MONTRÉAL – Surpris par la République tchèque et le Danemark à leurs deux premiers matchs du Championnat du monde de hockey junior, les Finlandais se battaient pratiquement pour leur survie jeudi soir sur la glace du Centre Bell. Et pendant un peu plus de trente minutes, ils ont joué avec l’énergie et la résilience nécessaires pour arriver à leurs fins.

Mais tout a dérapé en milieu de deuxième période quand les champions en titre ont été incapables de profiter d’un double avantage numérique d’une durée de 1:55 pour accentuer l’avance d’un but à laquelle ils s’accrochaient.

Lias Andersson leur a fait payer ce manque d’opportunisme en créant l’égalité avant la fin de l’engagement médian, puis Alexander Nylander a marqué le premier de ses deux buts à 1:24 de la troisième pour mener la Suède à une victoire de 3-1 sur ses éternels rivaux.

« On ne jouait pas particulièrement bien avant cette séquence, a confessé le défenseur Jacob Larsson au terme de la rencontre. On s’attendait à un adversaire très agressif dès le début du match et c’est ce qui est arrivé, ils ne nous ont pas lâchés. Mais après ce 5-contre-3, on s’est mis à jouer avec plus d’énergie. Je pense que tout le monde l’a ressenti. »

« C’est évident que ça a changé le match, approuvait l’entraîneur suédois Tomas Monten en repensant à la solide prestation de ses unités spéciales. C’est rare qu’on ne voit pas de but dans ces circonstances, mais peut-être que la Finlande sentait qu’elle avait tout à perdre et qu’elle s’est mis trop de pression pour marquer. De notre côté, une fois la tempête passée, on se disait que si on était en mesure de conserver ce momentum, tout allait bien aller. »

Veini VehvilainenEt c’est exactement ce qui s’est produit. À partir du moment où les Suédois sont revenus à forces égales, la Finlande n’a réussi qu’un seul tir au but en près de huit minutes pour finir la deuxième période.

« À la fin de la deuxième, on sentait que la Finlande avait peur, n’a pas hésité à souligner Monten. Ils ne voulaient pas la rondelle, ils s’en débarrassaient sans cesse. Avant d’embarquer sur la glace en troisième, on voulait que nos joueurs gardent la pédale au plancher. On savait que ça allait rapporter. »

« C’est facile de repenser à ce moment précis et dire que ça a été le point tournant du match. Bien sûr, un deuxième but nous aurait été profitable, mais il nous restait quand même toute une moitié de match à jouer et je crois qu’on a continué de s’offrir des bonnes chances en troisième période », s’est défendu son homologue finlandais Jukka Rautakorpi.

« Le match est resté serré par la suite, ça n’a pas eu une si grande influence, minimisait lui aussi le capitaine Olli Juolevi. C’est sûr qu’on ne s’est pas aidé avec ce 5-contre-3 raté, mais dans l’ensemble, l’équipe est restée unie. On s’est bien battue aujourd’hui et j’en suis fier. »

Nylander a complété son doublé en dégageant la rondelle dans un filet désert en toute fin de troisième période. Avec quatre buts en trois matchs, le choix de première ronde des Sabres de Buffalo a marqué aussi souvent que tous les joueurs finlandais réunis depuis son arrivée à Montréal.

Son but d’assurance n’aurait toutefois pas été possible sans l’intervention de Felix Sandstrom. Quelques instants auparavant, le jeune cerbère avait gardé son équipe aux commandes en réalisant un petit miracle aux dépens Joona Luoto.

« Je voyais bien la rondelle au début de l’action, mais je l’ai perdue en cours de route et soudainement je l’ai vue arriver de l’autre côté, a décrit l’espoir de l’organisation des Flyers de Philadelphie. J’étais soulagé de pouvoir l’arrêter. »

La Suède n’a accordé que quatre buts depuis le début du tournoi. Pièce maîtresse du succès des unités spéciales des Tre Kronor, Sandstrom a bloqué 28 des 29 tirs dirigés vers lui, réalisant 14 arrêts au dernier tiers. Seul Aapeli Rasanen l’a déjoué lors d’un jeu de puissance finlandais en fin de première période.

La Finlande n’a désormais plus le contrôle de sa destinée. Une victoire de la Suisse vendredi contre le Danemark l'écarterait officiellement du tableau des quarts-de-finale pour la première fois de son histoire et la forcerait à remporter une série 2-de-3 contre les détenteurs de la dernière position du groupe B – possiblement la Lettonie ou la Slovaquie - pour éviter une gênante relégation. 

La Finlande, qui a remporté l'or deux fois au cours des trois dernières années, n'a jamais fait pire qu'une septième place au Mondial junior.

« On ne peut pas penser à ça encore. Je préfère attendre qu’on sache exactement ce qui arrivera », a sèchement commenté l’entraîneur Rautakorpi avant de retraiter vers son quartier général.

Toujours parfaite après trois matchs, la Suède est quant à elle assurée de terminer la ronde préliminaire au premier rang du groupe A.​