WASHINGTON - George McPhee devait prendre l'appel. Alexander Ovechkin était sur l'autre ligne, cherchant à communiquer avec le directeur général des Capitals de Washington peu après avoir remporté son troisième trophée Hart à titre de joueur le plus utile dans la LNH.

Le message qu'Ovechkin voulait transmettre à McPhee, c'était que ce plus récent honneur n'avait pas la même valeur que les autres.

«Celui-ci a une plus grande signification après les épreuves qu'il a traversées récemment», a indiqué McPhee.

Après un lent début de saison qui a valu au capitaine des Caps bon nombre de critiques, Ovechkin a montré que l'entraîneur Adam Oates avait eu raison de le déplacer au poste d'ailier droit. L'attaquant russe a fini par connaître une deuxième moitié de saison hors-pair.

Ç'a quand même été une campagne tourmentée pour Ovechkin puisque ce déplacement à droite, après qu'il eut évolué à gauche toute sa vie, a nécessité des ajustements importants.

C'était la façon qu'Oates avait trouvée pour amener la star russe à changer son approche pour le mieux, et McPhee considère ce trophée Hart comme la preuve que le transfert de position était pertinent. Et aussi, qu'Ovechkin est un joueur qui n'est pas nécessairement difficile à diriger.

«On ne lui a pas assez accordé de crédit pour la volonté de changer de position qu'il a montré et ce, pour le bien de l'équipe, a affirmé Oates. Oui, ç'a été une bonne chose pour lui, aucun doute, mais il fallait qu'il ait confiance qu'il allait bien faire et aider l'équipe. C'est de cette façon que je lui ai vendu l'idée.»

Au début, ç'a n'a pas été difficile de le convaincre parce qu'Ovechkin avait vu sa production à l'attaque décliner au cours des deux saisons précédentes. Après avoir régulièrement atteint le cap des 50 buts, il a été limité à 32 filets en 2010-11 et 38 en 2011-12.

«Dès le premier jour, j'ai juste dit à Adam, "Je vais apprendre avec toi", a raconté Ovechkin. Je lui ai dit que j'avais confiance en lui et il m'a répondu, "OK, écoute-moi et tout ira bien". Je l'ai écouté et j'ai été à peu près correct.»

À peu près, parce qu'il y a eu quelques anicroches. Ovechkin s'est retrouvé confronté à Marcus Johansson, qui l'a remplacé à l'aile gauche au sein du premier trio, puis a demandé tôt dans la saison un retour à gauche parce que c'est là qu'il se sentait plus à l'aise. Mais après avoir vu de la vidéo où on lui a montré pourquoi les choses allaient mieux pour lui à droite, Ovechkin a réalisé que c'est là qu'il devait rester.

«Adam m'a tout montré, a noté Ovechkin. Sans lui, je ne serais jamais allé à droite et jamais je n'aurais vécu ce que j'ai vécu par la suite.»

Oates n'avait d'autre choix que d'être patient alors qu'Ovechkin montrait des signes d'amélioration, mais ne montrait qu'une fiche de neuf buts en l'espace de 25 matchs. L'entraîneur restait convaincu que la rondelle finirait par se rendre jusque dans le filet, et le temps lui a donné raison.

Ovechkin a complété la campagne avec une séquence de 23 filets en 23 matchs pour un total de 32, le meilleur de la LNH, à l'issue de la saison écourtée de 48 rencontres. Lorsqu'on lui a demandé si le hockeyeur de 27 ans aurait pu réussir le coup à l'aile gauche, Oates a répondu: «Je ne crois pas».

«Tu ne peux pas dire qu'il n'aurait pas marqué beaucoup de buts, parce qu'il aurait quand même marqué souvent, a-t-il dit. La différence, c'est à quel point ç'a aidé l'organisation, et à quel point ça l'a fait évoluer comme personne et comme joueur.»

Ovechkin a remporté ses deux premiers trophées Hart à l'issue des saisons 2007-08 et 2008-09 à titre d'ailier gauche, mais c'était aussi avant que les entraîneurs et défensives adverses ne trouvent le moyen de bien réagir à ses feintes typiques.

Le titre décroché au cours du week-end ne lui aurait peut-être jamais été attribué s'il n'avait pas changé d'approche.

«C'est difficile de dire si je l'aurais emporté ou non, a souligné Ovechkin. C'était juste une question de passer au travers la difficulté de s'adapter à cette position. Ça se résume à (Oates), qui m'a convaincu qu'il fallait tout simplement que je le fasse.»