MISE EN GARDE : Évidemment, l’imposition d’un couvre-feu au Québec est une mesure très sérieuse. L’idée derrière cet article est simplement de divertir les gens durant cette période éprouvante. 

MONTRÉAL – Si le couvre-feu est une mesure très rare au Québec, elle existe depuis des lunes dans le monde sportif et elle a produit une quantité infinie d’anecdotes amusantes. En voici seulement un petit aperçu de la bouche de personnalités de RDS. 

À tout seigneur, tout honneur, commençons ce tour d'horizon avec ce répertoire des anecdotes, dont la lecture ne nécessite pas la supervision d’un adulte, avec André Roy, un véritable boute-en-train. 

« À Montréal, je n'ai pas souvent réussi à respecter le couvre-feu... Chaque fois que j’arrivais, mes chums étaient un peu énervés et, moi aussi, j’étais content de les voir après quelques mois. À ma dernière année dans la LNH (en 2008-2009), avec les Flames, on arrive en ville un lundi soir pour un match le lendemain. Mes chums me disent qu’ils s’en viennent me chercher à l’hôtel. Mais le relationniste de l’équipe nous avait dit de ne pas sortir parce que le couvre-feu serait surveillé. Je me suis dit ‘Bof, ils ne vont pas tout checker’. Étant donné que le couvre-feu était à 23h, j’ai dit à mes chums d’attendre et que je sortirais après. Quand on a cogné à la porte de ma chambre d’hôtel, j’ai confirmé que j’étais là. J’ai rappelé mes chums qui étaient dans la rue sur le côté de l’hôtel Marriott. J’ai pensé à sortir par l’escalier de côté, je me suis faufilé en courant comme si je commettais un crime ! », raconte-t-il en riant. 

« On cherchait où aller, un lundi soir, et après quelques petits endroits à prendre une bière, on a abouti au Radio Lounge sur St-Laurent. On s’installe au bar et on commence à prendre des verres et des shooters. Je suis content de voir mes chums. Je me dis que ce n’est pas grave et que demain est une autre journée. Un moment donné, le barman me reconnaît et me dit ‘Dépêche-toi de finir ton verre, ton coach va te voir’. Je pensais qu’il niaisait comme c’est souvent le cas et il revient à la charge cinq minutes après. ‘Sérieux, tu devrais y aller, ton coach va te pogner’. Il voit que je ne réagis pas vraiment et il me dit que Mike Keenan est dans le bar. Je réponds quelque chose comme ‘Hein quoi, arrête de dire des niaiseries’. Mais il m’assure qu’il est dans le fond du bar, là-bas. J’avais peur d’aller voir. J'ai donc demandé à un de mes chums d’aller vérifier et il était vraiment là... Keenan. Je pense qu’il aimait ça prendre une bière. Je m’approche discrètement et je vois qu’il est entouré de plein de monde et il raconte des histoires », a enchaîné Roy alors qui a trouvé un stratagème digne d'une scène de film.   

« Il était rendu 1h-1h30 et je pense qu’il avait demandé à ses adjoints de vérifier si des joueurs rentraient tard. À Montréal, quand on revenait à l’hôtel en soirée, je demandais toujours à un de mes chums d’aller voir dans le lobby, avant moi, si quelqu’un surveillait. Comme de fait, les adjoints étaient là. Je portais un complet parce qu’on n’avait pas le droit de porter des jeans sur la route. Dans l’auto, j’ai demandé à un de mes chums d’échanger son linge avec le mien. Il avait un chandail kangoroo et une casquette. Je me suis caché le visage le plus que je pouvais et j’ai demandé à deux de mes chums de me transporter par les épaules comme un gars en état d’ébriété. Je regardais vraiment vers le plancher et j’ai réussi à rentrer dans l’ascenseur. Je n’ai pas entendu parler de rien donc je me dis que le plan a marché! », a conclu Roy qui avait joué 7 :02 le lendemain dans un revers de 4-1 des Flames face au Canadien. Alex Kovalev avait récolté deux aides et Robert Lang avait inscrit deux buts pour Montréal. 

Être démasqué par Coach Ritchie en bobettes 

Tout comme André, Bruno Heppell est du type plutôt sociable! Il ne voulait pas perdre de temps à s’intégrer avec les Alouettes. 

