BOSTON - Patrice Bergeron a soulevé la coupe Stanley en 2011. Il l’a perdue deux ans plus tard alors que Jonathan Toews et ses coéquipiers des Blackhawks se la sont échangée sous ses yeux et ceux de ses coéquipiers des Bruins.

Le Québécois compte aussi deux médailles d’or olympiques (2010 et 2014). Il est l’un des seulement 29 hockeyeurs – dix Canadiens – à détenir la triple couronne du hockey puisqu’il compte aussi une médaille d’or remportée au Championnat du monde de 2004. Une médaille d’or qu’on lui a passée au cou avant qu’il n’ajoute celle du championnat mondial junior six mois plus tard. Un exploit dont il serait le seul joueur sur la planète hockey à pouvoir se vanter, si c’était dans sa nature de le faire. Mais bon! Ce n’est pas dans l’ADN de Patrice Bergeron de se vanter.

Patrice Bergeron est-il un des plus grands?

Le grand leader des Bruins a profité du dernier conflit de travail pour ajouter le titre de champion de la coupe Spengler.

Tant qu’à être partie, difficile de ne pas rappeler qu’il a également gagné le trophée Selke remis à l’attaquant le plus complet de la LNH à quatre reprises (2012, 2014, 2015, 2017) et qu’il pourrait en ajouter un de plus cette année alors qu’il est finaliste en compagnie de Mark Stone et du grand leader et joueur de centre Ryan O’Reilly qu’il croisera à compter de demain en finale de la coupe Stanley.

Avec un tel tableau de chasse, Bergeron sent-il une ferveur l’envahir à l’aube de cette troisième présence en grande finale en huit ans? Ou est-ce que l’expérience acquise au fil des ans et les honneurs récoltés en cascade tempèrent ses ardeurs?

«Le jour que je ne sentirai pas cette adrénaline, je vais annoncer ma retraite», tranche aussitôt Bergeron.

«Comme joueur de hockey, tu recherches ce genre de situation. Tu veux repousser les limites. L’adrénaline, le stress, les papillons, tu dois les gérer de la bonne façon. Tu dois t’en servir à ton avantage. Ce sont toutes des expériences enrichissantes que je place dans mon coffre aux trésors. J’apprécie tout ça autant qu’avant», a ensuite défilé le vétéran joueur de centre qui revendique huit buts (six en avantage numérique) et 13 points en 17 matchs depuis le début des séries.

Avec ses coéquipiers des Bruins, Bergeron a vécu la griserie de la victoire en 2011. Il a aussi vécu l’agonie de la défaite en 2013. D’où l’importance qu’il accorde au fait de signer les quatre victoires qui permettront aux Bruins revivre la frénésie d’une autre conquête.

«Ça voudrait dire beaucoup», insiste Bergeron en parlant de l’enjeu de la série qui opposera ses Bruins aux Blues venus de St.Louis.

«La coupe Stanley demeure le trophée le plus difficile à gagner du sport professionnel. On sait que la série sera difficile. On affronte un très bon club de hockey. Le défi est imposant. Tu essayes donc de profiter de l’expérience acquise du mieux que tu peux. On veut donc se souvenir de ce qu’on a vécu», a ajouté Bergeron qui insiste sur l’importance de tirer profit des déceptions de 2013 tout autant que des joies de 2011.

À moitié mort

«Ce fut difficile de perdre la coupe, mais je crois avoir appris davantage et avoir grandi davantage dans notre défaite en grande finale que dans la victoire.»

Il faut dire qu’en 2013, que ce soit en grande finale contre les Blackhawks ou dans les rondes précédentes – les Bruins ont éliminé Toronto en sept matchs et New York (Rangers) en cinq avant de balayer les Penguins de Pittsburgh en finale de l’Est – Bergeron a appris à repousser ses limites tant il jouait en dépit de blessures sérieuses aux côtes et aux épaules.

Des blessures qui auraient dû le garder hors de la formation. «Il était à moitié mort», se rappelle d’ailleurs son compagnon de trio et principal complice chez les Bruins Brad Marchand.

«Ce que Patrice a accompli en finale en 2013 et au cours de toutes les séries a démontré à quel point il est le parfait professionnel. À quel point il est prêt à tout pour gagner. À quel point les intérêts de son équipe l’incitent à se sacrifier», a poursuivi Marchand.

La coupe Stanley ou rien

À l’image de son joueur de centre, Brad Marchand ne recule devant rien pour gagner. Il l’a démontré au fil des dernières années en multipliant des gestes répréhensibles, des déclarations incendiaires et des comportements, disons rébarbatifs qui lui ont valu amendes et suspensions imposées par la LNH, mais aussi, mais surtout, des critiques qui noircissent ses grandes qualités de joueur de hockey.

Marchand n’a rien à ciré de ces sanctions. Il se fiche plus encore des critiques. «On se bat toute la saison pour avoir la chance de soulever la coupe Stanley. Tout ce qu’on a accompli jusqu’ici, tout ce qu’on a fait, ne compte plus. Il ne reste que deux équipes et une seule gagnera. Si tu perds la coupe, il n’y a pas de consolation. À mes yeux tu es aussi bien de rater les séries que de ne pas être en mesure de te rendre au bout une fois les séries commencées. Les Blues seront coriaces. Ils sont bons. J’aurais préféré que les séries commencent plus vite, mais on est y enfin. J’ai hâte de jouer», a ajouté Brad Marchand qui brillait par son absence sur la patinoire du TD Garden à l’entraînement dimanche matin.

«J’ai simplement pris congé. Je suis prêt. Je suis en forme. À ce moment-ci de l’année, les entraînements ne veulent plus rien dire. On a tenté de passer le temps comme on a pu au cours des dix derniers jours. On s’est entraîné. On a eu des matchs simulés. C’était bien. Mais ça n’avait rien à voir avec des matchs de séries. Encore moins des matchs de finale de la coupe Stanley», a conclu la peste des Bruins.

Une peste qui revendique aussi sept buts et 18 points en 17 matchs. Une récolte qui le place au deuxième rang des marqueurs depuis le début des séries, deux points devant Jaden Schwartz des Blues, et deux points derrière le meneur Logan Couture que les meilleurs marqueurs des Bruins et des Blues devraient rejoindre et dépasser rapidement en cours de grande finale.

Du moins ils le devraient.

Et si Marchand demeure devant Schwartz dans la colonne des meilleurs marqueurs d’ici la fin de la finale, il moussera les chances que Patrice Bergeron puisse ajouter une deuxième coupe Stanley dans son coffre aux trésors.