Robitaille défend les 2 jours de répit
LNH jeudi, 5 juin 2014. 15:57 mercredi, 11 déc. 2024. 21:03LOS ANGELES – Justin Williams et ses coéquipiers des Kings devront patienter jusqu’à samedi avant de croiser à nouveau leurs rivaux de New York pour le deuxième match de la finale de la Coupe Stanley. Après deux longues journées sous le soleil, à la plage, sur les terrains de golf où à la maison sur le bord de la piscine avec les enfants, il sera difficile de profiter du tremplin que son but en prolongation a offert à son équipe et de se servir du momentum généré par ce but gagnant pour doubler l’avance de son équipe aux dépens des BlueShirts.
Inversement, les Rangers auront 48 heures pour ruminer le revers encaissé mercredi. Pour songer aux ajustements à apporter afin de mieux rebondir et d’égaler la série finale plutôt que de s’enfoncer un peu plus. « Nous avons encore la tête à l’aréna ce matin. Nous songeons à ce qui n’a pas été. À ce qu’on devra faire de mieux », a indiqué Carl Hagelin lors de la disponibilité média orchestrée par la LNH jeudi matin.
« Je crois vraiment que c’est une bonne chose de profiter d’une journée de plus afin de maximiser le repos aujourd’hui, de reprendre le travail demain (vendredi) avec un bon entraînement et de revenir en force pour le deuxième match », a enchainé le défenseur Ryan McDonagh qui a passé plus de 31 minutes sur la patinoire lors du premier match.
Bien qu’ils voient leur momentum être courcicuitée par cette pause de 48 heures, les joueurs des Kings, après avoir disputé 22 matchs de séries dont les trois derniers en prolongation, ne peuvent rechigner face au 24 heures supplémentaires de repos.
Mais cette pause brise le rythme de la série. Et si les joueurs font contre mauvaise fortune bon cœur, plusieurs amateurs maudissent ces pauses qui atténuent l’effervescence créée en séries. La finale de l’Est entre le Canadien et les Rangers l’a d’ailleurs démontré alors que les deux équipes se sont croisées seulement une fois en cinq jours en milieu de séries.
Lorsqu’il remplissait les filets adverses avec les Kings et les autres équipes dont il a défendu les couleurs, Luc Robitaille n’aimait pas ces pauses de deux jours entre les matchs. Le rythme d’une partie aux deux jours lui allait bien. Très bien même si l’on considère qu’il a marqué 58 buts et récolté 127 points dans le cadre des 159 matchs éliminatoires qu’il a disputés en carrière.
S’il chaussait toujours les patins, l’ailier gauche ayant marqué le plus de buts (668) souhaiterait bien sûr profiter du momentum créé par la victoire de 3-2 en prolongation de ses Kings mercredi soir et jouer dès vendredi.
Mais à titre de président responsable du volet affaires chez les Kings, poste qu’il occupe depuis huit ans, Robitaille ne rechigne pas du tout devant cette pause de deux jours ou devant toutes les autres exigences – matchs en début d’après-midi les week-ends – imposées par les réseaux de télévisions autant en saison régulière qu’en séries. « Ça fait partie de la business. Les réseaux payent des fortunes pour obtenir les droits de retransmission des matchs. C’est normal qu’ils élaborent une grille de présentation qui leur permettra se maximiser les cotes d’écoute et donc leur investissement », m’a répliqué Luc Robitaille lorsque je lui ai fait remarquer que ces longues pauses « tuaient » en partie le rythme des séries.
Pensant plus en homme d’affaires qu’en simple joueur ou qu’en partisan – bien qu’il soit toujours un amoureux de la « game » comme il l’assure – Robitaille n’hésiterait d’ailleurs pas une seconde à rappeler l’un de ses joueurs à l’ordre – voire un membre d’un club adverse – s’il devait se plaindre de cette complicité avec les réseaux de télévision. « Je n’ai encore jamais entendu un gars se plaindre de la flambée des salaires. S’ils veulent toucher des gros salaires, il faut que la Ligue et les équipes fassent de l’argent. Et pour faire de l’argent, il faut maximiser la popularité de notre sport. Tous les clubs font des efforts dans leur marché respectif. Mais une fois en séries, surtout dans une finale opposant des équipes de L.A. et de New York, la Ligue a toutes les raisons au monde de vouloir maximiser la visibilité du hockey. Et si un réseau choisit de décaler un match d’une journée afin de s’assurer d’avoir de meilleures cotes d’écoute, il faut simplement l’accepter. »
Popularité accrue
Lors du premier match de la finale, mercredi, les Kings ont enregistré leur 119e salle comble consécutive. La 120e sera confirmée dès samedi.
