Pierre Pilote se souvient
Hockey jeudi, 3 juin 2010. 14:46 jeudi, 12 déc. 2024. 09:50
Ils étaient trois Québécois avec les Black Hawks de Chicago, lorsqu'ils ont gagné leur dernière coupe Stanley il y a près de 50 ans, soit en 1961 : Pierre Pilote, Dollard St-Laurent et Denis Dejordy.
(NDLR: À noter que Chicago a porté le nom de Black Hawks comme surnom jusqu'en 1986, lorsqu'ils ont adopté celui de Blackhawks pour satisfaire aux caprices et besoins de la succession).
Pilote, né à Kénogami, au Saguenay, le 11 décembre 1931, n'avait rien d'un Bobby Orr ou d'un Doug Harvey, mais il a tout de même joué 13 saisons dans la LNH, dont douze avec Chicago. Il etait l'adjoint au capitaine Eddie Litzenberger, anciennement du Canadien, quand ce dernier a accepté la coupe Stanley des mains du président Clarence Campbell en 1961. Pilote a mérité le trophée Norris, attribué au défenseur par excellence du circuit, à trois reprises de 1963 à 1965 et fut sélectionné sur la première équipe d'étoiles cinq fois et sur la seconde en trois occasions. En 1975, il était élu au Temple de la renommée du hockey. Mais ce ne fut pas sa plus forte émotion.
"J'ai vécu mon plus grand moment l'an dernier, quand la direction des Blackhawks a retiré mon chandail no 3 et que je me suis retrouvé dans la même catégorie que les Bobby Hull, Stan Mikita et autres grandes vedettes qui ont marqué l'histoire du hockey à Chicago. J'étais d'autant plus fier, que lorsque je jouais pour Buffalo, le club-école des Hawks dans la Ligue américaine, Tommy Ivan, ancien directeur général du Chicago, m'avait dit que je rêvais en couleurs, si je pensais de graduer dans la Ligue nationale un jour. Quel crétin", de raconter Pilote, maintenant à la retraite en banlieue de Toronto, après avoir vendu ses intérêts dans un Tim Horton qu'il exploitait dans la Ville reine. Pierre n'était pas un costaud à 5'9" et 170 livres, mais il ne reculait devant personne et a eu l'avantage de jouer huit saisons avec Elmer Vasko, un colosse. Ça ne lui a jamais nui.
"Il ne faut pas oublier que nous avions une attaque explosive en 1961 avec Bobby Hull, Stan Mikita et Bill Hay, qui formaient la "Million Dollar Line". Bill a maintenant 74 ans et est président du Temple de la renommée du hockey à Toronto. Personnellement, j'ai toujours été plus impressionné par les succès des autres que les miens. J'étais sur la glace quand Bobby Hull a compté son 500e but en 1961-62. J'étais aussi content que lui. Il en a marqués 54 un peu plus tard. Bobby a certainement été l'un des plus grands joueurs de la Ligue nationale avec Gordie Howe, Jean Béliveau et Henri Richard. Henri était le plus difficile à freiner. Il était rapide, maniait bien le bâton, en plus d'être très intelligent. Je parle naturellement des joueurs de mon époque", de dire Pilote.
Hull n'a jamais pardonné à "Fergie"
Les moins jeunes se souviendront d'un mémorable match disputé à l'ancien Forum avec Chicago comme visiteur. À un certain moment, il y a eu accrochage entre Bobby Hull et John Ferguson, le policier du Canadien. Fergie a jeté les gants et était prêt à engager le combat. Bobby ne bougeait pas, car il portait un protecteur facial spécial, ayant subi une fracture de la mâchoire quelques jours plus tôt. Ferguson m'avait raconté l'incident, lors d'une entrevue réalisée de son vivant. "Quand j'ai soulevé son protecteur et que j'ai constaté qu'il avait la mâchoire tricotée avec du fil et des broches, j'ai naturellement retenu mon geste. J'aurais passé pour un rat, si je l'avais frappé. En temps normal, Bobby se serait défendu. Il était capable.
"J'ai gardé un souvenir amer de cette altercation, qui en principe n'en fut pas une. Bobby Hull ne m'a jamais pardonné. Il a toujours eu cet incident sur le coeur. On s'est retrouvé dans maintes réunions d'anciens joueurs et des banquets de célébrités, mais il ne m'adressait jamais la parole. Un jour, à l'occasion d'un tournoi de golf de célébrités à Vancouver, il s'était désisté en apprenant que je faisais partie de son quatuor. Dommage. Triste", de conclure Fergie.
