C'est avec tambours et trompettes que les partisans de Georges Laraque, Réjean Tremblay et Ron Fournier en tête, ont salué le retour au jeu du colosse du Tricolore ces jours derniers. Retour en uniforme serait plus approprié, car Guy Carbonneau a répété ce qu'il avait dit lors du tournoi de golf du club Canadien en septembre dernier à Laval-sur-le-Lac.

"Georges ne jouera que cinq minutes ou à peu près par match et en ratera plusieurs. Je ne peux garantir son temps de glace".

"Le Prophète" a salué le retour de son favori en lui composant une petite chanson qu'il turlute occasionnellement en ondes. Mais cette performance ne lui garantit pas une invitation à l'émission de télé la plus quétaine en ville:"Y a plein de soleil", le dimanche matin à TQS.

L'"Humble Chroniqueur", lui, est "tombé en amour" avec Georges l'automne dernier, à la suite d'une entrevue au cours de laquelle le joueur de hockey l'a grandement impressionné par ses propos, ses commentaires, ses opinions, son jugement et surtout son intelligence. Au-dessus de la normale. "Jamais je ne croirais, Réjean, qu'on aurait affaire à une espèce de Barak Obama miniature?"

Mon préféré: le "Boomer "

Toujours est-il que chacun a droit d'avoir un favori, dans quelques domaines que ce soit et pour différents motifs. Personnellement, mon joueur de hockey favori a toujours été Bernard Geoffrion. J'ai connu Bernard à l'âge de 18 ans, alors que je couvrais le hockey junior pour mon premier employeur, "La Patrie", l'hebdomadaire au plus fort tirage en province à l'époque, avec le "Petit Journal", un autre journal du dimanche.

Le "Boum" jouait pour le National Jr. On s'est lié d'amitié. Il venait coucher chez nous certains soirs qu'il revenait très tard d'un match disputé à Trois-Rivières ou Victoriaville. C'était moins pénible pour lui de se rendre aux études le lendemain matin au Mont St-Louis, l'un des collèges les plus prestigieux de la Métropole dans le temps. Il jouait de plus pour le "Sweet Cap", l'équipe de hockey du collège.

Un jour, il a gradué avec le Canadien directement des rangs juniors. Sans passer par la Ligue américaine ou la Ligue Québec Sr. Il était bourré de talent et possédait une garnotte qui faisait trembler les gardiens. Geoffrion a connu une carrière phénoménale avec le Canadien, carrière qui devait le conduire au Temple de la renommée du hockey et forcer la direction du Canadien à retirer éventuellement son chandail. Trop tard, toutefois. On se rappellera que notre héros est mort le matin même de la journée qu'il devait être honoré.

Il filait un mauvais coton

Un soir, dans les années '50 lors d'un match disputé au Madison Square de New York, Bernard livre un duel à coups de bâtons à Ron Murphy, des Rangers. Il s'élance à la Willie Mays et fracture la mâchoire de son rival. Il avait écopé d'une suspension de quelques matches pour son geste. À son retour à Montréal, le "Boom" me téléphone pour me raconter ce qui s'était passé. Un ami, c'est un ami. Il avait besoin de réconfort.

"J'ai cassé avec ma blonde. La petite fille qui travaillait chez le lunettier de la rue Mont-Royal, Conrad Touchette. Je n'étais pas de bonne humeur. Murphy m'a frappé le premier et j'ai riposté. That's all, d'expliquer Bernard.

C'est Ron Murphy qui devait payer la note.

En une autre occasion, plus joyeuse celle-là, "Boum-Boum" avait compté cinq buts, soit le 19 février 1955, lors d'une victoire écrasante contre les Rangers au Forum. Après le match, on se rencontre "Chez Butch", rue Demontigny dans l'Est de la ville. Le "Boum" était au septième ciel. Heureux comme un roi, il me raconte sa soirée avec son vocabulaire des plus colorés.

"On honorait Ken Mosdell ce soir Jaypee et je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose de spécial pour souligner l'occasion. Bert Olmstead a compté le premier but. Moi le deuxième. À la fin de la première période, nous avions une avance de 3-1. Je savais, dès lors, que mon ami Lorne Worsley, le gardien des Rangers, allait être occupé.

"Garçon, deux autres!"

Puis il continua: "J'ai compté deux autres buts en deuxième période pour réussir le tour du chapeau. Tout joueur aurait alors été satisfait de sa soirée de travail, mais c'était mal connaître le "Boomer".

Don Marshall et Jackie Leclair ont aussi compté tour à tour et nous jouissions d'une avance de 7-1 à un certain moment. Nos joueurs ne patinaient pas. Ils volaient. Tout le monde était heureux. C'était l'euphorie dans le Forum. Fallait célébrer cette fête pour Mosdell. Au début du troisième engagement, j'obtiens un quatrième but. Quatorze secondes après la mise au jeu, j'en laisse partir une autre et "zoom" la lumière rouge s'allume. Un cinquième but pour le "Boomer". Ayoye!

"Un instant, Jaypee. Ce n'est pas fini. Avec une avance de 9-1, Tom Johnson a marqué un dixième but. Mais j'ai des petites nouvelles pour toi. J'ai placé mon bâton sur la rondelle à la dernière seconde pour la faire dévier dans le filet. Normalement, j'aurais dû connaître une soirée de six buts, mais cinq ce n'est pas si mal. Je n'ai pas à me plaindre. C'est une soirée que je n'oublierai jamais. Et "Gump" Worsley non plus. Il doit courir après du Copper Tone, car c'est tout un coup de soleil qu'il a attrapé ce soir", de conclure "Boum-Boum".

Quand on développe de telles amitiés avec des athlètes, tout sport confondu, vaut mieux les conserver.