En attendant le retour du hockey, William Carrier découvre la paternité
LNH mardi, 31 mars 2020. 07:45 mardi, 31 mars 2020. 09:36MONTRÉAL – Pour les Golden Knights de Vegas, c’était le début d’un voyage qui devait englober cinq matchs. Pour William Carrier, ce n’était qu’un aller-retour pour Winnipeg.
Pendant que ses coéquipiers s’envolaient pour Calgary après une défaite de 4-0 aux mains des Jets, Carrier était rentré directement à la maison. Sa femme devait accoucher d’une journée à l’autre et il avait reçu la permission de ses patrons pour la rejoindre avant le grand jour.
Les Knights ont poursuivi leur périple en battant les Flames 5-3, puis les Oilers d’Edmonton en prolongation le lendemain. La petite Stella a vu le jour après ce fructueux programme double, le 11 mars. Puisque sa belle-mère était arrivée en renfort pour s’occuper de la maisonnée, Carrier a pris le téléphone et a sorti ses valises. Il était prêt à prendre le prochain vol et à jouer dès le lendemain au Minnesota.
« Mais on m’a dit de rester chez moi, qu’on n’était même pas sûr si la game allait être jouée », se remémore le nouveau papa.
Carrier aurait effectivement traversé le pays pour rien. Avant que sa fille n’ouvre les yeux, la Ligue nationale a annoncé qu’elle suspendait temporairement ses activités afin de participer aux mesures préventives à la propagation du coronavirus.
Depuis bientôt trois semaines, l’attaquant de 25 ans a donc décroché du sprint qu’est une course aux séries pour se lancer à temps plein dans le marathon de la paternité.
« Dix de nos quatorze dernières parties étaient sur la route, fait-il remarquer. Dans les circonstances, ce n’était vraiment pas idéal comme horaire, ça fait que ça a comme bien adonné. On est toujours à la maison. Huit, neuf biberons par jour. Tout le monde va bien. »
Prendre soin d’un poupon en ces temps d’incertitude générale peut être une source de stress additionnelle. Pour l’instant, les Carrier vivent l’expérience à l’abri de tout souci. Grâce à l’assistance fournie par la direction des Golden Knights, les rendez-vous médicaux requis pour le bébé se font de façon sécuritaire. Clairvoyants, les nouveaux parents avaient aussi fait le plein de provision – de la bouffe et des couches! – afin de limiter au maximum les allées et venues.
« Là, on arrive au moment où il faudrait refaire le plein. Je crois que je vais être obligé de sortir avec le masque et les gants », anticipe le paternel en riant.
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Vue du Québec, la crise provoquée par la prolifération de la COVID-19 a l’air de prendre des proportions inquiétantes de l’autre côté de la frontière. Alimentés par la négligence de certains leaders, d’importants foyers d’infection continuent de prendre de l’ampleur aux États-Unis. Carrier voit bien que certaines régions de son pays d’adoption sont en train de l’échapper, mais il suit le développement de la pandémie avec une confiance relative. Ce n’est pas comme s’il pouvait rentrer à la maison de toute façon.
« En ce moment, il fait 25 degrés, gros soleil ici. Les gars sont bien et je pense que personne ne veut partir. C’est sûr que si ça se prolonge, peut-être qu’on rentrera pour voir les parents, mais pour l’instant on n’a aucune idée. »
« Pour l’instant, je pense qu’on est à 500 ou 600 cas dans le Comté de Clark. Ce n’est pas comme à New York où ils sont rendus à 50 000 (NDLR : Lundi, le nombre de cas diagnostiqués dans l’État de New York s’élevait à 66 500). On ne sent pas la grosse panique. Les gens se font dire de rester en dedans, mais ce n’est pas tellement respecté. Comme un peu partout ailleurs je pense. Les autorités sont encore en train de mettre des mesures en place. »
En faveur d’une relance estivale
Malgré ces nombreux constats de désobéissance civile qui ralentissent l’aplatissement de la fameuse courbe, Carrier croit encore que la saison 2019-2020 de la Ligue nationale peut être sauvée.
« Dans les deux premières semaines, on voyait des idées sortir comme quoi on pourrait jouer au mois de juillet. Les gars se disaient que c’était impossible, mais plus ça avance, on se dit qu’y a des fortes chances que ça arrive. Il y a plein d’idées, certaines farfelues, qui ont circulé. »
« Mais surtout avec les Olympiques qui ont été repoussés, on pourrait jouer, plaide celui qui se dirigeait vers la meilleure campagne de sa carrière. Je suis sûr que les réseaux de télé embarqueraient dans une reprise estivale. Je suis sûr que les fans seraient au rendez-vous-même si les séries étaient au beau milieu de l’été. Mais pour l’instant, il faut attendre. Tout le monde est en standby, on ne sait rien. On ne sait pas combien de temps ça va durer. Je pense que le prochain mois va dicter la suite. »
Bien sûr, Carrier prêche pour sa paroisse. Deux semaines avant la pause, les Golden Knights avaient connu une séquence de huit victoires consécutives. Depuis l’arrivée de Peter DeBoer à la barre de l’équipe, ils montraient une fiche de 16-5-1 et étaient plutôt bien installés au sommet du classement de la division Pacifique.
« On avait une équipe qui pouvait se rendre loin, alors c’est pas mal décevant. Tu travailles toute l’année pour ce moment-là. L’équipe avait fait des échanges à la date limite et on ne perdait presque plus. Nous autres, on veut jouer. Il y a peut-être des équipes qui se disent que ça ne donne rien, mais celles qui, comme nous, se battaient pour les séries, c’est sûr qu’elles veulent recommencer. »
Le vétéran de quatre saisons précise toutefois que tous les joueurs auraient avantage à ce que la saison soit sauvée.
« On a autant à perdre [que les propriétaires]. Les revenus sont partagés 50-50, alors s’ils perdent, les joueurs perdent aussi. Ça va affecter le plafond salarial, ça va affecter nos salaires directement. »
En attendant un dénouement, Carrier fait de son mieux pour se tenir au courant des derniers développements auprès de l’Association des joueurs.
« On a des appels quasiment aux deux jours. Soit tous les joueurs sont invités à participer à une conférence téléphonique avec les dirigeants de la NHLPA, soit notre représentant Nate Schmidt va aux nouvelles et nous les relaie. Les gars ont des questions, ils veulent savoir ce qui se passe. On est dans le néant comme tout le monde. »