MONTRÉAL – Le passionnant casse-tête de construire les Golden Knights de Las Vegas repose notamment entre les mains de Vaughn Karpan qui a œuvré au sein de l’équipe de dépisteurs du Canadien de Montréal pendant plus d’une décennie.

À peine un an après avoir été promu au poste de directeur du recrutement professionnel par Marc Bergevin, Karpan a reçu une offre inattendue et impossible à refuser. Les Golden Knights lui ont proposé le poste de directeur du personnel des joueurs.

Karpan se retrouve donc au cœur des discussions pour bâtir cette organisation. Évoluant sous les ordres du directeur général George McPhee et de son adjoint Kelly McCrimmon, Karpan utilise ses 25 années d’expérience en tant que dépisteur (avec les Jets, les Coyotes et le Canadien) pour évaluer toutes les options en vue du repêchage d’expansion.

Gary Bettman, Bill Foley et George McPhee« On observe de près les joueurs qui pourraient être à notre portée. D’un autre côté, ça ne sert à rien de regarder les « intouchables ». On passe du temps à analyser les joueurs qu’on a des chances raisonnables d’ajouter à notre groupe», a expliqué celui qui a représenté le Canada aux Jeux olympiques de Sarajevo (1984) et Calgary (1988).

Nul doute, ce processus - qui se déroulera du 18 au 21 juin – s’établira comme un moment charnière pour la 31e formation du circuit Bettman. Déjà habitué d’être un grand voyageur, l’homme de 55 ans amasse plus de points voyages que jamais afin d’éviter des erreurs dans cinq mois en pigeant dans le bassin de joueurs disponibles.

La comparaison avec un casse-tête ne tombe pas dans l’exagération. Karpan et ses collègues ont identifié des pièces susceptibles d’être sacrifiées par les équipes, mais le portrait varie sans cesse.

« Ça bouge beaucoup parce que ça varie selon les performances des joueurs. De plus, il faudra évaluer les conséquences après la date limite des transactions. En fin de compte, nos listes changent constamment et ça finira par se décider en lien avec nos évaluations que nous poursuivons », a décrit l’homme à la voix posée et rauque.

Le syndrome de la page blanche effraie plusieurs auteurs. Heureusement pour les futurs partisans des Golden Knights, l’état-major du club ne craint pas de bâtir une équipe à partir d’un tableau blanc. Par contre, ce n’est pas aussi facile que certains peuvent penser.

« On hérite d’un lot de problèmes différents. On part de rien donc on doit ériger des fondations. Bien sûr, on se retrouve plus loin de la coupe Stanley que je l’étais à Montréal, mais les deux contextes sont très amusants et intéressants », a convenu Karpan.

Humble et honnête à la fois, le Manitobain réalise que la responsabilité reposera sur ses épaules et celles de ses partenaires si le décollage se transforme en échec.

« Cette fois, si ça ne fonctionne pas, on ne pourra pas blâmer la personne qui était là avant ! C’est plaisant d’avoir cette liberté, tu peux essayer des choses en lesquelles tu crois », a-t-il témoigné dans un généreux entretien.

Des Golden Knights aux allures du CH ?

Ayant œuvré comme dépisteur pendant un quart de siècle, Karpan a pu analyser plusieurs philosophies implantées à travers la LNH. L’homme de hockey n’a toutefois pas besoin de chercher bien loin pour savoir la direction à choisir pour forger l’identité des Golden Knights.

« Je serai à la recherche du même genre de joueurs que je visais à Montréal. On veut jouer un style rapide et agressif pour qu’on devienne rapidement une équipe difficile à affronter », a statué Karpan en utilisant une partie du vocabulaire prisée par le directeur général Marc Bergevin et l’entraîneur Michel Therrien.

Cela dit, il sait bien que ça ne risque pas d’être un jeu d’enfants de pouvoir sélectionner uniquement des joueurs qui correspondent à ces critères.

Karpan a fait allusion au Canadien de son propre chef à cette question. La mention n’étonne guère puisqu’il a développé ses atouts avec l’organisation montréalaise en apprenant sous trois patrons.

Pierre Gauthier, Geoff Molson, Jarred Tinordi, Trevor Timmins, Frank Jay et Vaugh Karpan« J’ai été très chanceux, j’ai travaillé pour Bob Gainey, Pierre Gauthier et Marc Bergevin. J’étais aussi entouré de personnes très qualifiées comme André Savard, Scott Mellanby, Rick Dudley, Larry Carrière et Trevor Timmins. Je ne m’en cache pas, j’ai volé certaines de leurs idées pour les appliquer dans mon travail », a raconté l’intervenant qui revenait d’un voyage en Russie.

S’il a grandement apprécié le respect des propriétaires George Gillett et Geoff Molson, Karpan a tenu à vanter la contribution de Bergevin.

« Les personnes pour lesquelles je travaillais avaient une bonne oreille. Marc est le meilleur à ce chapitre, il écoute beaucoup et il est un leader très fort. J’ai un immense respect pour lui et son groupe.

« Je ne le connaissais pas quand il est arrivé. Ç’aurait été facile pour lui de me remplacer, mais il m’a gardé et il m’a donné une chance. Il m’a écouté aussi et c’est du leadership. Il ne craint pas de prendre des décisions difficiles et je considère que Montréal est chanceux de miser sur lui. Il est très bon », a déclaré Karpan que Bergevin a remplacé par Eric Crawford.

Les échelons gravis avec le Canadien ont incité les Golden Knights à l’attirer au Nevada où il naviguera dans un contexte contrastant avec le paysage montréalais.

« J’étais complètement surpris par cette offre ! J’étais très heureux à Montréal et confortable dans mon rôle. Marc venait de me donner une promotion et je ne regardais pas les options pour accéder à un poste semblable », a conclu le responsable du recrutement professionnel et amateur.