Un grand tournoi pour Thomas Chabot
Mondial Junior mardi, 3 janv. 2017. 07:19 lundi, 9 déc. 2024. 09:08MONTRÉAL – Au tout début du camp de sélection d’Équipe Canada junior, à Boisbriand, Thomas Chabot avait avoué ressentir un peu de pression à l’idée d’être le seul défenseur, parmi tous ceux qui étaient sur les rangs pour l’obtention d’un poste, à avoir vécu le naufrage de l’année précédente en Finlande.
Cette précieuse expérience faisait de lui la cible d’attentes élevées en provenance du personnel d’entraîneurs et de ses futurs coéquipiers, mais le jeune homme se disait confiant de pouvoir relever le défi.
Le Championnat mondial de hockey junior est toujours en cours et ÉCJ est encore loin d’être assurée d’une place sur le podium, mais vous pouvez déjà considérer ce défi comme étant relevé. Chabot est non seulement le pilier incontesté de la brigade défensive canadienne, mais probablement le défenseur par excellence du tournoi à l’aube des demi-finales qui seront disputées mercredi au Centre Bell.
« Il est incroyable, s’émerveillait Dylan Strome, le capitaine de la formation canadienne, après avoir vu Chabot récolter un but et une passe dans une victoire de 5-3 contre la République tchèque lundi soir. Il est en train d’émerger comme la grande vedette de cette équipe. Tout ce qu’il fait avec la rondelle semble facile. On dirait que ça ne lui demande aucun effort. »
« Thomas connaît un grand tournoi, a reconnu l’entraîneur Dominique Ducharme. On a besoin de son jeu. Il nous apporte beaucoup de confiance. »
De la confiance, le Beauceron de 19 ans semble en posséder des réserves inépuisables. À preuve, la témérité toute naturelle qu’il a affichée sur le but qui lui a permis de procurer une avance de 3-2 au Canada en deuxième période contre les Tchèques.
Chabot était seul à la ligne bleue quand une passe à l’aveuglette de Mitchell Stephens est passée à travers le trafic dans l’enclave et s’est mise à glisser dans sa direction. Rapidement, la pression est arrivée et une décision a dû être prise : retraiter pour protéger ses arrières ou foncer et assumer le risque?
« Si ça passait, c’était une échappée », réalisait-il en rétrospective.
Chabot, la voiture de course d’Équipe Canada, a finalement décidé de prendre la sortie pour le casino. De son poste derrière le banc de l’équipe, Ducharme a probablement avancé la main vers son stylo, prêt à rédiger la contravention. « On se sent toujours bien... quand le jeu réussit! Mais c’est le genre de jeu qu’il réussit dernièrement, n’est-ce pas? », a demandé l’entraîneur, souriant, sans attendre de réponse à sa propre question lors de son point de presse d’après-match.
« Honnêtement, c’est juste un réflexe, racontait Chabot. Au début, je n’étais pas sûr si je devais y aller, c’était quand même serré. Mais quand j’ai finalement décidé de jouer la rondelle, j’ai vu que le gars devant moi s’est mis un genou par terre. C’est là que je suis allé chercher l’avantage en le contournant. Rendu dans l’enclave, je me suis dit : ‘Je lance le plus fort possible en espérant que ça rentre’. Pis ça a rentré. »
C’était la troisième fois que ça « rentrait » pour le choix de première ronde des Sénateurs d’Ottawa, qui a récolté au moins un point dans chacun des matchs du Canada depuis le début du tournoi. Ses sept points en quatre rencontres le placent au premier rang du classement des marqueurs parmi les défenseurs inscrits à la compétition.
Mais l’apport de Chabot dépasse les limites de la feuille de pointage. Lundi, Strome a vanté le leadership de celui qui a hérité d’un « A » sur son chandail au terme du camp d’entraînement.
« Il est très volubile et pour un francophone il s’implique aussi beaucoup en anglais. Ça a un gros impact pour nous. Il communique facilement dans le vestiaire et la façon dont il s’y prend pour rejoindre tout le monde est vraiment impressionnante. »
« C’est certain que c’est un avantage de parler les deux langues, mais je pense que tout le monde dans le vestiaire fait un très bon travail de leadership, répond Chabot, aussi rapide dans la redistribution de compliments que sur ses deux lames. Veut, veut pas, dans nos équipes junior, on est quasiment tous des gars qui portent des lettres sur nos gilets, alors tout le monde trouve une façon de parler dans la chambre. »
L’humilité de Chabot est honorable, mais ce n’est pas le nom de ses coéquipiers que la foule scandait très clairement avant que ne soit dévoilée l’identité du joueur du match – la distinction est finalement allée à Julien Gauthier – après le match de lundi.
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« Quand votre nom résonne dans les hauteurs du Centre Bell, c’est que vous avez probablement fait quelque chose de pas mal », rigolait Strome, à qui les cris du fan club de son coéquipier n’avaient pas échappé.
« J’avais à peu près 60 personnes de la Beauce qui étaient dans les estrades juste pour moi. Ça ne me surprendrait pas que ce soit eux qui aient commencé tout ça », tentait d’expliquer le natif de Sainte-Marie, presque gêné d’avoir reçu autant d’attention.
Les Beaucerons ont l’œil, on n’en doute pas, mais il y a beaucoup plus que leur chauvinisme derrière la popularité grandissante de leur favori. L’été dernier, Thomas Chabot se faisait dire ses quatre vérités par le personnel d’évaluation des Sénateurs, insatisfait de son attitude au camp de perfectionnement de l’équipe. Six mois plus tard, il doit être considéré comme l’un des meilleurs défenseurs d’âge junior au monde.
« J’ai commencé la saison avec Ottawa, ça m’a donné un boost. C’était mon but de commencer la saison dans la Ligue nationale. Quand je suis redescendu à Saint John, ça a continué de bien aller, mais la seule chose à laquelle je pensais, c’était de revenir à ce tournoi-là. Je suis très content de la façon dont ça se passe en ce moment. Je ne pense pas que je pourrais demander mieux. »