Il y a certainement plusieurs faits saillants valables avec lesquels on peut analyser le 3e match de la finale de la Coupe Stanley mais celui qui m'apparaît le plus évident est certes la performance de Michael Peca. Aidé par le privilège du dernier changement de joueurs en évoluant à domicile, Craig MacTavish a modifié son approche et a choisi d'opposer le trio de Peca à celui de Rod Brind'Amour, tout au long de la soirée. Ce fut brillant de la part de MacTavish.

Au chapitre des mises en jeu, Peca a littéralement dominé Brind'Amour, avec une efficacité de 71% contre 37%. Quel contraste avec les deux premiers matchs! Avec près de 22 minutes sur la patinoire, Peca a été de toutes les missions importantes pour son équipe, affichant un niveau d'énergie et d'engagement que nous n'avions pas vu en Caroline. Il faut croire que la clarté et l'ampleur de sa mission d'hier, devant une foule en délire, ont eu un effet stimulant indéniable sur sa prestation. En fait, on a revu le Peca des beaux jours, celui qui n'avait pas hésité, jadis, à rester chez lui pendant une saison complète, insatisfait des offres contractuelles qui lui furent présentées à l'époque.

En fait, le travail de Peca et de ses compagnons de trio fut si bien fait, qu'ils ont même réussi à faire perdre son calme à Brind'Amour en quelques occasions au cours de la soirée. Cory Stillman, quant à lui, a été plutôt invisible et brouillon au cours des deux premières périodes. Justin Williams n'a pas eu, de son côté, le même espace de manœuvre en territoire des Oilers.

Bien sûr, on ne saurait minimiser l'impact du trio Hemsky-Horcoff-Smyth dans cette première victoire des Oilers. Avec quatre points sur six, les trois joueurs sont enfin sortis des ténèbres et cela ne peut que réconforter l'entraîneur MacTavish, qui semblait ne plus reconnaître sa véritable équipe au cours des deux premières rencontres. Mais en grande partie, ce grand déblocage ne vient-il pas du fait que les trois joueurs n'ont pas eu Brind'Amour sur le dos toute la soirée? Il y a là une partie de la réponse, c'est certain.

Il sera maintenant intéressant de voir comment les deux entraîneurs vont réagir pour le match de lundi. Il serait étonnant que Craig MacTavish apporte de grands changements, lui qui a inséré Dick Tarnstrom dans la formation aux dépens de Marc-André Bergeron et qui n'a utilisé Georges Laraque que pendant 24 secondes au cours du match. Quant à Peter Laviolette, il devra trouver une façon de libérer, partiellement du moins, son capitaine des griffes de Michael Peca.

Chose certaine, peu importe la façon dont les Oilers ont gagné le 3e match, ils ont relancé la série finale de la Coupe Stanley et on ne pouvait espérer mieux pour les amateurs de hockey.

Markkanen, calme et efficace

Jussi Markkanen a été remarquable devant le filet des Oilers. Le gardien finlandais a réussi un beau coup quand il a fait dévier le tir de Justin Williams lors d'une échappée en première période. Cet arrêt a gonflé sa confiance et celle de ses coéquipiers, qui ont beaucoup mieux appuyé leur gardien au cours de la rencontre.

Au cours d'une conversation après la séance d'entraînement du matin, Markkanen (sympathique et affable) a avoué ressentir une grande motivation devant la possibilité de compléter ce que son compatriote Mikka Kiprusoff n'a pu faire avec les Flames il y a deux ans (i.e. gagner la Coupe Stanley). Markkanen nous a aussi parlé du sérieux du développement des gardiens dans son pays. Ainsi, les jeunes prospects ont droit à une séance d'entraînement strictement pour eux, à chaque semaine au cours de la saison de hockey, ce qui leur permet de raffiner davantage leur technique. « Nous sommes aussi reconnus, nous les Finlandais, pour notre calme », a-t-il ajouté. « Peut-être que cela fait de nous de bons gardiens potentiels », conclut-il, en souriant.

Quelques réflexions…

Les deux entraîneurs vont certainement se creuser les méninges afin d'améliorer le rendement de leur équipe lors des supériorités numériques. Les Oilers sont particulièrement risibles avec un seul but marqué en 20 occasions depuis le début de la finale. Les Hurricanes ont été blanchis en 5 occasions samedi soir, après avoir marqué trois but en 10 jeux de puissance mercredi dernier. Il faut dire que les Hurricanes, particulièrement, protègent jalousement la zone privilégiée devant Cam Ward. Il faut aussi apprécier le fait que les joueurs des deux équipes n'hésitent jamais à se jeter devant les tirs qui proviennent du point d'appui et réduisent donc d'autant les chances de marquer.

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Il faut vraiment y être pour en apprécier toute l'ampleur. Si les partisans des Hurricanes sont bruyants, ceux des Oilers sont tout simplement délirants pour ne pas dire, écrasants! Lorsque nous avons animé notre segment d'ouverture à la hauteur de la patinoire, Yvon et moi, nous avons été littéralement secoué par le bruit infernal qui nous entourait. Vraiment, une expérience unique!

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Le vétéran analyste de la CBC et ancien entraîneur Harry Neale est un formidable conteur de blagues. Dans un restaurant d'Edmonton, vendredi soir, le bon vieux Harry nous a montré tout son talent en nous défilant trois ou quatre histoires hilarantes comme seuls Roméo Pérusse ou Lucien Boyer en étaient capables, à l'époque, chez nous, au Québec. Ne manquaient que les petits roulements de tambours et le traditionnel coup de cymbale, à la fin…

À mardi, mes amis.