BOCA RATON, Floride  - Le bras de fer opposant la Ligue nationale de hockey et le Comité international olympique se poursuit.

Bien qu’aucune décision n’ait été prise et qu’aucune date butoir n’ait été établie, le commissaire Gary Bettman a, pour la première fois depuis le début de cette guerre à finir, donné des indications laissant croire qu’il pourrait bel et bien tourner le dos au CIO et interdire aux joueurs de la LNH de défendre les couleurs de leur équipe nationale aux Jeux de 2018 à Pyeongchang.

« Nous travaillons présentement à l’élaboration de notre calendrier en vue de la prochaine saison et aucune interruption n’est prévue en marge d’une trêve olympique, car pour le moment, nous n’allons pas aux Olympiques », a lancé Gary Bettman

« Ça ne veut pas dire qu’il soit impossible d’apporter des modifications dans le cas d’un développement de dernière minute, mais pour le moment, rien n’est prévu en ce sens », a poursuivi le commissaire.

Les points en litige sont toujours les mêmes. Et non seulement semblent-ils difficiles à résoudre, mais les deux parties n’ont aucune rencontre – du moins officiellement – de prévue.

Quand on lui a demandé de faire le point sur le dossier, Bettman a répliqué sèchement : « Il n’y a rien de plus à dire, car il n’y a rien qui avance. Une date butoir? S’il y en a une, elle ne vient pas de nous et ne sera pas imposée par nous. Nous vaquons à nos occupations. Nous préparons la prochaine saison c’est tout ».

Questionné sur la réaction des propriétaires face à ces négociations avec le CIO qui semblent tourner en rond, Bettman s’est montré plus cinglant encore : « Les sentiments oscillent entre l’impatience et la négativité. La position des propriétaires n’a pas changé. Ils sont peu enclins à interrompre les activités de la Ligue pendant deux semaines comme nous devons le faire pour permettre à nos joueurs d’aller aux Jeux ».

Bien qu’il affiche une impatience évidente à l’endroit de ses «partenaires» du mouvement olympique depuis un bon moment, Gary Bettman n’a jamais été tranchant dans ses commentaires. Une attitude qui a poussé plusieurs observateurs à faire basculer vers un «non» leur baromètre personnel quant à la réponse finale que servira la LNH au Comité olympique internationale.

Parallèlement à la sortie de son patron, Bill Daly a donné plus de poids à un éventuel non en refroidissant les ardeurs des journalistes qui lui ont demandé si la Ligue accepterait de voir quelques-uns de ses joueurs réclamer des permissions spéciales à leur propriétaire afin d’aller défendre les couleurs de leur pays natal. « À ce que je sache, ces joueurs sont sous contrat avec nos équipes et ces contrats doivent être honorés », a mentionné Daly.

Une réponse un brin surprenante considérant que le propriétaire des Capitals de Washington, Ted Leonsis, a déjà indiqué qu’il donnerait sa bénédiction à Alexander Ovechkin, Niklas Backstrom et ses autres joueurs vedettes d’aller aux JO si tel était leur désir.

Un point de vue que Tim Murray, le directeur général des Sabres de Buffalo, tenait à nuancer. « Je suis bien d’accord avec le principe que mon propriétaire puisse permettre à nos joueurs d’aller aux Jeux. Mais si je perds Jack Eichel (USA), Rasmus Ristolainen (Finlande) et Robin Lehner (Suède) et que je dois me battre sans mon meilleur joueur, mon meilleur défenseur et mon gardien numéro un, comment est-ce que j’arriverai à rivaliser avec nos adversaires qui compteront sur une formation complète? J’espère que la Ligue prendra des mesures qui auront des impacts similaires sur l’ensemble des équipes », a commenté Tim Murray.

Appui de la Suède

La Ligue nationale a obtenu un appui inattendu dans son bras de fer l’opposant au CIO. Des membres de la fédération suédoise de hockey sur glace ont indiqué qu’ils aimeraient que le CIO accorde plus d’importance au hockey et à l’importance de pouvoir compter sur la présence des meilleurs joueurs au monde tous les quatre ans.

« Il est important à nos yeux que le CIO réalise que le hockey est la discipline la plus importante des Jeux d’hiver. Il est donc primordial que chaque pays débarque aux Jeux avec la meilleure équipe possible. Si les meilleurs joueurs sont contraints à demeurer dans la LNH, le tournoi olympique ne sera pas aussi relevé qu’il pourrait l’être », a plaidé Tommy Boustedt, secrétaire général de la fédération suédoise de hockey.

La Suède a aussi beaucoup à gagner de la présence des joueurs de la LNH aux JO. Car si Gary Bettman interdit à ses joueurs de mettre le cap sur Pyeongchang afin de ne pas interrompre le calendrier régulier, les ligues suédoises et finlandaises pourraient être obligées de le faire en raison de l’exode vers l’Asie de plusieurs de leurs joueurs qui seraient appelés à remplacer les vedettes confinées dans la LNH.

« Nous travaillons actuellement à l’élaboration de deux calendriers distincts pour l’an prochain afin de faire face aux deux options », a convenu Jorgen Lindgren, président et directeur général de la Ligue élite de Suède.

Combat de coqs

Comme je l’écris régulièrement depuis le début de ce conflit opposant des bonzes qui refusent de perdre la face dans leur monde respectif, les membres du CIO sont ceux qui ont le plus à perdre de l’absence des joueurs de la LNH.

Car sans une trêve des activités de la LNH, le tournoi olympique perdra non seulement en matière de qualité d’effectifs présents, mais il perdra aussi énormément sur le plan de la visibilité alors que des dizaines de journalistes, voire des centaines, seront confinés à leurs activités régulières aux quatre coins de la LNH au lieu de converger vers Pyeongchang pour offrir une couverture médiatique d’envergure au tournoi.

Si je croyais que le dossier devait être réglé aux Fêtes, je réalise toutefois maintenant que l’issue de ce conflit pourrait survenir à l’été seulement lors de la dernière rencontre des gouverneurs, rencontre qui se tiendra à Las Vegas dans le cadre de la cérémonie de remises des trophées individuels et en marge du repêchage d’expansion marquant l’entrée en scène des Golden Knights dans la LNH.