Dollard au purgatoire
Dollard St-Laurent, maintenant âgé de 81 ans, aime mieux parler des quatre coupes Stanley qu'il a gagnées avec le Canadien que de sa cinquième avec le Black Hawks en 1961. On se souviendra que Frank Selke avait échangé St-Laurent à Chicago le 3 juin 1958 pour le punir, parce qu'il avait aidé Doug Harvey et Ted Lindsay, des Red Wings, à mettre sur pied l'actuelle Association des joueurs. Lindsay avait aussi été rétrogradé aux Black Hawks par les Red Wings et Harvey aux Rangers par Frank Selke. Après la conquête de la coupe Stanley par les Black Hawks en 1961, le purgatoire de Dollard a pris fin, quand son contrat a été vendu aux As de Québec de la Ligue américaine, dans le temps. Sa carrière a pris fin de façon brutale, suite à une fracture d'une jambe. "Dollard avait de l'expérience, surtout des séries éliminatoires. Il nous a beaucoup aidés à gagner la coupe en 1961 par son leadership. Ils savaient nous transmettre le désir de vaincre et la détermination", de commenter Pilote.
Denis Dejordy, quant à lui, précise qu'il était gardien substitut des Hawks, lorsqu'ils ont gagné la coupe Stanley en 1961. Il n'a pas eu l'occasion de jouer. "C'est en 1964", rappelle-t-il, "que le système de deux gardiens a été adopté par les clubs de la Ligue nationale. J'ai joué pour les Black Hawks de l964 à 1970 et mon meilleur souvenir remonte à 1966, quand Chicago a fini premier pour la première fois de son histoire. Nous avions cependant été éliminés par Toronto en demi-finale et les Leafs avaient ensuite fait subir le même sort aux Canadiens en finale pour la coupe Stanley. Cette saison-là, j'avais joué 27 des 35 derniers matchs de la saison et j'avais gagné le trophée Vézina avec Glenn Hall".
Comment parler de l'historique des Blackhawks de Chicago sans penser aux frères Doug et Max Bentley, qui formaient un trio du tonnerre avec Bill Mosienko; d'Eric Nesterenko, l'ombre de Jean Béliveau lors des matchs entre ces deux clubs; du premier joueur tchèque de l'histoire de la Ligue nationale, Stan Mikita; du premier Grec, le gardien Mike Karakas; Murray Balfour, décédé à l'âge de 28 ans en mai 1965 des suites d'une tumeur maligne aux poumons; de l'ancien coach Billy Reay, qui a aussi brillé comme joueur durant des années avec le Canadien; de Rudy "Pilou Pilou" Pilous, qui a conduit les Hawks à la conquête de la coupe Stanley en 1961; du gros défenseur John Mariucci, qui s'était fait moucher par "Butch" Bouchard; du gardien Al Rollins, le seul joueur de la Ligue nationale a gagné le trophée Hart, attribué au joueur le plus utile à son club, avec une équipe de dernière place; Denis Savard, une institution chez les Hawks, qui a finalement gagné sa seule coupe Stanley avec le Canadien en 1993; enfin de Bobby Orr et Camil Henry, qui ont fini leur carrière à Chicago....sur une jambe, ayant un ou deux genoux en compote.
Go Hawks Go.
(NDLR: À noter que Chicago a porté le nom de Black Hawks comme surnom jusqu'en 1986, lorsqu'ils ont adopté celui de Blackhawks pour satisfaire aux caprices et besoins de la succession).
Pilote, né à Kénogami, au Saguenay, le 11 décembre 1931, n'avait rien d'un Bobby Orr ou d'un Doug Harvey, mais il a tout de même joué 13 saisons dans la LNH, dont douze avec Chicago. Il etait l'adjoint au capitaine Eddie Litzenberger, anciennement du Canadien, quand ce dernier a accepté la coupe Stanley des mains du président Clarence Campbell en 1961. Pilote a mérité le trophée Norris, attribué au défenseur par excellence du circuit, à trois reprises de 1963 à 1965 et fut sélectionné sur la première équipe d'étoiles cinq fois et sur la seconde en trois occasions. En 1975, il était élu au Temple de la renommée du hockey. Mais ce ne fut pas sa plus forte émotion.
"J'ai vécu mon plus grand moment l'an dernier, quand la direction des Blackhawks a retiré mon chandail no 3 et que je me suis retrouvé dans la même catégorie que les Bobby Hull, Stan Mikita et autres grandes vedettes qui ont marqué l'histoire du hockey à Chicago. J'étais d'autant plus fier, que lorsque je jouais pour Buffalo, le club-école des Hawks dans la Ligue américaine, Tommy Ivan, ancien directeur général du Chicago, m'avait dit que je rêvais en couleurs, si je pensais de graduer dans la Ligue nationale un jour. Quel crétin", de raconter Pilote, maintenant à la retraite en banlieue de Toronto, après avoir vendu ses intérêts dans un Tim Horton qu'il exploitait dans la Ville reine. Pierre n'était pas un costaud à 5'9" et 170 livres, mais il ne reculait devant personne et a eu l'avantage de jouer huit saisons avec Elmer Vasko, un colosse. Ça ne lui a jamais nui.