Bien qu’il soit gigantesque en matière de structure, le Staples Center occupe la 21e place sur la liste des 30 amphithéâtres de la LNH avec sa capacité de 18 118. C’est 3155 amateurs de moins qu’au Centre Bell qui trône tout en haut de la liste. Moins nombreux et certainement moins bruyants que les partisans du Canadien, les fans des Kings ont maintenant tissé des liens très étroits avec leurs favoris.
Un survol des gradins mercredi a d’ailleurs permis de réaliser qu’au moins sept partisans sur dix – estimation conservatrice – portaient l’un ou l’autre des nombreux chandails adoptés par les Kings depuis leur entrée dans la LNH. Les chandails jaunes ornés d’une couronne sur la poitrine couvraient les partisans plus âgés alors que les jeunes, et la majorité des partisanes croisées dans les coursives portaient le chandail actuel en blanc, en gris ou en noir.
« Ce ne sera jamais Montréal. C’est impossible. La ville n’arrête pas de respirer quand on arrive en séries comme c’est le cas à la maison. Mais avec notre coupe Stanley d’il y a deux ans, avec le fait que nous formons l’un des bons clubs de la LNH, avec la présence de vedettes au sein de notre formation, avec les efforts que l’on met dans le développement du hockey en Californie sans oublier le match en plein air qui a eu un gros impact l’hiver dernier au Dodgers Stadium, on est vraiment présent dans la ville. Les gens nous suivent de beaucoup plus près. Nous ne sommes plus l’équipe qui devient à la mode de temps en temps. On est là à part entière. On a notre place dans tous les médias. À la télé, à la radio, dans les journaux. Même pendant toute l’affaire qui a secoué les Clippers et la ville au complet avec les propos de Donald Sterling – l’ancien propriétaire de cette équipe de la NBA a été banni pour des propos racistes et vient d’être contraint à vendre son club de 2 milliards de dollars – nous avons maintenu notre place dans les médias avec nos performances lors des trois premières rondes. Ça témoigne de l’importance qu’on nous accorde. Il y a 16 millions de population dans le grand Los Angeles. Est-ce que ces 16 millions de personnes sont des fans de hockey? Bien sûr que non. Mais le simple fait que nous soyons connus et reconnus, nous assure d’un bassin extraordinaire. Je pourrais bâtir trois, quatre, cinq nouveaux arénas qu’ils seraient pleins. Sur le plan des affaires, tout va vraiment bien. Et c’est normal, car sur le plan hockey, sur la patinoire, tout va bien. Et c’est là que tout commence », a poursuivi le volubile président des Kings.
Sortis de l’anonymat
Si Luc Robitaille regarde les millions $ en revenus entrer aux guichets avec satisfaction, les joueurs des Kings doivent composer avec une réalité qui n’existait pas vraiment avant leur première conquête de la coupe Stanley en 2012 : la reconnaissance publique.
« Quand je suis arrivé à Los Angeles, je vivais dans le complet anonymat. Je pouvais aller n’importe où, j’aurais pu me mettre dans le trouble que ce serait passé inaperçu. Aujourd’hui, c’est très différent. Bon! Nos barbes des séries n’aident pas à préserver notre anonymat, mais même en saison régulière, sans nos barbes, il est maintenant impossible de sortir incognito dans cette ville. Je ne sais pas si c’est une bonne chose, mais c’est maintenant notre réalité », indiquait d’ailleurs le défenseur Drew Doughty lors de la journée médiatique mardi.
Conscient que la dernière phrase de sa réponse ouvrait la porte à bien des interrogations, Doughty s’est vite repris. « Comprenez-moi bien, c’est certainement une bonne chose pour le hockey et les Kings que nous soyons aujourd’hui reconnus partout où l’on va. C’est une bonne chose aussi pour les joueurs parce que nous tissons maintenant des liens directs avec les fans. Mais c’est tellement différent de la réalité que j’ai connue à mon arrivée à Los Angeles en 2008, qu’il faut une forme d’adaptation. Cela dit, c’est une preuve supplémentaire qui démontrer que L.A. est un très bon marché pour le hockey et que nous avons notre place au même titre que les autres clubs professionnels de la ville. »
Les Kings ont encore beaucoup à faire pour rejoindre les Dodgers qui revendiquent 21 championnats du baseball majeur (le dernier en 1988), les Lakers – 16 fois champions de la NBA dont la dernière conquête remonte à 2010 – voire le Galaxy qui affiche quatre championnats dans la MLS (dernier en 2012). Mais des joueurs vedettes comme Doughty, Anze Kopitar, Jonathan Quick et une éventuelle deuxième parade de la coupe Stanley en trois ans, ils sont en mesure de s’installer solidement dans le cœur et la tête des amateurs de sports de Los Angeles et de la Californie.