Trois mousquetaires de la ligne bleue
LNH mercredi, 6 juin 2018. 16:32 jeudi, 12 déc. 2024. 15:13Voici le 4e volet d'une série d'articles au sujet d'une dizaine d'espoirs en vue du repêchage de la LNH qui sera présenté à Dallas les 22 et 23 juin.
BUFFALO – Dans la LHJMQ, Noah Dobson est, sans contredit, le meilleur défenseur de la cuvée 2018 et un article lui sera consacré dans les prochains jours. Mais à l’extérieur du circuit québécois, Evan Bouchard, Quinn Hughes et Adam Boqvist ne sont pas piqués des vers non plus.
Considérant que Rasmus Dahlin règne pratiquement sur une autre planète, concentrons-nous sur ces trois mousquetaires. On dit de Bouchard qu’il possède des yeux derrière la tête. On dit de Hughes qu’il est l’un des meilleurs patineurs à la ligne bleue depuis des lunes. On dit de Boqvist qu’il possède une extraordinaire vision offensive.
Tous ces candidats à la ligne bleue sont si attrayants que leur rang de sélection est difficile à prédire. Leurs atouts pour la relance sont si élevés qu’ils pourraient faire dégringoler de quelques échelons des attaquants comme Brady Tkachuk.
Puisqu’il a été nommé capitaine, en janvier, des réputés Knights de London, Bouchard est débarqué au Combine, à Buffalo, avec la réputation d’un meneur. Toutefois, il a plutôt dégagé une dose de timidité en comparaison avec Hughes, Boqvist et les gros canons en attaque que sont Filip Zadina, Andrei Svechnikov et Tkachuk.
Cela dit, Bouchard a brillé avec les Knights en dépit d'une rare période de reconstruction. Même s’ils ont liquidé quelques vétérans, le droitier de six pieds deux pouces et 193 livres n’a pas perdu ses repères.
« C’était différent, c’était un peu comme jouer pour deux équipes distinctes. Mais je trouve qu’on a bien géré la situation, les entraîneurs et les joueurs ont continué d’y croire », a convenu Bouchard qui dit conserver un bon français puisque la famille de son père vient de Rosemère.
« J’essaie de montrer l’exemple sur la patinoire. À London, on a une mentalité de gagnants. Quand tu comprends ça et que c’est incrusté dans ta tête, les choses se passent bien », a-t-il noté.
Sur les rapports des dépisteurs, on s’enchante facilement pour celui qui a prouvé sa force en obtenant 14 répétitions consécutives à l'éprouvant test des pull-ups.
« Il est classé si haut parce qu’il a des yeux derrière la tête. On aime sa vision, sa façon de voir le jeu, son intelligence sur la patinoire, son sang-froid ainsi que sa capacité à réussir des jeux sous pression et quand il est mis en échec. Dans le hockey d’aujourd’hui, tu as besoin de ces joueurs qui peuvent passer la rondelle aisément en un éclair pour sortir de ta zone, c’est l’un des meilleurs dans cette cuvée », a louangé Dan Marr, le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH, en conversation avec RDS.ca.
« C’est un véritable cheval de travail. Il a été très dynamique offensivement cette saison », a décrit la firme ISS Hockey.
L'intérêt ne cesse de grimper pour Hughes
Mais le défenseur qui intrigue le plus, c’est Hughes. Comment pourrait-il en être autrement? Hughes vient de participer au Championnat du monde avec la formation américaine. L’état-major américain n’a pas hésité à le greffer aux Patrick Kane, Johnny Gaudreau et compagnie.
À l’approche du repêchage, cette occasion devenait un couteau à double tranchant. Mais Hughes n’a pas figé devant la compétition relevée prouvant aux équipes de la LNH que son physique succinct ne le brime pas contre des joueurs aguerris.
« Oui, le niveau de compétition était définitivement élevé. C’était un bon indicateur pour déterminer où mon niveau de jeu se situe », a confirmé Hughes sans craindre cet enjeu.
