Dans l’ombre de Brian Elliott qui excelle devant son filet, de l’un des meilleurs trios de défenseurs de la LNH et d’une attaque explosive gravitant autour de Vladimir Tarasenko se dresse un tout jeune défenseur qui est déjà grand.

De fait, quand on regarde l’utilisation que les Blues de St Louis font du défenseur recrue Colton Parayko, il est permis de dire que l’arrière qui aura 23 ans en mai prochain est même déjà très grand. Et je ne parle pas ici simplement de sa stature physique. Car bien qu’il ait des allures de Zdeno Chara avec ses 6’6’’, Parayko affiche le même genre de confiance sur la patinoire que le capitaine des Bruins.

« Ses plus belles qualités sont d’être à l’aise en toutes circonstances; d’offrir le genre de performances qu’on attend de lui et de le faire sur une base aussi constante. En fait, ce qui m’impressionne le plus, c’est qu’il soit en mesure de faire tout ce qu’il fait sur la glace depuis le début de sa première saison en carrière sans jamais être impressionné par l’effervescence de la LNH. Il était très bon en début d’année. Il l’a été toute la saison, s’ajustant aux hausses d’intensité qui marquent la saison. Et maintenant que nous sommes en séries, contre les champions de la coupe Stanley, il est encore à l’aise et bien à sa place. Il ne cède pas à la pression. Il se dresse devant les défis et les relève. Il vient à l’aréna et il joue. Il joue bien. Il manie bien la rondelle. Il patine bien. Malgré sa stature, il patine même avec l’aisance d’un petit joueur, ce qui est loin d’être habituel pour un gars de sa grosseur », m’a lancé Ken Hitchcock lorsque je lui ai demandé de commenter les qualités de son jeune défenseur.

Cette cascade de compliments, l’entraîneur-chef des Blues l’a défilée après l’entraînement matinal de son équipe mardi midi au United Center. Quelques heures plus tard, Parayko était sur la patinoire pendant l’interprétation de l’hymne national américain et bien sûr pour la mise en jeu initiale. Il était aussi sur la patinoire pour 53 des 60 dernières secondes du premier tiers. Tout un vote de confiance pour un arrière qui n’avait que trois matchs d’expérience en séries dans la LNH et surtout qui a été repêché en troisième ronde (86e sélection) en 2012.

Parayko a aussi amorcé la période médiane. En fin de rencontre, alors que les Blackhawks tentaient une remontée, Parayko a vu les entraîneurs des Blues miser davantage sur l’expérience à leur disposition. Mais bon! Quand on considère que ce sont des arrières d’élite comme Kevin Shattenkirk, Alex Pietrangelo et Jay Bouwmeester qui devancent la recrue au sein de la hiérarchie des Blues, il n’y a pas de quoi rougir. Surtout qu’il a terminé sa soirée de travail avec 30 présences totalisant 20 min 13 de temps d’utilisation. Et un différentiel de plus 1.

Ce soir, alors que les Blues auront l’occasion d’éliminer les Hawks dans le cadre du cinquième match de la série, Parayko sera sollicité de la même façon.

Confiance et maturité

Debout dans le vestiaire réservé aux équipes qui font escale au United Center, Colton Parayko avait une tête de plus que ses coéquipiers et trois de plus que les journalistes qui l’entouraient mardi midi. Il fallait le voir se pencher pour bien comprendre les questions avant de se redresser pour offrir des réponses aussi solides que ses mises en échec. Des réponses courtes. Des réponses franches. Des réponses distribuées avec un sourire et une confiance que les recrues affichent rarement dès leur arrivée de la LNH.

« J’ai toujours été de nature confiante. Mais je dois partager la qualité de mon adaptation avec l’ensemble de mes coéquipiers qui m’aident énormément depuis le début de l’année. Autant sur la patinoire qu’à l’extérieur. Car c’est tout ce qui entoure la patinoire qui représente la plus grosse différence avec ce que j’avais connu jusqu’ici dans ma carrière. Je connais une bonne première saison, mais je dois vous avouer que je suis très chanceux de profiter d’un groupe aussi solide pour m’encadrer », a convenu Colton Parayko.

