Au mois d'octobre 2009, alors qu'il est en voie de s'établir comme un membre important de la brigade défensive du Lightning de Tampa Bay, Paul Ranger indique à ses employeurs qu'il a besoin de prendre du recul.

Pendant de longs mois, Ranger s'éclipse complètement de la planète hockey.

On ne le reverra dans le hockey professionnel que trois ans plus tard, alors qu'il tente un retour en passant par l'organisation des Marlies de Toronto en 2012, avant de se joindre aux Maple Leafs l'année suivante, l'instant de 53 parties.

Dans un entretien des plus touchants avec Darren Dreger dans le cadre de l'initiative Bell Cause pour la cause, l'ancien hockeyeur de 33 ans s'est confié au sujet d'une période de sa vie qui a failli le mener au suicide, avant de sauver sa peau en sollicitant de l'aide.

« J'avais subi deux opérations lors de deux étés successifs. Je me suis souvent retrouvé seul à l'époque, à réfléchir à mon existence, à ce que je faisais, à ce que je devenais, explique Ranger, originaire de Whitby en Ontario.

« Je me suis mis à me poser le genre de questions qu'on se pose lorsqu'on est dans un endroit sombre. On se met à chercher de l'espoir, une bouée de sauvetage. (...) Le hockey était pour moi une échappatoire me protégeant de toutes ces idées noires qui m'assaillaient. Mais à un moment, ça s'est mis à m'affecter même lorsque je jouais.

« À ce jour, j'ai encore le souvenir d'avoir ressenti le poids des 20 000 spectateurs qui m'étouffait. (...) J'avais le coeur complètement brisé à l'égard de ce qui m'arrivait. Après un match, je me suis enfermé dans une salle avec un bâton et j'ai tout détruit dans la pièce. J'étais frustré et impuissant », poursuit-il.

Après des mois à combattre sa dépression, et voyant que sa condition n'était pas sur le point de s'améliorer, Ranger s'est résigné à obtenir de l'aide.

« Il y a ce vieux diction qui parle de l'importance de voir la lumière au bout du tunnel. Pour moi, c'était fini. La lumière était disparue. »

Habitué à évoluer dans un monde où la vulnérabilité est perçu comme un signe de faiblesse, Ranger a également été appelé à s'élever au-delà de la stigmatisation entourant la maladie mentale chez les hockeyeurs.

« Aujourd'hui, je me sens incroyablement mieux. Je vous le dis : ça peut prendre des semaines, des mois, des années, peut-être même des décennies avant de se sentir mieux. Mais tout ça vaut le coup de combattre (ce mal de vivre), je vous l'assure. »