MONTRÉAL – L’histoire de Pascal Rhéaume, c’est celle d’un homme rafraîchissant qui a bûché pour tout ce qu’il a obtenu dans sa vie comme sa carrière de plus de 300 parties dans la LNH et maintenant son poste d’entraîneur adjoint dans la Ligue américaine de hockey après avoir envoyé son CV aux quatre coins de l’Amérique.

À 42 ans, Rhéaume – qui a soulevé la coupe Stanley en 2003 avec les Devils – vient d’hériter de ce poste avec le Wild d’Iowa d’une manière inusitée. Encouragé par le fait qu’il a mené les Cougars de Champlain à la finale de la LHJQ (Ligue de hockey junior du Québec) à ses deux saisons dans le rôle d’entraîneur-chef, Rhéaume a pris le taureau par les cornes pour gravir les échelons.

« Ça fait deux ans que je voulais être embauché dans le personnel d’entraîneurs d’une équipe professionnelle dans la ECHL, la Ligue américaine ou la LNH. J’ai envoyé à tous les directeurs généraux de la LNH mes informations en expliquant mon parcours d’entraîneur après ma carrière », a raconté Rhéaume qui participe ce week-end au Séminaire d’entraîneurs de Hockey Québec.

L’ancien des Draveurs de Trois-Rivières et des Faucons de Sherbrooke avait également signifié son intérêt pour se voir confier le rôle d’entraîneur-chef des Sea Dogs de Saint John ou des Islanders de Charlottetown sans que ça aboutisse.

À travers ses démarches, Rhéaume a reçu des messages et des appels de certains directeurs généraux qui n’avaient pas d’ouverture précise pour lui. Tout ça jusqu’au moment où un courriel est apparu dans sa boîte de réception.

Cette note venait de John Torchetti, l’entraîneur de la filiale du Wild dans la LAH, qui a notamment été adjoint avec le Lightning, les Panthers, les Blackhawks et les Thrashers. Il lui demandait s’il allait être présent à la clinique des entraîneurs présentée en marge du repêchage de la LNH en Floride.

« Je n’avais pas entendu parler de cet événement donc je suis allé voir sur internet et j’ai vu que ça coûtait 200 $. J’ai décidé de m’inscrire et de réserver une chambre à l’hôtel pour trois jours pour quelques centaines de dollars aussi. Et il fallait bien que je regarde pour un billet d’avion. Après avoir réservé tout ça, je lui ai répondu que j’allais être présent et qu’on pourrait se rencontrer », a détaillé Rhéaume avec franchise.

Tout ça était bien beau, sauf que Rhéaume ne connaissait nullement Torchetti qui s’intéressait à sa candidature.

« Je n’avais aucune idée de qui il était contrairement à la majorité des autres entraîneurs. Je me suis dépêché d’aller voir sa photo sur le web pour le reconnaître. Mais là, le jeudi, quand je suis arrivé dans l’entrée de l’hôtel, il y a des entraîneurs partout! Je me demandais comment j’allais faire pour le trouver. J’ai fini par le replacer parce que j’avais regardé sa photo. Je suis allé me présenter, il m’a dit qu’il était pressé et qu’on se reparlerait. En après-midi, il m’a donné un rendez-vous pour une entrevue le lendemain », s’est rappelé Rhéaume avec le sourire dans la voix.

Une semaine après cette rencontre d’une soixantaine de minutes durant laquelle il a parlé de sa proximité avec les joueurs, Rhéaume a reçu l’appel de Torchetti qui lui offrait le poste.

Fier de cette réussite et de ce risque, Rhéaume la savoure encore plus étant donné qu’aucun contact n’a poussé pour lui.

« C’est drôle parce que je n’ai pas joué pour cette organisation et je n’y connaissais personne à part quelqu’un au développement des joueurs qui n’était pas au courant de mon entrevue. Ça prouve qu’il faut essayer et mentionner qu’on est disponible parce que les offres n’arriveront pas automatiquement », a retenu Rhéaume qui a également fait des entrevues pour des postes d’entraîneur-chef dans la ECHL avant ce revirement de situation.

Le sympathique entraîneur qui a porté les couleurs des Blues, des Blackhawks, des Thrashers, des Devils, des Rangers et des Coyotes dans la Ligue nationale s’est vu confier un contrat d’une année avec l’équipe installée à Des Moines au cœur de l’Iowa.

« Ce sera à moi de prouver ce que je peux faire, c’est un nouveau départ. Je dois prouver comment je peux aider à développer les jeunes », a convenu celui s’établira dans cet état américain sans sa famille cette année car elle demeurera au Québec pour les motifs scolaires de ses trois enfants de 19, 16 et 13 ans.