Bruno Heppell et Mike Pringle« À mon année recrue avec les Alouettes, en 1997, on était au camp d’entraînement sur le campus militaire de St-Jean-sur-Richelieu avec Coach Ritchie. Il y avait évidemment un couvre-feu à 23h et, un soir, j’avais eu la « bonne idée » de suivre quelques vétérans. On avait débarré une petite porte à l’arrière et on avait brisé le couvre-feu. On est allés prendre une bière bien tranquille à St-Jean. On est revenus vers 0 h 30. Dans ce temps-là, on était quatre joueurs par chambre, mais deux joueurs de ma chambre avaient déjà été retranchés. Il restait donc seulement Thomas Haskins avec moi. Quand je suis rentré, il dormait déjà et il était parti quand je me suis réveillé. Dès que je suis arrivé à la cafétéria, Coach Ritchie s’est approché et il a déposé ses deux mains sur la table et me regarde bien sérieusement. 

-Tu n’étais pas dans ta chambre hier au couvre-feu ! 
-Ben oui, j’étais là. 
-Tu vas me mentir en plus... 
-Non, je suis juste arrivé un peu en retard.
-Ok, mais ça va te coûter ton chèque de paie de la semaine! 

« Ce n’était pas de gros salaires, on s’entend. C’est la LCF en 1997, mais quand même... », a raconté Heppell en riant. 

« Je me demandais comment il avait fait pour savoir. Coach Ritchie s’était levé pour aller aux toilettes, en bobettes, vers minuit et Haskins était assis sur le bord de la porte de notre chambre. 

-Qu’est-ce que tu fais là?, lui a demandé Coach Ritchie. 
-Je ne peux pas rentrer, j’ai oublié ma clé. 
-Mais c’est qui ton cochambreur? 
-Bruno
-T’as juste à cogner, on va le réveiller. 

« Évidemment, ça n’a pas répondu et ils ont dû demander à la sécurité d’ouvrir la porte et ils ont bien vu que je n’étais pas là... Haskins, le tabarnouche, ne m’a pas averti. Je présume que ça jouait dur, on était deux recrues au camp. Je ne pouvais pas être plus busté que par l’entraîneur-chef qui fait ouvrir la porte en bobettes. C’était la seule chose qui pouvait arriver pour que je me fasse pogner. J’ai été le malchanceux de la gang », a poursuivi Heppell qui avait déjà réussi à marquer des points auprès de Ritchie, donc c’était moins grave. 

Non coupable, Gaston Therrien écope quand même

Même s’il n’était pas le « coupable » la prochaine histoire, Gaston Therrien a eu moins de veine que Bruno Heppell, en 1983, au début janvier. 

« On avait un voyage de trois matchs dans la région de New York et on avait perdu les deux premières parties contre les Rangers (5-1) et les Islanders (6-1). Michel Bergeron avait imposé un couvre-feu : ‘Tout le monde à l’hôtel à 23 h, je veux des gars sérieux pour gagner le troisième match’. J’étais dans ma chambre avec un coéquipier.

-Gaston, il faudrait que tu changes de chambre. 
-Ben là, c’est un peu compliqué, je ne suis pas établi avec l’équipe et on a un couvre-feu. 

Anecdotes de couvre-feu : Bob Hartley

« Il me dit d’aller avec Peter Stastny puisque quelqu’un autre joueur va venir ici. Plus tard, j’ai pu revenir dans la chambre. Ça cogne à la porte et c’est Michel Bergeron avec Charles Thiffault et Simon Nolet. L’autre joueur n’est pas seul dans son lit. Il se lève et va ouvrir la porte partiellement. En ouvrant la porte, Michel lui demande s’il est seul. Il dit qu’il est avec moi. Michel pousse la porte et il voit des vêtements de femme au sol.

-Fais sortir la fille d’ici et vite! Et dis à Gaston de venir me voir. 

« Michel voulait absolument savoir le nom du joueur qui avait pris ma place dans cette chambre pendant la soirée. Je réponds que je ne sais pas et j’essaie de sortir une histoire pour protéger mes coéquipiers. À l’entraînement, le lendemain, Michel me dit. ‘Gaston, tu viens de te marier, je pourrais parler à ta femme et ce n’est pas ce que tu veux. Tu vas me dire quel est l’autre joueur qui était là. Il me dit de trouver la réponse pendant la pratique. Pendant l’entraînement, les gars viennent me voir pour que je ne dise rien. Je promets de ne rien dire. Moose Dupont m’avait toujours dit de ne pas trahir un autre joueur », a décrit Therrien.  

