OTTAWA – Noué par les émotions, Dave Cameron a rendu un vibrant hommage à son adjoint et grand complice, Mark Reeds, qui a perdu sa bataille contre le cancer mardi matin.

Ce n’était pas étonnant de voir que la voix de Cameron était étranglée par la tristesse. Reconnu comme un homme sensible et un fin communicateur, l’entraîneur d’expérience a souvent insisté par le passé sur la proximité qui existait entre lui et ses collègues. Au moment d’aborder cette relation spéciale, Cameron n’a tout simplement pas été capable de poursuivre sa pensée.

« Il y a un gros trou dans notre coeur »

« C’est difficile … », a-t-il confié avant un long silence alors que les larmes lui envahissaient les yeux.

« Quand il est tombé malade, nous avions le cœur lourd. Maintenant, il est brisé… C’était un homme merveilleux, un père et un mari. Il était un grand responsable de nos succès parce qu’il était un fin connaisseur du hockey. Nous avons un gros, gros trou dans nos cœurs », a décrit l’entraîneur.

Mais Cameron tenait à poursuivre son boulot en cette journée terriblement pénible puisque celui qui était surnommé « Reeder » aurait souhaité que ce soit le cas.

« Le fait de se retrouver sur la glace permet d’oublier plusieurs de nos douleurs. Quand tu évolues dans ce milieu, le fait de patiner crée un sentiment de liberté. C’est ce qui permet de traverser de telles épreuves », a expliqué Cameron.

Cependant, avant de pouvoir apaiser une partie de sa peine sur la glace avec ses joueurs, Cameron a dû s’adresser à son groupe dans une rencontre que personne n’oubliera de sitôt.

« On a parlé de continuer, de travailler, de canaliser nos énergies sur la victoire », a raconté Kyle Turris faisant écho au souhait lancé par Reeds quand il était venu les rencontrer pour une dernière fois il y a un peu plus de 10 jours.

À ce moment, Reeds avait prononcé « Win it all » et ces quelques mots simples ne quitteront pas l’esprit des Sénateurs. Ceci dit, le vétéran Chris Neil ne raffole pas qu’on dise que ce décès pourrait servir de source de ralliement.

Neil, qui a été éprouvé par la mort de sa mère et celle de Roger Neilson, sait très bien de quoi il parle et son expérience pourrait être salutaire pour tous ses coéquipiers qui n’ont jamais vécu une telle douleur.

« On ne voit pas ça de cette façon. Il est vraiment fier de ce que nous avons accompli dans le dernier droit. On n’aime jamais qu’une tragédie survienne pour cimenter un groupe, mais on a prouvé dans les dernières semaines que nous étions un groupe très uni et « Reeder » était en grande partie responsable de ça. Il nous manquera énormément », a exprimé Neil.

« Pour avoir vécu des épreuves similaires, je peux dire que ce n’est pas facile à traverser et nous avons un jeune groupe. Il faudra se regrouper et jumeler nos efforts. Toutes les personnes de l’organisation sont affectées par ce qui se passe, mais on peut s’en sortir en groupe », a insisté celui dont sa situation personnelle (écarté du premier match) avait peu d’importance à ses yeux.

Erik Karlsson fait justement partie de ceux qui n’ont pas jamais surmonté un deuil dans le camp des Sénateurs.

« C’est le type de journée que tu espères ne jamais vivre », a avoué le Suédois.

« Ça faisait longtemps que c’était difficile pour lui, mais il restait dans nos pensées pendant ce combat. Nous devrons simplement tout donner sur la glace. Je sais qu’il s’agirait de son souhait le plus précieux », a continué celui qui a été inspiré par le positivisme de Reeds.

Les échos de l'entraînement des Sens

Il s’est accroché jusqu'au cadeau des séries

Dans la tête de Neil, ça ne fait aucun doute que Reeds a combattu avec l’énergie du désespoir pour demeurer en vie pour une raison bien précise. Selon lui, il ne voulait absolument pas quitter ce monde avant de savoir que son équipe était qualifiée – de façon plus qu’improbable – pour les éliminatoires.

« Je crois qu’il s’accrochait jusqu’au moment que nous aurions notre place en séries et ensuite il a pu se reposer. Il ne manquait rien de nos matchs même s’il était à l’hôpital. On gardera d’excellents souvenirs de lui », a exprimé Neil avec conviction.

Même si son souhait a été exaucé et qu’il a pu laisser son corps y aller de son dernier souffle ensuite, le moment de son décès ajoute à l’épreuve qui est infligée aux Sens.

« On doit quand même poursuivre notre travail en vue du premier match, mais ça n’empêche pas que nos pensées demeurent avec sa famille. Il aurait souhaité qu’on se présente à l’aréna et qu’on travaille avec acharnement pour obtenir les victoires afin de poursuivre notre route », a déclaré Marc Methot qui admettait qu’aucun moment n’est propice pour perdre un proche.

ContentId(3.1126923):Journée émotive chez les Sénateurs
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De meilleurs joueurs grâce à Reeds

Avec son tempérament plus réservé, Reeds n’a pas toujours reçu les éloges mérités. Karlsson et Methot ont donc utilisé l’occasion – chacun de leur côté - pour mentionner publiquement à quel point il avait été un outil majeur à leur développement.

« Avec l’arrivée de Mark, je dirais que j’ai élevé mon jeu à un autre niveau. Il m’a changé dans plusieurs facettes et il m’a vraiment aidé à devenir un meilleur défenseur. Il était toujours là pour moi », a exprimé Karlsson qui a mérité le trophée Norris au terme de sa première année (2011-12) avec Reeds qui s’occupait alors des défenseurs.

« Je ne parlais pas juste de hockey avec lui et je ne serais pas là aujourd’hui sans sa présence. Je me souviendrai toujours de lui et je me considère chanceux d’avoir joué sous ses ordres. Il était tellement une bonne personne », a ajouté Karlsson en remerciant le destin de l’avoir fait croiser son chemin.

Si Reeds a peaufiné le style du talentueux Karlsson, il a également aidé Methot à affûter ses atouts.

« J’ai connu les meilleures années de ma carrière quand je suis arrivé à Ottawa et qu’il était notre entraîneur des défenseurs. C’était un entraîneur avec lequel tout le monde était confortable de parler, il a eu un gros impact sur ma carrière », a vanté Methot.

Naturellement, le hockey avait été relégué loin des priorités en cette journée de deuil et RDS tient à offrir ses sympathies à la famille de Reeds. Ceci dit, les trios des Sénateurs étaient inchangés et Karlsson a une fois de plus sauté la séance d'entraînement.