jouaient à quatre contre trois.

 

Cale Makar a été chassé pour avoir fait trébucher Ondrej Palat en zone des « Avs ».

 

« Je n’ai pas aimé cette pénalité, car le bâton de Cale n’était pas en jeu. C’est bien plus le joueur du Lightning qui s’est barré les pieds dans son bâton que Cale qui l’a fait trébucher », a plaidé Jared Bednar après la défaite.

 

« Cette pénalité a fait mal parce qu’ils ont marqué, mais on doit composer avec ça. Dans l’ensemble, les pénalités nous ont fait mal. Elles nous ont ralentis en début de match. Et même s’ils n’ont pas marqué, ils ont pu prendre leur rythme bien plus rapidement que nous », a ajouté le coach de l’Avalanche.

 

Une autre pénalité, écopée celle-là par J.T. Compher, a fait tout aussi mal que la pénalité de Makar puisque le joueur de l’Avalanche a été chassé pour s’être accroché au bâton de Nick Paul alors que le Lightning allait être puni au prochain coup de sifflet. Ce geste d’indiscipline de Compher a privé son équipe d’une attaque massive.

 

L’Avalanche qui revendiquait six buts en 13 attaques massives après les quatre premiers matchs a été blanchie en deux occasions vendredi soir.

 

Bien que les partisans aient copieusement hué les décisions des arbitres et quelques autres des juges de lignes en plus d’invectiver les officiels à plusieurs reprises, ni Jared Bednar pas plus que ses joueurs ne se sont plaints outre mesure de leur travail. Gabriel Landeskog a toutefois trouvé une manière originale de passer son message après la rencontre.

 

« Je ne commenterai pas le travail des officiels, je vais laisser nos adversaires se charger de ça. »

 

L’Avalanche a écopé une pénalité en fin de rencontre pour avoir eu trop de joueurs sur la patinoire. Une pénalité méritée. Mais aussi une pénalité un brin ironique considérant que c’est sur un jeu semblable, mais qui n’a pas été remarquée par les officiels, que Nazem Kadri a donné la victoire au Colorado en prolongation lors du quatrième match.

 

Cette pénalité a obligé Jared Bednar à attendre qu’il ne reste que 40 secondes à faire au match pour rappeler son gardien au banc à la faveur d’un sixième attaquant. Sans cette pénalité, il aurait pu forcer la note bien plus tôt. On ne saura jamais si cela aurait permis de niveler les chances.

 

Les deux équipes se croiseront à nouveau, dimanche, à l’Amalie Arena.