MONTRÉAL – Expérience présentement à l’essai à Montréal avec le développement de Jesperi Kotkaniemi, l’intégration d’un joueur à peine sorti de la puberté est de plus en plus commune à travers la Ligue nationale. Et dans ce domaine, Bill Peters parle en connaissance de cause.

 

À chacune de ses trois premières saisons à la barre des Hurricanes de la Caroline, Peters a fait une place à un adolescent dans sa formation. En 2014, il a récupéré de son prédécesseur l’attaquant suédois Elias Lindholm, alors âgé de 19 ans. L’année suivante, le défenseur Noah Hanifin a fait ses débuts dans la LNH sous ses ordres, à 18 ans. Le Finlandais Sebastian Aho avait 19 ans quand il a suivi dans leurs traces en 2016.

 

Les contextes qui peuvent mener à l’embauche d’un joueur d’âge junior sont aussi nombreux que les résultats qui peuvent en découler. Peters admet ouvertement que Lindholm, le cinquième choix au total du repêchage de 2013, a probablement gravi les échelons trop rapidement. Aho, quant à lui, a semblé dans son élément dès le début, inscrivant 24 buts et 49 points à sa saison recrue.

 

« Il faut être patient avec ces jeunes hommes, mais ce qui arrive vraiment la plupart du temps, c’est qu’ils nous forcent la main, expliquait celui qui est maintenant à la barre des Flames de Calgary lundi dans les coulisses du Centre Bell. On ne leur donne pas une place dans la LNH, ils la gagnent. Dans un monde idéal, on préférerait toujours qu’ils passent par la Ligue américaine, qu’ils goûtent progressivement au hockey pro, qu’ils dominent à ce niveau avant de monter. Mais on n’a pas toujours ce luxe avec les contraintes du plafond salarial. Alors on leur donne l’occasion de mériter un poste et bien souvent, ils s’avèrent à la hauteur. »

 

À son premier camp d’entraînement avec sa nouvelle équipe, Peters a offert sa confiance à deux autres vertes recrues. L’attaquant Dillon Dube et le défenseur Juuso Valimaki, qui ont tous les deux célébré leur 20e anniversaire de naissance au cours des derniers mois, ont débuté la saison avec le grand club après avoir connu un mois de septembre impressionnant.

 

Jusqu’ici, les deux sont intégrés prudemment par le personnel d’entraîneurs. Dube joue une dizaine de minutes par match à la gauche de Mark Jankowski et Garnet Hathaway tandis que Valimaki forme la troisième paire de défenseurs avec Michael Stone. Peters ne cache pas que l’expérience qu’il a acquise en Caroline l’aide à gérer la situation.

 

« J’ai certainement une meilleure compréhension de ce qu’ils doivent et devront traverser. On n’en est pas là encore, mais ça va arriver à un moment ou un autre de la saison, ils vont frapper un mur. C’est ce qui arrive avec les jeunes de cet âge, on le voit bien de notre position d’entraîneur. Vient un jour où on les appelle dans notre bureau, on leur demande ce qui cloche et ils ne veulent pas l’admettre. Et puis on se retrouve à la fin de la saison, avant de partir pour les vacances, et ils nous disent : ‘Ouais, j’ai frappé un mur en décembre. Tu avais raison’. »

 

Ce mur n’arrive pas au même moment pour tous. Matthew Tkachuk, qui a sensiblement le même âge que ses deux nouveaux coéquipiers, est passé par là il y a deux ans.

 

« Je n’avais pas connu un grand départ à ma saison recrue, s’est-il remémoré lundi. Je crois que ça m’avait pris une vingtaine de matchs à atteindre le niveau que je visais. Ensuite, j’ai commencé à vraiment bien jouer selon mes standards, mais quand il restait environ dix matchs à faire à la saison, j’ai commencé à ralentir. En comptant les séries qui ont suivi, ces matchs ont été très difficiles pour moi. J’aurais aimé être meilleur. »

 

Peters s’attend à ce que sa nouvelle cuvée de recrues, qui inclut aussi le défenseur suédois Rasmus Andersson, ressente plus rapidement les effets de la fatigue.

 

« Le fait que nous devions nous déplacer en Chine nous a forcés à utiliser énormément nos jeunes durant le camp d’entraînement. Ça sera intéressant de garder un œil sur la situation, notamment avec nos spécialistes du conditionnement physique et des statistiques avancées. C’est aussi pour cette raison qu’il est important d’avoir une bonne profondeur. Si un gars a besoin d’une soirée de repos, il faut savoir lui donner. Quand on est assez chanceux pour avoir deux jours de congé de suite, on voit une grosse différence sur les jeunes. » ​