« Michel m’a relancé après la pratique et j’ai répété que je ne le savais pas. Il m’a dit ‘C’est correct, tu retournes à Fredericton avec ton cochambreur.’ On arrive à l’aéroport, on attend l’avion et on entend au micro que mon cochambreur est demandé au bureau de la compagnie aérienne. Michel Bergeron l’avait appelé pour lui dire de revenir avec l’équipe parce que Réal Cloutier venait de se casser un doigt. Moi, je n’étais pas coupable et j’ai été rétrogradé. En plus, quand j’ai reçu ma paie, j’ai vu que j’avais eu une amende de 500$! Avant, c’était plus facile pour les équipes, si tu allais dans les mineures, tu touchais le salaire des mineures. Aujourd’hui, ce n’est pas pareil avec les salaires garantis pour plusieurs joueurs et le ballottage », a ajouté Therrien.  

Le cœur de Marc Griffin a fait quelques tours 

Marc Griffin a eu sa première leçon reliée au couvre-feu très jeune. 

Anecdotes de couvre-feu : Marc Griffin

« Ça se passait dans le junior,. Je n’avais pas encore 18 ans et j’étais une recrue et à peu près le plus jeune de l’équipe. C’était à l’époque que ça prenait une clé pour les portes des chambres d’hôtel. On était quatre joueurs par chambre, ça te donne une idée, et on avait une seule clé. Le truc était qu’on laissait la clé sur le dessus du cadre de porte. On s’entend qu’on ne parle pas du Ritz Carlton, mais de petits motels », a débuté Griffin en souriant.  

« Le premier qui arrivait prenait la clé et laissait la porte débarrée pour les autres. Le couvre-feu était autour de 1 h le matin. Je suis une recrue, donc tu suis la gang, tu n’as pas le choix. Tu ne veux pas faire autrement. Mais là, tu regardes l’heure et il est rendu 0 h 30, 1 h, 1 h 30... Je finis par décider que je quitte d’autant plus qu’on avait un programme-double le lendemain. Quand je suis arrivé pour prendre la fameuse clé, elle avait été remplacée par un bout de papier qui disait de se rendre à la chambre 214. Tu devineras que c’était la chambre de ... l’entraîneur-chef. J’avais deux options : sortir dehors et attendre qu’un autre arrive. Ce que j’ai fait d’ailleurs. Mais là, il était rendu 2 h 30 et personne ne revenait... J’ai pris mon courage à deux mains et je suis allé cogner. L’entraîneur-chef dormait profondément et il me demande ce que je fais. ‘Je viens chercher ma clé’. Il regarde l’heure et j’ignore comment il réagira, mais il me répond ‘Ce n’est pas pire, tu es le premier’ », a poursuivi Griffin.  

« Le cadran a sonné assez tôt parce qu’on avait deux matchs et on a perdu les deux ... Disons que le couvre-feu a été pas mal plus surveillé par la suite. Mais je peux te dire que je n’ai pas trop aimé feeling quand je n’ai pas trouvé la clé sur le dessus du cadre de porte, ton cœur tombe en mode panique. Ça m’a initié à la discipline parce que la sensation n’avait pas été géniale. » 

Comment contourner un bon vieux classique

Éric BélangerDans l’univers du couvre-feu sportif, il y a des classiques qui demeurent des histoires savoureuses. Éric Bélanger a compris comment réagir sans trop tarder. 

« Quand j’étais avec les Kings, à mon année recrue (en 2000-2001), Andy Murray imposait un couvre-feu quand on était à l’étranger et qu’on ne revenait pas à Los Angeles après notre match. On pouvait aller prendre quelques verres et ça lui arrivait de laisser une casquette ou un bâton de hockey au portier de l’hôtel. Il lui demandait de le faire signer par ceux qui revenaient après l’heure du couvre-feu. Ça lui apprenait qui était sorti, mais on n’est pas complètement niaiseux non plus. Que penses-tu qu’on faisait? On sortait et, quand on revenait, on signait n’importe quoi comme Wayne Gretzky, Mario Lemieux ou Bobby Orr ! », a confié Bélanger en éclatant de rire. 

« Il nous avait dit ‘Vous pensez que je ne le sais pas ? Mais disons que quand tu perds deux ou trois matchs de suite et qu’il y a 12 noms sur le bâton, ça passe moins bien ... », a conclu Bélanger qui avait amassé 9 buts et 12 aides en 62 parties alors que les Kings s’étaient classés au 7e rang de l’Association ouest.  

*Mercredi, on publiera un deuxième article contenant d'autres anecdotes reliées au couvre-feu sportif.