COLLABORATION SPÉCIALE

Chaque année, des joueurs sortent de nulle part pour se glisser parmi les meilleurs performeurs de la LNH et la saison 2021-2022 ne fait pas exception.

Il y a plusieurs excellents candidats, mais je me suis arrêté sur trois noms, un attaquant, un défenseur, et un gardien, qui impressionnent autant en chiffres traditionnels qu’en statistiques avancées.

Troy Terry

Des 7 joueurs qui ont marqué au moins 20 buts cette année, Troy Terry est de loin le plus surprenant. L’ailier de 24 ans n’avait que 15 buts en 129 matchs en carrière avant cette saison. Un ancien choix de 5e tour en 2015, il est en train de s’établir comme membre clé du noyau de jeunes joueurs pour Anaheim, avec Trevor Zegras, Jamie Drysdale, et autres.

Terry est parmi les tireurs les plus actifs de l’enclave cette saison, mais il se démarque particulièrement avec sa vitesse en entrée de territoire. Il se place dans le top-10 en entrées de zone et en chances de marquer en entrée de territoire. Ses 8 buts en entrée de zone sont la 2e meilleure marque de la ligue. Seul Alex DeBrincat a fait mieux avec 10.

Il a fait tout ça sans le bénéfice de jouer avec Zegras, un des favoris pour le Calder qui se classe déjà parmi les meilleurs fabricants de jeu de la LNH. Terry évolue plutôt principalement avec Ryan Getzlaf et Adam Henrique. Les deux vétérans sont présentement blessés, mais lorsqu’ils évoluent ensemble, ils connaissent beaucoup de succès.

En plus de 145 minutes de jeu ensemble, le trio mène tous les réguliers des Ducks avec 64,7 % des buts attendus qui sont en leur faveur, ce qui veut essentiellement dire qu’ils génèrent beaucoup plus d’attaque qu’ils en accordent lorsqu’ils partagent la patinoire.

Résultat, les 21 buts de Terry sont plus du double de tout autre joueur des Ducks. En fait, à lui seul, il a marqué 19,1% des buts pour Anaheim cette saison. À moins d’une saison catastrophique l’an prochain, il devrait recevoir une belle augmentation sur son prochain contrat. Terry ne fait que 1,45 million $ cette saison et l’an prochain.

Shayne Gostisbehere

Si un joueur a réussi à réhabiliter son image cette saison, c’est bien Shayne Gostisbehere. Le défenseur américain semblait être un des jeunes prometteurs à la ligne bleue dans la LNH plus tôt dans sa carrière, culminant avec une saison de 65 points en 2017-2018. Les choses se sont rapidement gâtées par la suite, allant même jusqu’à être tenu hors de la formation par décision de l’entraîneur à plusieurs reprises.

Pour les Flyers, Gostisbehere et son salaire de 4,5 millions $ jusqu’en 2022-2023 sont devenus un handicap plutôt qu’un atout. Ils ont donc offert des choix de 2e et 7e rondes aux Coyotes pour prendre Gostisbehere et libérer de l’espace sous le plafond salarial.

Malgré les difficultés, Gostisbehere continuait d’avoir de solides statistiques avancées, notamment en possession de rondelle. L’an dernier, il a terminé la saison dans le top-50 chez les défenseurs en temps de possession, sorties de zone, et taux de revirement par match. Il avait clairement encore du bon hockey en lui et ça se voit cette saison dans le désert.

Gostisbehere a 23 points à sa fiche, 13e chez les défenseurs du circuit Bettman. Il se classe dans le top-30 dans chacune des catégories clés pour un défenseur offensif. Sa capacité à manipuler aussi souvent la rondelle tout en maintenant un des taux de revirement les plus bas de la LNH est particulièrement impressionnante. Son jeu défensif laisse à désirer, mais il demeure un atout avec ce genre de production sur la feuille de pointage.

Son contrat est passé d’un handicap à l’un des plus abordables de la LNH. Parmi les 16 défenseurs ayant marqué au moins 23 points, seul Tony DeAngelo est moins payé que lui, mais son salaire a chuté en raison de la controverse qui l’entoure hors glace.

Avec ce genre de performance, les Coyotes devraient recevoir une bonne compensation pour ses services à la date limite des transactions sans problème. Il n'a que 28 ans après tout et est sous contrat jusqu’à la fin de la saison prochaine. Sans aucun doute une transaction qu’ils ont emportée haut la main.

Tristan Jarry

Après avoir échangé Matt Murray aux Sénateurs, les Penguins ont décidé de faire confiance à Tristan Jarry l’an dernier, avec des résultats mixtes. Ses chiffres de saison régulière (taux d’arrêts de ,909, moyenne de buts alloués de 2,75) étaient solides, sans plus, et il a connu des ratés en séries, accordant 21 buts en six matchs en voie vers une élimination au premier tour.

Jarry ne s’est pas laissé décourager par ses ratés et a pris la ligue par surprise cette année. Avec la meilleure moyenne de buts alloués de la LNH, son nom circule maintenant dans la conversation pour le Vézina. Il est 3e avec trois blanchissages, derrière Jacob Markstrom (5) et Jack Campbell (4) et a même deux mentions d’aides, un de trois gardiens ayant au moins deux points.

Avec Sidney Crosby qui a raté 12 matchs et Evgeni Malkin qui n’a toujours pas joué cette saison, les Penguins peuvent remercier Jarry de les avoir maintenus dans la course aux séries. Toute baisse de forme de sa part aurait pu être catastrophique pour Pittsburgh, surtout avec les performances de leur auxiliaire Casey DeSmith, qui a posté un taux d’arrêts de ,888 et une moyenne de buts alloués de 3,47 en huit départs.

Jarry a maintenant la chance d’être le premier récipiendaire du Vézina dans l’histoire des Penguins s’il continue sur sa lancée. Pas mal pour un joueur qui a passé une saison complète dans la Ligue américaine il y a à peine trois ans.