Comme le Canadien connaît présentement des ennuis, beaucoup d’accent est mis sur ce que Marc Bergevin peut faire en vue de stabiliser son club via le marché des transactions. Alors que sont nombreux les partisans souhaitant qu’un échange de grande envergure soit conclu, amenant à Montréal un joueur de la qualité d’un Matt Duchene, la réalité est qu’il est très peu probable que ce genre de transaction survienne.

En analysant les transactions passées conclues par Bergevin à la date limite des échanges, la constante est qu’il n’a pas surpayé ces acquisitions, préférant essentiellement mettre la main sur des joueurs sous-évalués à un faible coût. Cette approche conservatrice et calculée a mené aux acquisitions de Thomas Vanek, Jeff Petry et dans une moindre mesure à celles de Torrey Mitchell et Nikita Nesterov.

La plupart des regards sont maintenant dirigés vers l’attaque du Canadien, comme les buts ne sont plus au rendez-vous dernièrement. Un joueur qui pourrait aider le Canadien à mon avis et qui correspondrait à la palette de prix de Bergevin serait Mathieu Perreault des Jets de Winnipeg.

À 5 pieds et 10 pouces, Perreault est un autre joueur de petit gabarit, type de joueur sur lequel le Canadien compte en abondance, mais ces joueurs sont souvent sous-évalués à la date limite des transactions. Comme il y a présentement très peu de vendeurs, les prix sont astronomiques d’après ce qu’il est rapporté. Ainsi, à moins d’être prêt à se départir de Michael McCarron ou de Mikhail Sergachev, faire preuve de prudence est plus logique.

Perreault connaît une saison difficile offensivement avec les Jets, mais il a enchaîné quatre saisons consécutives où il a récolté plus de deux points pour chaque tranche de 60 minutes jouées à forces égales avec les Jets, les Ducks et les Capitals. Il est également un bon joueur sur l’avantage numérique.

Décortiquons son travail à égalité numérique ces deux dernières années.

Mathieu Perreault

Dans l’état actuel des choses, les chiffres de Perreault au niveau de ses tentatives de tir sont légèrement à la baisse, mais la qualité de ses chances de marquer a grimpé en flèche. Il n’a tout simplement pas été récompensé pour cela. En réalité, lors des deux dernières saisons, Perreault n’a marqué que sur 3 % de ses tirs cadrés à égalité numérique, tout en marquant sur 15,67 % de ceux-ci les six saisons précédentes. Sachant que le taux de tirs convertis en buts est une variable fluctuant grandement, cela suggère que Perreault retrouvera sa touche prochainement.

Perreault affiche un PDO extrêmement bas cette saison, ce qui a mené à un différentiel dévastateur de buts pour lorsqu’il est sur la glace. Cependant, lors des sept saisons précédant celle-ci, il a cumulé un différentiel de buts pour de 55,5 % lorsque sur la glace, ce qui est bon pour le 39e rang chez les 237 attaquants ayant joué au moins 4000 minutes à égalité numérique.

De plus, il a présenté un Corsi de 54,6 %, ce qui lui permet de se classer au 19e rang de ce même groupe d’attaquants. Bien que les Jets aient des ennuis pour conserver la possession du disque cette saison, Perreault se classe au deuxième rang chez les avants avec un Corsi de 53,3 %. Perreault n’est d’aucune façon un joueur de premier trio, mais il est un joueur pouvant changer la dynamique d’une deuxième ligne, la faisant passer de bonne à excellente.

Globalement, les statistiques offensives de Perreault permettent de le classer comme étant légèrement supérieur au joueur moyen de deuxième trio à égalité numérique. Il s’avère aussi qu’il est bon au cercle des mises en jeu, remportant plus de 50 % de celles-ci lors de cinq de ses six dernières saisons, son taux de réussite étant d’ailleurs de 51,6 % cette année.

Le problème est que Perreault n’en est pas à sa dernière année de contrat. Il ne s’agirait pas d’un joueur de location pour les séries éliminatoires. Perreault a récemment signé une prolongation de quatre années lui rapportant 4,125 millions annuellement jusqu’en 2021. Conclure un échange pour acquérir ses services est ainsi un risque considérable, sachant à quel point les joueurs dans la trentaine peuvent dépérir rapidement. Regardons simplement le cas de Tomas Plekanec.

La durée de son contrat et son salaire peuvent effrayer beaucoup de gens. Toutefois, considérant que le contrat de David Desharnais arrive à son terme, ce pourrait être un risque moins important qui n’y paraît, surtout si Plekanec est échangé durant l’entre-saison, ce qui permettrait d’économiser 6 millions sur le cap salarial en vue de la prochaine campagne.

Ce n’est pas une décision facile. Cela demanderait quelques rafistolages et calculs, mais avec la saison que Perreault connaît, le Canadien pourrait l’acquérir pour presque rien, pouvant peut-être même se débarrasser de quelques contrats au passage. Si le Canadien ne veut pas de son contrat dans l’avenir, il a toujours l’option de ne pas le protéger lors du repêchage d’expansion.