« Évidemment, je dois devenir plus puissant, mais j’ai été capable de bien défendre en utilisant ma tête, mon bâton et mon positionnement. Je me suis senti passablement confortable et je crois que j’ai réussi à avoir un impact positif », a-t-il jugé avec raison.
Hughes n’est pas seulement à l’aise avec ses patins. Il a grandi dans le milieu du hockey auprès de son père, Jim, qui a travaillé pour les Bruins et les Maple Leafs. Ce monde lui sied déjà à merveille, il en comprend les exigences et les nuances.
« Le hic dans mon arsenal, c’est le jeu défensif, mais je peux travailler là-dessus. C’est pourquoi je voulais aller jouer universitaire cette année. Je souhaitais me confronter à une compétition plus âgée et plus forte. Je vais continuer de progresser aussi et c’est ce que je disais aux équipes », a témoigné le défenseur de cinq pieds dix pouces et 170 livres qui a enfilé les couleurs de l’Université Michigan en 2017-2018.
« Il s’est retrouvé à jouer à un tout autre niveau, au Championnat du monde, et il n’a pas été déclassé. Il était aussi l’un des plus jeunes de sa ligue et Michigan a connu l’une de ses meilleures années depuis un certain temps en partie grâce à lui. Il a cette rapidité, cette facilité à lire et comprendre le jeu rapidement. Il n’est pas gros, mais il ne se place pas dans des situations où le poids fait la différence quand il joue défensivement », a peint Marr comme portrait.
« Il n’est pas effrayé de prendre des risques quand il contrôle la rondelle, mais c’est la réalité avec des joueurs avec de tels atouts offensifs. Présentement, c’est une question de gestion de risques et il a fait un très bon travail par rapport à ça. Dans nos rapports, on le décrit comme un joueur offensif dynamique, mais il n’a pas de carences défensives dans son jeu », a-t-il poursuivi.
Brady Tkachuk, qui a été son coéquipier dans le programme de développement américain, a tenu à aborder ce côté défensif qui ne serait pas un frein à immersion dans la LNH.
« Tout se démarque dans son jeu à mes yeux. Évidemment, on voit facilement ses éclats offensifs, sa vitesse, ses habiletés, mais il est aussi très bon défensivement. Il parvient à freiner les meilleurs trios adverses », a-t-il répondu.
Boqvist, un élève de Karlsson
Respectivement, Bouchard et Hughes sont classés quatrième et sixième, en Amérique du Nord, par la Centrale de la LNH. En sol européen, Adam Boqvist n’a pas pu obtenir toute la reconnaissance étant donné l’hégémonie de Dahlin. Le contexte est loin de lui déplaire pour autant puisqu’il a été exempté d’une partie du stress qui accompagne cette année cruciale.
Sympathique et détendu, le deuxième espoir européen s’est même amusé à raconter, samedi dernier, qu’il s’était placé la tête par-dessus la toilette pendant quelques secondes après ses tests physiques.
Dans le meilleur des mondes, Boqvist espère s’approcher des prouesses de son idole, Erik Karlsson.
« Je pense qu’il est bien meilleur que moi. J’espère que je pourrai devenir aussi bon que lui éventuellement. Je regarde des vidéos de lui pratiquement tous les jours et j’essaie d’apprendre certains de ses trucs », a raconté le petit frère de Jesper Boqvist qui a été repêché par les Devils en 2017.
Défensivement, Boqvist n’est vraisemblablement pas aussi prêt à se mesurer aux rigueurs de la LNH. Mais ses dons offensifs incitent la plupart des recruteurs à rêver de son apport à moyen terme.
« C’est l’un de ces joueurs qui aiment avoir la rondelle. Il est très talentueux et il patine de façon si fluide sans rien perdre de sa vision offensive! », a relevé Marr qui ne l’a pas vu se laisser intimider.
« Boqvist possède une créativité offensive comparable aux meilleurs attaquants de cette cuvée », a argué ISS Hockey à propos de l'arrière suédois.
Déjà que le repêchage s’annonce intéressant pour déterminer l’ordre des attaquants du haut du pavé, le débat autour des défenseurs propulse l’intérêt à un autre niveau.
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