Sur les traces de Myers

Quand on regarde Colton Parayko, que ce soit sur la glace ou dans le vestiaire, il est difficile de ne pas le comparer à Zdeno Chara. Difficile aussi de ne pas associer ses succès multipliés à titre de recrue avec ceux qu’a connus le tout aussi grand Tyler Myers qui a pris la LNH d’assaut en 2009 avec les Sabres de Buffalo. Plus imposant physiquement encore que Parayko, Myers avait renversé la LNH avec des performances sensationnelles dans plusieurs aspects du jeu. Ses 11 buts et 48 points récoltés en 82 matchs, mais aussi sa confiance affichée sur la patinoire, l’avaient d’ailleurs assuré du trophée Calder et du titre de recrue de l’année.

Malgré ses succès multipliés à sa première saison dans la LNH, Colton Parayko ne pourra imiter Tyler Myers et brandir le trophée Calder. La course se jouera selon moi entre Artemi Panarin des Blackhawks, Connor McDavid des Oilers et Jack Eichel des Sabres. Si un défenseur devait se hisser parmi les finalistes pour succéder à Aaron Ekblad, le défenseur des Panthers qui a remporté l’honneur l’an dernier, je crois que Shayne Gostisbehere des Flyers (46 points dont 17 buts en 64 matchs) devancerait Parayko qui a marqué 9 buts et amassé 33 points en 79 rencontres. Cela dit, le défenseur des Blues éclipse Gostisbehere et tous les autres défenseurs recrues avec un différentiel de plus 29, soit près de trois fois mieux que son plus proche rival à ce chapitre : Erik Gustafsson (Chicago) qui affiche un plus 11.

Mais si l’on se fie aux commentaires de quelques-uns de ses coéquipiers croisés dans le vestiaire des Blues, Colton Parayko ne devrait pas connaître la baisse de régime qui a marqué la carrière de Tyler Myers après sa première saison remarquable. Sa meilleure en fait depuis qu’il évolue dans la LNH.

« Je déteste dresser des comparaisons entre les joueurs, mais nous avons ici à faire à deux gars complètement différents au niveau du caractère. » Celui qui lance cette remarque est l’agitateur Steve Ott. Avant d’être échangé aux Blues de St Louis, Ott partageait la glace et le vestiaire des Sabres avec Tyler Myers.

« Colton est un gars très dynamique. Il est enjoué. Tu vois qu’il est non seulement content d’avoir déjà atteint la LNH, mais qu’il cultive ce plaisir en travaillant sans relâche lors des entraînements et des matchs. Cette attitude témoigne du fait qu’il sait que le plus dur reste à venir. Qu’une fois dans la LNH, il faudra y rester et même continuer à s’améliorer. En plus, et c’est très important aussi, Colton est beaucoup mieux entouré ici dans le vestiaire des Blues que Myers l’était à Buffalo. Le groupe de leaders ici est solide. Il est impliqué. Un gars ne pourrait pas décider de faire sa petite affaire sans se préoccuper du bien de l’équipe. Les gars ne le laisseraient pas faire. Vous ne pouvez pas savoir à quel point l’encadrement d’un jeune joueur, autant par les entraîneursque par ses coéquipiers, est important pour assurer son développement », d’analyser Steve Ott.

Cet encadrement dont parlait Ott est visible sur la patinoire. Il l’était aussi mardi midi dans le vestiaire des Blues alors que Parayko occupait un casier ceinturé sur sa gauche et sa droite par ceux des piliers défensifs de l’équipe. Des piliers sur lesquels il s’appuie présentement. Des piliers que Parayko remplacera éventuellement.