"Il ne faut pas oublier que nous avions une attaque explosive en 1961 avec Bobby Hull, Stan Mikita et Bill Hay, qui formaient la "Million Dollar Line". Bill a maintenant 74 ans et est président du Temple de la renommée du hockey à Toronto. Personnellement, j'ai toujours été plus impressionné par les succès des autres que les miens. J'étais sur la glace quand Bobby Hull a compté son 500e but en 1961-62. J'étais aussi content que lui. Il en a marqués 54 un peu plus tard. Bobby a certainement été l'un des plus grands joueurs de la Ligue nationale avec Gordie Howe, Jean Béliveau et Henri Richard. Henri était le plus difficile à freiner. Il était rapide, maniait bien le bâton, en plus d'être très intelligent. Je parle naturellement des joueurs de mon époque", de dire Pilote.
Hull n'a jamais pardonné à "Fergie"
Les moins jeunes se souviendront d'un mémorable match disputé à l'ancien Forum avec Chicago comme visiteur. À un certain moment, il y a eu accrochage entre Bobby Hull et John Ferguson, le policier du Canadien. Fergie a jeté les gants et était prêt à engager le combat. Bobby ne bougeait pas, car il portait un protecteur facial spécial, ayant subi une fracture de la mâchoire quelques jours plus tôt. Ferguson m'avait raconté l'incident, lors d'une entrevue réalisée de son vivant. "Quand j'ai soulevé son protecteur et que j'ai constaté qu'il avait la mâchoire tricotée avec du fil et des broches, j'ai naturellement retenu mon geste. J'aurais passé pour un rat, si je l'avais frappé. En temps normal, Bobby se serait défendu. Il était capable.
"J'ai gardé un souvenir amer de cette altercation, qui en principe n'en fut pas une. Bobby Hull ne m'a jamais pardonné. Il a toujours eu cet incident sur le coeur. On s'est retrouvé dans maintes réunions d'anciens joueurs et des banquets de célébrités, mais il ne m'adressait jamais la parole. Un jour, à l'occasion d'un tournoi de golf de célébrités à Vancouver, il s'était désisté en apprenant que je faisais partie de son quatuor. Dommage. Triste", de conclure Fergie.
Dollard au purgatoire
Dollard St-Laurent, maintenant âgé de 81 ans, aime mieux parler des quatre coupes Stanley qu'il a gagnées avec le Canadien que de sa cinquième avec le Black Hawks en 1961. On se souviendra que Frank Selke avait échangé St-Laurent à Chicago le 3 juin 1958 pour le punir, parce qu'il avait aidé Doug Harvey et Ted Lindsay, des Red Wings, à mettre sur pied l'actuelle Association des joueurs. Lindsay avait aussi été rétrogradé aux Black Hawks par les Red Wings et Harvey aux Rangers par Frank Selke. Après la conquête de la coupe Stanley par les Black Hawks en 1961, le purgatoire de Dollard a pris fin, quand son contrat a été vendu aux As de Québec de la Ligue américaine, dans le temps. Sa carrière a pris fin de façon brutale, suite à une fracture d'une jambe. "Dollard avait de l'expérience, surtout des séries éliminatoires. Il nous a beaucoup aidés à gagner la coupe en 1961 par son leadership. Ils savaient nous transmettre le désir de vaincre et la détermination", de commenter Pilote.
Denis Dejordy, quant à lui, précise qu'il était gardien substitut des Hawks, lorsqu'ils ont gagné la coupe Stanley en 1961. Il n'a pas eu l'occasion de jouer. "C'est en 1964", rappelle-t-il, "que le système de deux gardiens a été adopté par les clubs de la Ligue nationale. J'ai joué pour les Black Hawks de l964 à 1970 et mon meilleur souvenir remonte à 1966, quand Chicago a fini premier pour la première fois de son histoire. Nous avions cependant été éliminés par Toronto en demi-finale et les Leafs avaient ensuite fait subir le même sort aux Canadiens en finale pour la coupe Stanley. Cette saison-là, j'avais joué 27 des 35 derniers matchs de la saison et j'avais gagné le trophée Vézina avec Glenn Hall".
Comment parler de l'historique des Blackhawks de Chicago sans penser aux frères Doug et Max Bentley, qui formaient un trio du tonnerre avec Bill Mosienko; d'Eric Nesterenko, l'ombre de Jean Béliveau lors des matchs entre ces deux clubs; du premier joueur tchèque de l'histoire de la Ligue nationale, Stan Mikita; du premier Grec, le gardien Mike Karakas; Murray Balfour, décédé à l'âge de 28 ans en mai 1965 des suites d'une tumeur maligne aux poumons; de l'ancien coach Billy Reay, qui a aussi brillé comme joueur durant des années avec le Canadien; de Rudy "Pilou Pilou" Pilous, qui a conduit les Hawks à la conquête de la coupe Stanley en 1961; du gros défenseur John Mariucci, qui s'était fait moucher par "Butch" Bouchard; du gardien Al Rollins, le seul joueur de la Ligue nationale a gagné le trophée Hart, attribué au joueur le plus utile à son club, avec une équipe de dernière place; Denis Savard, une institution chez les Hawks, qui a finalement gagné sa seule coupe Stanley avec le Canadien en 1993; enfin de Bobby Orr et Camil Henry, qui ont fini leur carrière à Chicago....sur une jambe, ayant un ou deux genoux en compote.
Go Hawks Go.