QUÉBEC – Étant donné qu’il participe à un événement caritatif, on a suggéré à Patrice Bergeron d’imposer une amende à Charlie McAvoy puisqu’il a raté son avion devant le faire atterrir à Québec à temps pour participer aux différentes étapes de la journée.
 
Bergeron a trouvé la suggestion bien amusante, mais il était surtout heureux que son jeune coéquipier se soit organisé pour ne pas manquer le clou de la journée : la partie impliquant des professionnels de la LNH et des joueurs amateurs.
 
En effet, McAvoy a sauté dans une limousine et il a été en mesure de sauter sur la patinoire pour la présentation des joueurs du Pro-Am Gagné-Bergeron qui en était déjà à sa 11e édition à Québec.
 

Selon ce qu’on a pu se faire raconter, Bergeron aurait fortement suggéré à McAvoy d’enfiler son équipement dans la limousine pour ne rien manquer de la partie. À 21 ans, McAvoy a dû se rappeler de souvenirs d’enfance qui ne sont pas trop lointains.
 
« Ce sont des choses qui arrivent et c’est déjà très apprécié qu’il ait trouvé une façon de venir quand même. C’est le genre de personne qu’il est, il accepte de donner de son temps et de prendre tous les moyens pour être présent », a répondu Bergeron.  
 
On vous raconte tout ça parce que McAvoy n’a pas pu s’adresser aux médias. Il était pourtant un joueur convoité pour les entrevues en raison de son impasse contractuelle qui perdure.
 
Le défenseur américain se retrouve dans une situation particulière qui ne lui permet pas d’être admissible à l’arbitrage ou bien à une offre hostile. L’exposition de son talent en deux saisons lui confère cependant des arguments valables pour essayer de faire plier l’état-major des Bruins de Boston qui doit manœuvrer habilement avec peu d’espace sous le plafond salarial.
 
De l’extérieur, on déduit que ce n’est pas idéal pour la qualité d’une relation à long terme entre l’organisation et l’athlète. Bergeron refuse toutefois de pencher vers ce verdict.
 
« Pas nécessairement, c’est arrivé par le passé et il n’y a pas si longtemps avec (David) Pastrnak. Les choses ont fini par se régler. Ça reste un business et chacun tire un peu sur la couverture de son côté. On voit d’ailleurs que bien des joueurs autonomes avec compensation n’ont pas signé. Après quelques contrats, ça va indiquer un peu les prix du marché », a indiqué Bergeron.  
 
À défaut de pouvoir s’enquérir de la vision des choses de McAvoy, on a pu discuter avec Bergeron et Brad Marchand ce qui n’est jamais désagréable. Même s’ils possèdent des réputations aux antipodes de la gentillesse, les deux sont des interlocuteurs très intéressants.
 
À tout seigneur, tout honneur, Bergeron mérite qu’on s’attarde d’abord sur sa situation. Le Québécois de 34 ans s’est associé à Simon Gagné pour cet événement qui a connu un superbe essor. Avant la 11e édition, cette initiative avait déjà amassé plus de 1,4 million pour différents organismes venant en aide à des enfants malades ou défavorisés.
 
Pour la troisième fois de sa carrière, Bergeron traverse une saison estivale après avoir atteint la finale de la coupe Stanley. S’il a soulevé le précieux trophée une fois, il a eu à digérer un deuxième échec lors de l’étape ultime.
 
« La poussière retombe. Oui, c’est une grosse déception qui est difficile à avaler, mais on est rendu à un point dans l’été où il faut se préparer pour la suite et regarder vers l’avant », a mentionné le centre qui a franchi le plateau des 1000 matchs en 2018-2019.Patrice Bergeron
 
Pour les athlètes de haut niveau, les ajustements dans la préparation sont essentiels. Bergeron le sait bien et c’est encore plus vrai dans son cas puisqu’il a dû composer avec une multitude de blessures depuis son entrée fascinante dans la LNH en 2003-2004.  
 
« Oui, il y a des ajustements (quand on atteint la finale) et la priorité demeure d’obtenir le repos nécessaire. J’ai aussi traîné une blessure à l’aine encore cette année. Il y a une récurrence qui est là. On essaie de trouver des moyens en parlant à l’équipe de thérapeutes et de médecins des Bruins pour éviter que ça se reproduise », a expliqué Bergeron qui était embêté par le tout contre les Blues.
 
Par contre, Bergeron est satisfait de son entourage. L’idée est davantage de modifier les méthodes en fonction de l’âge de Bergeron et de l’évolution de la LNH.
 
« Il faut trouver des moments plus fonctionnels, réduire les charges sur les épaules, faire beaucoup d’exercices de mobilité pour aller chercher cette flexibilité requise. »
 
Père de trois jeunes enfants (4 ans, 2 ans et 8 mois), Bergeron n’a pas eu à chercher bien loin pour se changer les idées. Quand il avait besoin d’une source supplémentaire de distraction ou de détente, il se tournait vers la musique. Bergeron ne peut tout de même pas être trop abattu, les Bruins possèdent encore un solide noyau qui laisse présager de belles possibilités.
 
Marchand joue bien le jeu
 
Pour Marchand, les participations à des événements du genre deviennent une occasion de constater que le public parvient à ignorer son animosité envers lui et son comportement de peste sur la patinoire.
 
« Je pense que les partisans sont excités de voir des joueurs de la LNH en général. Je me rappelle quand j’étais jeune, ce sont des moments spéciaux. Je crois que les fans passent par-dessus le fait qu’ils n’aiment pas mon style ou ce que j’ai pu faire sur la patinoire. Mais peut-être que j’ai plus de partisans que les gens peuvent penser ! »,  a lancé en riant le patineur au grand sens de la répartie.
 
Brad MarchandUne autre belle preuve de son talent de communicateur est survenue quelques instants plus tard. Un confrère de la presse montréalaise lui posait des questions sur son nom famille à consonance francophone.
 
« Bien des gens croient que j’ai un passé francophone. À vrai dire, c’est le cas, mais ça remonte à plusieurs générations. Je peux comprendre une bonne partie de ce que les gens disent après mon temps à Val-d’Or. D’ailleurs, beaucoup de personnes restent très étonnées quand ils me disent des trucs et que j’ai une réaction. Ils ne croyaient pas que je comprendrais », a commenté Marchand.
 
C’est alors que, comme par magie, un journaliste moins informé s’est approché de Marchand en lui posant une question en français.  
 
Clin d’œil au visage, Marchand a répondu avec son meilleur accent francophone « Allô mon ami, je parle anglais ! »