MONTRÉAL – À la suite de son AVC subi la semaine dernière, Jacques Demers est affecté par une faiblesse du côté droit du corps et un problème de la parole, mais son état s’améliore au quotidien et il n’a rien perdu de son charisme alors qu’une longue période de réhabilitation l’attend.

Le sénateur et ancien entraîneur est donc considéré dans un état stable et il sera transféré prochainement dans un centre de réhabilitation.

« M. Demers a été l’un de mes patients lors de son arrivée (dans la nuit du 6 avril). Il a fait un AVC ischémique donc par manque de sang dans un vaisseau qui va au cerveau. On a fait le traitement nécessaire, il est resté avec une faiblesse de son côté droit et un problème de parole. Il est maintenant stable et en voie de récupération avec réhabilitation. Il a déjà commencé à démontrer des progrès. Il est traité par différentes personnes en physiothérapie et en thérapie du langage », a précisé Dre Jeanne Teitelbaum, une neurointensiviste spécialiste de l’AVC, du Neuro qui est associé au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

« Je suis contente de pouvoir dire qu’il paraît mieux chaque jour et que son visage est plus illuminé. Il interagit pas mal bien et il est très conscient de sa situation. Il a recommencé à manger jeudi, on est vraiment content de ses progrès », a ajouté la neurologue Dre Angela Genge qui traite aussi M. Demers.

Bien sûr, le temps joue un rôle important dans la condition d’un patient victime d'un AVC. Malheureusement, le sympathique homme de 71 ans a été transporté à l’hôpital plusieurs heures après son incident.

« Nous pensons que c’est arrivé dans la nuit donc il est fort probablement arrivé ici après les six heures de son événement si bien que c’était trop tard pour la thérapie très intensive », a confirmé Dre Teitelbaum qui a révélé plus de détails.

« Il n’a pas saigné dans son cerveau, il a plutôt manqué de sang dans son cerveau. Son hémisphère gauche a été touché, c’est le côté qui s’occupe du langage et du côté droit du corps. Puisqu’il est arrivé plus de six heures après l’AVC, il n’a pas eu de thrombectomie : une façon d’aller chercher le caillot dans la tête, tirer dessus et l’enlever. Il était aussi trop tard pour le TPA, un liquide qui est essentiellement du Drano pour la tête, ça dissout le caillot. On pouvait seulement faire les choses habituelles comme garder une pression artérielle parfaite et l’oxygène parfait. »

Quant à la grande question de savoir si les séquelles vont disparaître éventuellement, la prudence demeure de mise.

« C’est impossible de dire comment il va récupérer. Présentement, il s’améliore, mais on ne sait pas jusqu’à quel point ce sera le cas. S’il reste des séquelles, elles peuvent être minimes, mais on ne sait pas », a statué Dre Teitelbaum.

« On voit une grosse différence depuis lundi. Nous avons bon espoir pour lui », a enchaîné sa collègue, Dre Genge, qui le dit prêt pour l’étape suivante dans un centre de réadaptation.

L’ancien entraîneur sera donc transféré dans un tel établissement une fois qu’une place lui aura été trouvée. La patience sera importante puisque le temps de réhabilitation se compte en mois et même en années dans certains cas.

« La partie aiguë dans un hôpital peut durer trois mois, mais la récupération, la progression et l’amélioration continuent par la suite à domicile. Au début, c’est de la réhabilitation très intensive, après on continue avec de la réhabilitation et on continue à progresser pendant un an et même deux ans », a exposé Dre Teitelbaum.

Rassurant de le savoir aussi attachant

En plus de sa progression quotidienne rassurante, l’entraîneur qui a mené le Canadien à la coupe Stanley en 1993 démontre encore beaucoup de charisme.

« Il est absolument conscient. (Quand une personne entre dans sa chambre) Il va faire un très beau sourire. D’ailleurs, il a un très beau sourire. Il va dire bonjour, il va tendre la main, il va prendre votre main, il va la tapoter. C’est un homme charmant, il peut dire quelques mots maintenant et il s’améliore tous les jours pour la parole », a décrit Dre Teitelbaum.

« Il interagit clairement, il se souvient des personnes qu’il a rencontrées plus tôt dans la semaine. Il est charmant », a aussi confirmé Dre Genge au sujet du commentateur sportif.

À la lumière des progrès démontrés par M. Demers, qui a dirigé les Nordiques, les Blues, les Red Wings, le CH et le Lightning, ses médecins entrevoient la suite avec d’un bon œil.

« Il se soumettra à une thérapie du langage, il commencera à récupérer ses mots. Le physiothérapeute travaillera activement pour que son côté droit revienne fort. On s’attend à ce que la jambe reprenne sa force avant le bras, en raison de la localisation de l’ACV. Il est très motivé et on s’attend à un cheminement positif », a jugé Dre Genge.

Un fléau à plusieurs causes

Les AVC représentent la troisième cause de mortalité au Canada (14 000 décès par année) et 50 000 AVC se produisent annuellement au pays. Le risque de récurrence se situe à 20% après un premier incident. L’identification de la cause demeure donc cruciale et les traitements peuvent être très efficaces même pour des personnes de 50 ans ou plus.

« D’habitude, c’est de l’hypertension, la cigarette, le cholestérol ou des problèmes qui provoquent des plaques sur les vaisseaux. Dans d’autres cas, ça peut aussi venir de problèmes d’arythmie au cœur », a soulevé Dre Teitelbaum en ciblant l’importance d’un mode de vie sain pour limiter les risques.

Heureusement, des progrès significatifs ont été réalisés pour les interventions à la suite d’un AVC.

« On peut maintenant traiter les AVC de manière assez agressive quand le patient arrive à l’hôpital avant un délai de quatre heures. On peut y aller d’interventions importantes qui vont renverser les effets d’un AVC. Dre Teitelbaum a participé à des études révolutionnaires et on a pu implanter un système à travers la province. Maintenant, si vous avez proches qui démontrent des symptômes, on veut les recevoir rapidement », a insisté Dre Genge.

L’occasion était donc propice de rappeler les symptômes permettant de déceler un possible AVC.

« M. Demers a démontré des symptômes classiques. Ce qui est le plus commun, c’est une faiblesse d’un côté du corps de façon soudaine et ça peut survenir au réveil ou durant la journée. Aussi, si tu cesses de pouvoir bien parler durant une conversation ou que tu ne peux pas trouver les mots, la première chose à laquelle il faut penser, c’est un AVC », a conclu Dre Genge.