Quelques jours après le virage espéré dans sa carrière, Rhéaume s’est rendu au Minnesota pour participer au camp de développement du Wild où il a pu se familiariser avec l’organisation incluant les adjoints Darryl Sydor, Andrew Brunette et Darby Hendrickson qu’il a côtoyés dans la LNH.

« J’ai rencontré toute l’organisation, mais ce n’était pas stressant parce qu’ils savaient qui j’étais », a expliqué l’attaquant gaucher qui a amassé un total de 100 points dans la LNH incluant les séries.

Le désir de partager ses connaissances

Reconnu pour son intensité au travail, Rhéaume s’est rapidement mis au boulot pour épauler les jeunes espoirs du Wild qui ne lui étaient pas familiers. Il s’est tout de même assuré de bavarder avec Guillaume Gélinas et Dylan Labbé, les deux produits de la LHJMQ qui étaient sur place.

« C’était une belle expérience et les jeunes ont travaillé très fort. Je suis certain que les jeunes étaient vidés quand ils sont partis du camp », a décrit Rhéaume en faisant allusion à leur horaire chargé et un match intra-équipe disputé devant plus de 5000 spectateurs.

Après ses premiers pas professionnels dans le rôle d’entraîneur, il ne cache pas vouloir retourner dans la LNH, mais derrière le banc cette fois.

« C’est sûr que oui, mais mon premier but demeure d’accomplir un bon travail pour obtenir un contrat pour l’an prochain. Je veux monter dans la LNH comme entraîneur-chef ou assistant et tous les parcours sont possibles. Par exemple, Sylvain (Lefebvre) a été assistant dans la LAH et la LNH pour revenir en chef dans la LAH. Mais le plus important, c’est de rester. C’est plus facile jouer dans la LNH que d’y demeurer. Beaucoup de joueurs y ont joué quelques matchs sans s’établir », a-t-il fait remarquer.

Ayant enfilé l’uniforme de 15 équipes professionnelles jusqu’à Vienne en Autriche, Rhéaume peut s’inspirer d’une panoplie d’entraîneurs pour façonner son approche. Ceci dit, il n’hésite pas une seconde pour identifier celui qui a été le plus marquant.

« Je réponds toujours Joel Quenneville et je me dis que j’ai un très bon modèle. J’ai adoré plusieurs de mes entraîneurs dont Robbie Ftorek quand je suis arrivé dans la LAH. Il était près des joueurs, même si ce fut plus compliqué pour lui dans la LNH. Joel était un entraîneur difficile, mais juste et honnête. Il pouvait aussi être cool quand c’était le temps. Je ne pas surpris de le voir rendu à ce niveau », a-t-il confié à propos de son entraîneur chez les Blues.

Rendu à sa cinquième année comme entraîneur, Rhéaume a réalisé à la conclusion de sa carrière que cette avenue lui convenait.

« Je l’ai plus su à ma dernière saison quand j’avais signé comme joueur et entraîneur adjoint dans la Ligue internationale (avec les Generals de Flint). C’est là que j’ai vraiment réalisé que ça me plaisait d’aider les jeunes et on avait perdu en finale », a déclaré l’interlocuteur au RDS.ca.

C’est d’ailleurs à ce moment qu’il avait participé à un premier séminaire durant lequel il s’était bien amusé.

« J’étais allé au Michigan pour parler en anglais avec mon accent francophone devant 200 personnes des mises au jeu et des chances de marquer. J’en ai profité pour raconter plusieurs anecdotes », a-t-il dit en plongeant dans ses souvenirs.

Six ans plus tard, Rhéaume a accepté avec plaisir l’invitation venant de Hockey Québec. De nature ouverte et généreuse, il croit que les entraîneurs gagneraient à partager davantage leurs connaissances.

« J’ai accepté de le faire pour aider les entraîneurs de la relève. C’est important qu’on se parle entre nous et je trouve qu’on ne le fait pas assez. On veut tous s’améliorer dans notre métier et ça me fait plaisir de leur partager certaines notions », a noté Rhéaume qui aime profiter des conseils de ses adjoints.

« Je ne suis pas gêné de dire que j’ai parlé avec Judes Vallée, Stéphan Lebeau, Sylvain Lefebvre, Stéphane Robidas et plusieurs joueurs à propos des systèmes de jeu et d’autres sujets. Je veux m’assurer d’enseigner les meilleures choses », a-t-il conclu.